2015 a été une année difficile sur le plan de la mobilisation des recettes au profit du budget national. En effet, 1.277,7 milliards de FCFA de recettes totales, y compris les dons, ont été mobilisés en fin décembre 2015 contre 1.321,2 milliards de FCFA à la même période en 2014, soit une baisse de 43,5 milliards de FCFA.
Qu’est-ce qui justifie cette importante baisse ?
Cette contreperformance, selon le rapport sur la situation économique et financière au titre de l’année 2015 (avril 2016), résulte principalement de la contraction des recettes propres de 17,1 milliards de FCFA, soit 1,6%, et des dons de 26,4 milliards de FCFA.
Il informe que la baisse des recettes propres est attribuable d’une part à la baisse des recettes fiscales de 11,7 milliards de FCFA (1,2%) du fait du repli de 30,7 milliards de FCFA de l’Impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux (BIC) pour s’établir à 132 milliards de FCFA en 2015 contre 162,7 milliards de FCFA en 2014 et d’autre part par la baisse des recettes non-fiscales de 5,4 milliards de FCFA (4,3%) essentiellement due au repli des produits financiers de 10 milliards de FCFA.
Quant aux dons, 230 milliards de FCFA ont été mobilisés en 2015, montant en une baisse de 26,4 milliards de FCFA par rapport à 2014.
Les raisons principales de cette situation au niveau des dons sont recherchées dans le repli des dons-projets de 52,3 milliards de FCFA, consécutif à la fin des décaissements du Millenium challenge account arrivé à son terme en juillet 2014.
La situation des dépenses en fin 2015 se présente comme suit: un total de 1.411,6 milliards de FCFA a été dépensé en fin décembre 2015 contre 1.434,6 milliards de FCFA en fin décembre 2014, correspondant à un fléchissement de 1,6%.
Examinant ces dépenses en détails, on retient que les dépenses courantes, en hausse de 36,6 milliards de FCFA par rapport à 2014, ont été exécutées à hauteur de 923,2 milliards de FCFA. Cette augmentation est principalement imputable à l’accroissement de 7,1% des dépenses de personnel équivalent à 31,2 milliards de FCFA.
En effet, de 437,3 milliards de FCFA en 2014, elles ont atteint 468,5 milliards de FCFA en fin 2015 à cause de la prise en compte des effectifs additionnels, des avancements statutaires et de la poursuite de l’application de la nouvelle grille indemnitaire.
Les dépenses de fonctionnement, 109,4 milliards de FCFA contre 102,4 milliards de FCFA en 2014, correspondant à une hausse de 7,1 milliards de FCFA. Les intérêts de la dette publique ont stagné à 44,1 milliards de FCFA contre 44,0 milliards de FCFA en 2014. Les dépenses de transferts courants ont aussi stagné entre les 02 années, parce que exécutées à 303 milliards de FCFA en 2014 et 301,5 milliards de FCFA en 2015.
Enfin, les dépenses en capital ont enregistré une contraction de 53,2 milliards de FCFA (-9,6%) par rapport en fin décembre 2014 en se situant à 501 milliards de FCFA en fin décembre 2015. Cela s’expliquerait par la diminution aussi bien des dépenses d’investissement réalisées sur ressources propres (-26,8 milliards de FCFA) que celles exécutées sur ressources extérieures (-64,1 milliards de FCFA).
Elie KABORE
2015, un contexte difficile
Le rapport sur la situation économique et financière au titre de l’année 2015 (avril 2016) informe que l’activité économique en 2015 s’est déroulée dans un contexte de transition politique, marqué par une succession de chocs internes et externes. Il s’agit notamment de la baisse du cours des matières premières (l’or et le coton), les effets de l’épizootie de la grippe aviaire, des difficultés dans le secteur minier avec entre autres l’arrêt de la production de manganèse, le coup d’Etat du 16 septembre 2015, la montée de l’insécurité et de la menace djihadiste.
Cependant, l’économie nationale a fait preuve de résilience face à ces différents chocs. Pour preuve, le taux de croissance du PIB de 4% en 2015 est resté le même qu’en 2014. Mais l’encours de la dette publique est en progression de 9,8% par rapport à 2014.
Les transactions économiques avec le reste du monde ont été marquées en 2015 par une faible croissance des importations, en liaison avec la timide progression de l’activité économique intérieure, dans un contexte de baisse des cours mondiaux du pétrole brut. Parallèlement, les exportations se sont accentuées sous l’impulsion des expéditions d’or non monétaire et de coton fibre. Au total, on note une amélioration de la balance courante qui passerait de -8% du PIB en 2014 à -6,6% en 2015.
Enfin, la situation monétaire entre 2014 et 2015 a été caractérisée par une hausse des avoirs extérieurs nets de 274,8 milliards de FCFA et du crédit intérieur de 163,5 milliards de FCFA, conduisant à un accroissement subséquent de la masse monétaire de 421,4 milliards de FCFA.
Baisse des cours du coton, de l’or et du pétrole
Le cours du coton a été influencé par une demande mondiale faible, notamment celle de la Chine. En moyenne, le cours mondial du coton s’est situé à 1.533,2 dollars la tonne au quatrième trimestre 2015 contre 1.563,9 dollars/tonne un trimestre plus tôt. Comparativement à 2014, le cours du coton a reculé de 15,3% en 2015.
En moyenne, le gramme d’or s’est échangé à 39 dollars au dernier trimestre 2015 contre 39,6 dollars au troisième trimestre. En glissement annuel, le cours de l’or a reculé de 7,9% au quatrième trimestre 2015. Le cours du baril de pétrole Brent s’est replié de 14% au dernier trimestre 2015 à 43 dollars contre 50 dollars un trimestre plus tôt.