Economie

Partenariats d’affaires  : L’Asie en pleine offensive en Afrique

 

Du 27 au 28 août dernier, 32 chefs d’Etats africains, dont le Burkinabè Roch Kaboré, ont pris part, à Nairobi au Kenya, à la 6e édition de la Conférence de Tokyo pour le développement en Afrique (Ticad VI). Premier du genre sur le continent africain. Face au Premier ministre nippon, Shinzo Abe, il a été essentiellement question de développement et d’opportunités d’investissements en Afrique et au Japon.
Ce sommet économique Afrique –Japon a eu lieu moins de deux mois après la tournée effectuée par le Premier ministre indien dans quatre pays africains à partir du 7 juillet dernier. Le chef du gouvernement indien s’était déplacé sur le contient à la suite de son président qui, un mois plutôt, avait visité le Ghana, la Côte d’Ivoire et la Namibie, sur un ton économique.
En octobre 2015, s’était tenu à New Delhi, la capitale de l’Inde, le 3e sommet Inde-Afrique. Un rendez-vous qui avait réuni une quarantaine de pays africains représentés par leur chef de l’Etat ou de gouvernement.
Dans le modèle des rencontres Afrique-Japon et Inde-Afrique, il faut ajouter le sommet Chine-Afrique, dont la dernière édition a eu lieu début décembre 2015 à Johannesburg en Afrique du Sud. C’est la première fois que cette rencontre se tenait sur le continent africain également .
Dans l’ordre, la Chine, le Japon et l’Inde sont les premières économies de l’Asie en ce moment. Suivant les chiffres des institutions spécialisées, au niveau mondial, la Chine devrait s’afficher comme la 2e économie, le Japon 3e et l’Inde la 7e. La particularité de l’Inde est qu’elle enregistre l’un des meilleurs taux de croissance dans le monde ces dernières années. Sa croissance était à 7,6% dernièrement et pourrait atteindre 9% au terme de 2016.
Sur les raisons de cet intérêt pour l’Afrique, ces pays asiatiques essaient d’avoir «leur part d’Afrique» et contester ainsi l’avance prise par les Occidentaux. Les asiatiques sont à la fois intéressés par les matières premières du sous-sol et de l’agriculture africaines, mais, ils recherchent aussi des marchés pour leurs productions industrielles. L’installation des filiales des industries asiatiques devrait faciliter cette ambition.
En retour et dans l’objectif de contenter les pays africains, les Asiatiques sont prêts à actionner le portefeuille. Plusieurs promesses de milliards sont faites pour financer des projets de développement et d’infrastructures qui intéressent l’Afrique.
Lors du sommet sino-africain de Johannesburg, le président Xi Jinping a annoncé 60 milliards de dollars d’aide financière sur les trois ans. Un montant qui inclut 5 milliards de prêts à taux zéro et 35 milliards de prêts à taux préférentiels. Cette aide est destinée à financer dix programmes de coopération dans les domaines de l’agriculture, l’industrialisation, la réduction de la pauvreté, la santé, la culture, de la sécurité, la protection de la nature ou encore le développement vert.
Quant au Japon, ce sont 30 milliards de dollars d’investissements que le Premier ministre Shinzo Abe a promis lors de la récente Ticad VI. Des investissements sur les trois prochaines années, dont 10 milliards dans le développement des infrastructures. Par ailleurs, le secteur privé japonais devrait également participer activement à cette dynamique en investissant sur le continent dans le cadre des partenariats privés.
De son côté, l’Inde ne veut pas se laisser distancer par ses concurrents. Elle cherche à donner une nouvelle impulsion à ses relations avec l’Afrique qui datent de la période « la route de la soie ». Plusieurs entreprises indiennes, à l’image du constructeur auto TATA ou du réseau téléphonique Barthi Airtel, existent déjà sur le continent.
Il s’agit de resserrer les liens avec l’Afrique en s’appuyant sur ce solide réseau d’investisseurs privés. C’est donc la conquête de l’Afrique qui est en jeu. Il s’agit de présenter les meilleures atouts pour séduire dame Afrique qui attire par ses richesses naturelles et ses opportunités de croissance (consommation).
Les Africains sauront-ils avoir la lucidité de ne pas céder aux promesses illusionnistes ? C’est toute la question. Il faudra absolument être prêt pour ne pas s’offrir à vil prix, brader les matières premières et gaspiller les chances de construire un développement solide et inclusif.

Karim GADIAGA


La mode des sommets bilatéraux

A l’image des Européens, notamment la France qui a son sommet «France-Afrique», les Asiatiques veulent être plus proches de l’Afrique et pouvoir profiter des opportunités d’investissements sur le continent. Aujourd’hui, les grands de l’Asie sont à la fois engagés dans une course contre l’Europe, mais aussi entre eux, en direction de l’Afrique. L’institutionnalisation des fora bipartites avec l’Afrique répond à cette logique et à cette stratégie. En réalité, il s’agit maintenant de dynamiser ces cadres privilégiés de coopération qui existaient déjà.
En Asie, c’est le Japon qui a été le premier à initier ce modèle de rencontre en 1993. Le sommet Chine-Afrique a été lancé en 2000. Quant au sommet indo-africain, il a eu lieu pour la première fois en 2008 à New Delhi.o

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