Le train reliant la Côte d’Ivoire au Burkina Faso ne circule plus depuis le 6 septembre dernier à cause de l’effondrement d’un pont dans la ville de Dimbokro, au Centre de la Côte d’Ivoire. Depuis, les commerçants du Burkina qui transportaient les marchandises via ce canal ont dû s’adapter.
Cet incident porte un coup, certes, à l’économie du pays, mais pour avoir vécu un cas similaire il y a de cela quelques semaines lors d’un accident à Banfora, les commerçants du Burkina ont dû trouver un plan B pour l’acheminement de leurs marchandises. En effet, regroupés par petits groupes ou seul, ils font voyager leurs marchandises via les cars de transport.
Ce qui n’est pas sans conséquence sur les coûts et le volume des marchandises acheminées vers le Burkina. L’espace de stockage des marchandises est peu volumineux dans les cars contrairement au train. De plus, pour un colis qui coûtait 500 FCFA dans le train, son coût dans le car est de 750 FCFA. Les commerçants ne peuvent donc plus envoyer leurs marchandises en grand nombre. Ils se contentent de faire plusieurs colis en plusieurs voyages. Les petits commerçants sont obligés de s’associer afin de faire des colis uniques pour éviter les coûts excessifs, selon Sarah Nikiéma, une commerçante. «L’incident du train nous a affectés, mais nous arrivons à gérer la crise cette fois-ci. Avec l’accident d’il y a quelques semaines, nous avions mis en place des réseaux pour faire venir nos marchandises par le car. Les coûts sont un peu plus élevés, mais étant donné que nous sommes plusieurs personnes réunies pour faire ces colis, les coûts sont supportables. Néanmoins, le train reste l’idéal, car l’espace dans les cars est insuffisant pour le transport de toutes les marchandises», dit-elle.
Pour le moment, il n’y a pas d’augmentation des prix des marchandises venues de la Côte d’Ivoire comme la banane et l’attiéké. Les commerçants installés aux alentours de la gare ferroviaire continuent tranquillement leurs activités comme si le train fonctionnait toujours. Toutefois, les craintes sont plutôt focalisées sur la durée des travaux. «Pour le moment, nous arrivons à faire venir nos colis par le car, même si c’est un peu plus cher. Mais à la longue, cela finira par se ressentir sur les prix des marchandises. Nous espérons que les travaux ne prendront pas trop de temps, surtout que les fêtes de fin d’année approchent à grand pas», expliquait Amidou Coulibaly, un commerçant.
Les plus à plaindre sont les «commerçants du train» comme on les appelle. Leur commerce se déroule le long du trajet, en train, où ils achètent et revendent en même temps. Avec les situation actuelle, ces commerçants sont obligés de changer de méthodes en attendant que les choses reprennent leur cours normal. Certains voyageurs sont également pénalisés, car habitués au confort du train. Ces voyageurs sont donc obligés de prendre le car ou d’attendre tout simplement, comme Jeanne Bancé qui déplore sa situation: «Je suis habituée à voyager en train. C’est moins fatigant que le car. De plus, j’ai trop peur de la route avec tous ces accidents de cars que nous voyons. Je préfère atteindre que le train reprenne ses activités pour reprendre la route. Je suis sûre que plusieurs personnes sont dans mon cas, surtout les femmes qui voyagent avec les enfants. En car, c’est vraiment pas évident». L’attente de la reprise du train est donc à tous les niveaux. Autant chez les commerçants que chez les voyageurs. Les yeux sont rivés sur le pont de Dimbokro qu’ils espèrent voir réparer rapidement (Voir article ci-contre).
Germaine Birba
Coup dur pour la rentrée scolaire
La période des vacances est le moment idéal pour la Sitarail qui fait de nombreux bénéfices dus aux vacanciers qui voyagent en train. La rentrée scolaire étant proche, ces élèves et étudiants partis en vacance devront cette année rentrer par d’autres moyens de transport. C’est donc une grosse perte pour la société, mais une aubaine pour les autres compagnies de transport. Une réhabilitation du chemin de fer était prévue déjà par la Sitarail. La réhabilitation du chemin de fer permettra de renforcer les liens existant entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso à travers ce chemin de fer. En effet, depuis le 24 juillet 1992, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso décidaient d’œuvrer ensemble, avec l’appui des bailleurs de fonds, pour la mise en concession de la ligne ferroviaire de 1.260 km qu’ils ont en commun, afin d’assurer sa survie. Ce projet vise à accélérer les échanges commerciaux entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. La valeur de ces échanges est passée de 165 milliards en 2011 à environ 290 milliards en 2014. Les volumes de ces échanges sont passés de 402 mille tonnes en 2011 à 658 mille tonnes en 2014. Le Burkina Faso est ainsi le 6e pays-client mondial de la Côte d’Ivoire.