Porté à la tête de la mairie de Koudougou au lendemain des élections municipales du 22 mai 2016, l’ancien président du Conseil régional du Centre-Ouest, Maurice Mocktar Zongo, a ses priorités en matière de développement pour la commune. Dans l’entretien qui suit, il affiche ses ambitions tout en restant lucide sur les réalités qui se dressent sur le chemin du Conseil municipal qu’il dirige.
– L’Economiste du Faso : A quelles tâches urgentes le maire que vous êtes va-t-il s’attaquer ?
Maurice Mocktar Zongo (maire de Koudougou): Dans les villes moyennes comme Koudougou, tous les domaines sont prioritaires, mais avec la modicité des ressources, il va falloir opérer des choix. Il est d’abord important de travailler à redonner à la ville son image de marque d’une ville paisible résolument tournée vers les actions de développement. Je pense à ce propos que la mise en place des instances dirigeantes de la commune, qui s’est déroulée dans un esprit de consensus et dans un climat apaisé, est un signal fort. Pour y parvenir, il est important de créer les conditions pour instaurer la confiance à travers le dialogue inclusif, le respect mutuel, et avec un esprit de redevabilité.
Les autres priorités en matière de développement concernent les domaines de l’assainissement et de la propreté de la ville, le domaine social à travers l’éducation et la santé et la question de la relance de l’économie locale. Je n’oublie pas le renforcement de nos rapports avec les partenaires existants et la recherche de nouvelles sources de financement pour la mise en œuvre des actions de développement inscrites dans le Plan communal de développement (PCD).
– Comptez-vous remettre au goût du jour les propositions de hausse de certaines taxes ?
Le développement de notre chère collectivité est tributaire des ressources financières qu’elle engrange. Plus les ressources financières sont insuffisantes, moins la commune de Koudougou pourra garder son statut de troisième ville du pays. Aussi, ensemble, main dans la main, devrons-nous tous accepter de consentir des efforts pour permettre à la ville de mettre en œuvre ses ambitions de développement contenues dans son PCD.
En clair, nous travaillerons de concert avec la population, notamment les acteurs socioéconomiques, et de façon consensuelle, à optimiser les ressources propres de la commune.
– Vers quels partenaires allez-vous vous retourner pour la réalisation des projets: les ressortissants, les emprunts, les projets?
Les partenaires traditionnels jouent un rôle indispensable dans la mise en œuvre du PCD. Il s’agit de l’Etat à travers les dotations de fonctionnement et d’investissement, la coopération suisse, le Fonds permanent pour le développement des collectivités territoriales (FPDCT), la coopération décentralisée à travers le jumelage avec des villes européennes comme Dreux (France), Melsungen (Allemagne), Evashan (Pays Bas), Todi (Italie). Au niveau des collectivités territoriales, pour le moment la piste des emprunts n’est malheureusement pas accessible à toutes. La capitale Ouagadougou, avec l’aide de l’Etat, en est la seule bénéficiaire, si je ne me trompe. Les ressortissants, en particulier les opérateurs économiques, peuvent également jouer un grand rôle. C’est pourquoi je les prie d’investir davantage à Koudougou.
– Quelle place pour les projets en souffrance comme Faso Fani ?
Ce type de projets dépasse les compétences de la seule commune. Nos espoirs sont tournés vers les plus hautes autorités de notre pays pour que des investissements de grande envergure comme l’installation d’une usine de filature et d’impression de pagnes, comme Faso Fani dans le temps, puissent voir le jour à Koudougou.
– Une solution en vue par rapport aux problèmes de parcelles qui sont pendants ?
La question des parcelles est très sensible et doit être traitée dans la plus grande prudence et avec professionnalisme. Dans tous les cas, les différentes mesures à envisager doivent renforcer la cohésion sociale et non la détériorer. En tout état de cause, l’affaire est portée par les juridictions compétentes, comme vous le dites, et nous devons en tenir compte.
– Comment comptez-vous fédérer toutes les forces pour que tous participent au développement de la commune ?
Je pense que l’une des clés du succès de notre mandat repose dans notre capacité à fédérer les filles et fils de Koudougou autour de l’essentiel, c’est-à-dire le développement. Nous n’allons ménager aucun effort au sein du conseil et de son exécutif à nous mettre à l’écoute et à la disposition de nos concitoyens.
Il faut réfléchir ensemble sur un cadre fédérateur formel pour permettre à tous, sans discrimination, de participer et de se sentir concernés par le développement de la ville. Cette question ne doit pas reposer sur les seules épaules des élus locaux que nous sommes.
– Comment percevez-vous la présence des Koglweogo sur le territoire communal ?
Notre position sur la question des groupes d’autodéfense ne diffère pas de celle du gouvernement. Toute organisation de citoyens doit se conformer à la légalité, pour permettre à l’Etat et à ses démembrements de les accompagner utilement pour l’atteinte de leurs objectifs.
Propos recueillis par Alexandre Le Grand ROUAMBA
Remarquable bond du budget communal
Le budget de la commune de Koudougou a connu un bond remarquable ces 5 dernières années. Que fera le nouveau maire pour maintenir le cap? Selon le premier responsable de la commune, les prévisions budgétaires au titre de 2016 s’équilibrent en recettes et en dépenses à 2.091.492.153 FCFA. «S’il est vrai que les prévisions budgétaires sont passées de 1.266.815.788 en 2011 à 2.045.270.294 en 2015, il y a que les réalisations effectives restent moyennes», reconnait Maurice Mocktar Zongo. Elles sont respectivement de 810.347.971 F CFA, soit 63% de taux de réalisation en 2008 et 1.470.802.531 FCFA, soit un taux de réalisation de 71% en 2015.
Au regard de cela, le maire de Koudougou s’engage, avec son conseil municipal, à poursuivre les actions en vue «d’optimiser les recouvrements» en mettant l’accent sur la sensibilisation des contribuables, le dialogue permanent avec eux et la culture de la transparence et de la redevabilité. Un accent sera également mis sur la motivation des acteurs de la chaine de recouvrement budgétaire. Enfin, «il est important d’instituer un mécanisme de contrôle interne pour renforcer l’efficacité des recouvrements», conclut Maurice Moctar Zongo.