Après dix ans de plaidoyer, le monde rural aura enfin sa banque agricole. Les sillons semblent être bien tracés pour que dans un proche avenir cette banque tant attendue voit le jour. La réunion de concertation autour de ce projet que le chef du gouvernement burkinabè a eu avec les acteurs du monde rural le 21 juillet dernier à Ouagadougou a permis des échanges qui préparent à mieux accueillir et gérer cette banque.
La future banque agricole devra servir d’instrument de financement de l’investissement et de l’innovation du secteur agricole. De façon générale, elle aura pour mission de mobiliser l’épargne populaire en milieu rural, financer les activités de collecte et de commercialisation des produits agricoles, financer les intrants, favoriser les prêts à long terme en faveur des entreprises agro-alimentaires, favoriser les prêts bonifiés pour l’installation des jeunes agriculteurs, éleveurs et artisans, etc. La réunion du 21 juillet dernier a permis au monde rural et au Premier ministre d’échanger autour de questions telles que le modèle financier, la structure du capital, le processus d’élaboration du business plan et les organes de direction. La réunion a également permis de donner certaines conditions de l’opérationnalité de la banque agricole en gestation: avoir un capital minimum de 10 milliards de FCFA, démontrer à travers un business plan de la viabilité et de la pérennité de l’institution, avoir des dirigeants compétents et expérimentés dans la gestion bancaire.
En rappel, le paysage bancaire du Burkina est constitué actuellement par 13 banques. Et le Premier ministre fait un constat: «Un regard rétrospectif de l’évolution au cours de ces 10 dernières années permet de relever deux faits majeurs: les prises de contrôle en 2008 de la doyenne des banques, à savoir la BIB, par le groupe nigérian UBA et de la BACB par le groupe panafricain ECOBANK». Constat: le Burkina se retrouve sans aucune banque dédiée spécifiquement au financement de l’agriculture.
Au regard de ces constats, la mise en place prochaine de la banque agricole trouve toute sa raison. Selon le Premier ministre Paul Kaba Thièba, cette banque pourra contribuer à relever les nombreux défis pour corriger les faiblesses structurelles de ce secteur stratégique. Ces défis concernent, entre autres, l’amélioration de la maîtrise de l’eau à des fins agricoles ou d’élevage; l’amélioration de la productivité agricole; le développement de l’entrepreneuriat agricole de l’économie verte; l’amélioration de la résilience de l’agriculture et de l’élevage aux risques agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques et aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux conflits.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le monde rural aux anges
Bassiaka Dao, le président de la Confédération paysanne du Faso (CPF), a tenu à exprimer la satisfaction du monde rural aux autorités du Burkina: «Les mots nous manquent pour traduire ce que nous ressentons au fond de nous-mêmes. L’agriculture est le porteur du développement au Burkina Faso. Nous voulons que cette agriculture soit moderne et insérée dans l’économie de marché. Le plaidoyer de la CPF dure depuis 2004 avec son premier président de la CPF, François Traoré. Plus de dix après, voilà le succès. C’est une grosse satisfaction».