Le Conseil des ministres du 1er septembre dernier a adopté le plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie de choléra pour l’année 2016. D’un montant total estimé à plus de 2,246 milliards de FCFA, ce plan comporte trois phases. Une phase de préparation, une phase de riposte et une phase post-épidémique. Concernant la phase de la préparation, elle vise à sensibiliser les populations par le biais des médias. Le choléra étant dû au manque d’hygiène, cette campagne de sensibilisation visera à renforcer la communication autour des mesures d’hygiène à adopter.
Cette phase est très importante, car elle permet d’éviter la maladie. Ce volet coûtera environ 1,61 milliard de FCFA.
La deuxième phase concerne le volet riposte. Dès qu’un cas de choléra serait détecté, des mesures seront prises pour les soins du malade et son isolement pour éviter des contagions.Un budget de plus 580 millions de FCFA a été dégagé à cet effet. Le troisième volet concerne la phase post-épidémique. Des rapports généraux de fin de crise seront élaborés pour retracer les forces et les faiblesses de la lutte et faire des recommandations. Ces rapports seront portés à la connaissance des populations afin de tirer ensemble des conclusions pour de meilleures ripostes à l’avenir.
Son budget est de 49,12 millions de FCFA. Issaka Yaméogo, médecin épidémiologiste, rassure: « Il n’y a pas de cas de choléra au Burkina Faso. Ce plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie de choléra est fait chaque année afin d’anticiper et d’éviter la maladie grâce à des campagnes de sensibilisation. Mais au cas où la maladie s’installe, ce plan prévoit aussi la prise en charge rapide et efficace des malades afin d’éviter la propagation de celle-ci ». Chaque année, le Burkina Faso, à travers le département du ministère de la Santé, élabore un plan de préparation et de riposte à une éventuelle épidémie de choléra. Plusieurs raisons favorisent la mise en place de ce plan. Le Burkina est un pays carrefour de la sous-région, avec un trafic routier intense. De façon générale, l’utilisation des latrines et les conditions d’hygiène ne sont pas toujours favorables. Il est également observé une insuffisance dans le lavage des mains avant les repas et après les selles. Le flux massif de refugiés, en début 2012, venus du Mali, contribue également à renforcer les risques de la maladie. Au niveau de ces camps, les conditions d’hygiène sont favorables à l’éclosion de l’épidémie. Ces dernières années, il y a eu également de nombreux déplacés venus de la Côte d’Ivoire. La multiplicité des sites aurifères où l’hygiène laisse à désirer est susceptible de favoriser la maladie.
Un cas avéré de choléra constitue une épidémie, contrairement aux autres maladies pour lesquelles il faut attendre plusieurs cas avant de déclarer une épidémie. La dernière épidémie de choléra au Burkina Faso remonte à 2012 dans la région du Sahel. Le plan de préparation, depuis ces années, n’atteint donc pas le stade de la riposte. Toutefois, la vigilance doit être renforcée à tous les niveaux et chacun, de façon individuelle, doit prendre en compte les différentes mesures d’hygiène afin de se protéger et de protéger les autres, car le choléra est une maladie dangereuse, comme l’explique Docteur Iassaka Yaméogo: « Nous devons mettre l’accent sur la prévention de la maladie, car elle est très dangereuse et mortelle. A notre niveau, nous faisons tout pour que le plan mis en place n’atteigne pas le stade de la riposte. Toutefois, si un cas venait à étre avéré, nous essayerons de maitriser rapidement la maladie ».
Germaine Birba
Le choléra dans le monde
Le choléra est une maladie diarrhéique épidémique due à des bactéries appartenant aux sérogroupes O1 et O139 de l’espèce Vibrio cholerae. La bactérie Vibrio cholerae sérogroupe O1, biotype El Tor, est répandue sur toute la planète qui subit actuellement la septième pandémie de choléra. En 2009, 221.226 cas, dont 4.946 mortels, ont été déclarés à l’Organisation mondiale de la santé par 45 pays, appartenant à tous les continents, à l’exception de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.
L’Afrique est le continent le plus touché : les cas signalés représentent chaque année entre 95 et 99% du total mondial.
Les mesures d’hygiène générales comme le lavage systématique des mains, le traitement des eaux usées, la construction de latrines dans les zones de regroupements humains isolés des points d’eau potable, l’hygiène alimentaire sont des moyens de prévention contre la maladie.