Pour la deuxième fois en moins d’un mois, le président du Faso et l’opposition politique se concertent. Si le 24 juin 2015, c’est le Chef de file de l’opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré, qui était demandeur, le 7 juillet dernier, confie-t-il à sa sortie d’audience, c’est le chef de l’Etat qui a convié le CFOP à des échanges sur la situation nationale.
Du point fait par le CFOP, on retiendra les questions qui ont trait à l’éducation, à l’emploi et à l’accès aux services sociaux de base, mais aussi au pouvoir d’achat. Zéphirin Diabré s’est voulu direct en parlant tout de suite de «misère sociale» que tout Burkinabè peut constater. Pour lui, les Burkinabè de toutes les catégories «font face à de nombreux problèmes sociaux». C’est pourquoi, ajoute-t-il, l’opposition a souhaité au cours de la rencontre avec le président du Faso que le gouvernement prenne en compte ces questions urgentes.
Les questions économiques n’ont pas été occultées au cours de cette rencontre, a confié le chef de file de l’opposition. Il s’est agi entre autres de la dette intérieure de l’Etat et des promesses électorales du président Roch Kaboré que l’opposition souhaite voir se matérialiser.
De l’avis du CFOP, de nombreux secteurs d’activités sont en panne. Zéphirin Diabré précise: «De nombreux secteurs d’activités de notre pays sont en panne; qu’il s’agisse du secteur agricole ou industriel».
Et de souhaiter voir une action vigoureuse de relance dans ce sens. Pour ce qui concerne le nouveau référentiel de développement (le PNDES) qui est en cours d’élaboration, le porte-parole de l’opposition politique, Zéphirin Diabré, s’est dit «attentif à ce qu’il va apporter de plus et de mieux par rapport à la SCADD».
Le CFOP se dit disposé à apporter sa contribution «intellectuelle» s’il est sollicité.
S’il y a un sujet qui a également retenu l’attention du CFOP lors de cette rencontre, c’est le bien le problème sécuritaire et le cas des Koglwéogo qui occupent l’actualité. A ce sujet, Zéphirin exprime un souhait: «On souhaite voir rapidement une évolution tendant à montrer que nos forces de défense et de sécurité dûment équipées et entraînées font des progrès rapides en la matière».
Abordant le cas des Koglweogo, le CFOP pense que «c’est à l’Etat, dans sa grande souveraineté, de faire en sorte que l’ensemble des facteurs qui ont donné lieu à la naissance de ce phénomène soit éradiqué et de restaurer l’autorité de l’Etat».
De la question des violences électorales
Si la quasi-totalité des conseils municipaux est en place après les élections municipales du 22 mai dernier, il y a que des violences ont émaillé ces consultations lorsqu’il s’est agi d’élire les maires.
Cette situation a été également évoquée au cours de l’entretien avec le chef de l’Etat. A ce sujet, l’avis de Zéphirin Diabré et de son groupe est sans ambiguïté: «Ce n’est pas une très bonne image de démocratie que nous avons offerte. Nous, en tant qu’opposants, non seulement nous déplorons, mais nous avons tenu à informer le chef de l’Etat et son gouvernement pour qu’ils prennent des mesures qu’il faut pour que tous les auteurs de ce genre d’actes soient identifiés, poursuivis, arrêtés et châtiés conformément à la loi». Aussi l’opposition veut-elle que des dispositions soient prises au niveau du Code électoral «pour que les éléments de configuration politique qui ont pu amener ces questions soient revus fermement afin que la quiétude s’installe dans le pays». Quid de la Commission constitutionnelle ? Cette actualité qui avait valu une sortie du CFOP demeure un centre d’intérêt pour l’opposition. Pour elle, les préoccupations émises à ce sujet demeurent malgré les « assurances du chef de l’Etat».
Le président par intérim du CDP (ex-parti au pouvoir), Achille Tapsoba, n’était pas de la délégation, mais son interdiction de voyager (avec son trésorier) a été débattue. Selon Zéphirin Diabré, Roch Marc Christian Kaboré a présenté ses excuses: «La réponse du chef de l’Etat nous a donné satisfaction, puisse qu’il y a eu réponse. Le chef de l’Etat a présenté ses excuses pour ce qu’il appelle des malentendus et des erreurs, et a pris l’engagement devant nous que ces genres d’entraves ne se reproduiront plus jamais.
Ce qui, bien entendu, nous ravit au plus haut point». Et d’ajouter: «Il n’est pas normal dans un Etat de droit, un Etat qui n’est pas voyou, un Etat républicain, que des décisions de cette nature soient prises sans fondement juridique».
Selon le CFOP, l’opposition et le chef de l’Etat se rencontreront désormais deux fois par an, hormis les cas d’urgence et les contacts permanents. C’est une nouvelle vision du chef de l’Etat qui réjouit l’opposition politique.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Le Balai citoyen aussi
Pour cette audience entre le président du Faso et le CFOP, une vingtaine d’opposants était de la délégation.
On pouvait reconnaître entre autres Zéphirin Diabré de l’UPC, Rasmané Ouédraogo de la NAFA, Me Gilbert Noël Ouédraogo de l’ADF-RDA, Victorien Tougouma du MAP.
L’entretien aura duré plus de deux heures. Après le CFOP, c’est le Balai citoyen qui faisait son entrée à Kosyam pour être reçu. On pouvait apercevoir dans cette délégation Smockey et Me Guy Hervé Kam venus présenter le prix Amnesty obtenu par leur association.
Regrets ou excuses du président
A la suite de sa rencontre avec la délégation du chef de file de l’opposition politique au sujet des travaux de la commission constitutionnelle, Roch Kaboré est revenu sur plusieurs questions d’intérêt national.
Celle relative à des «entraves dont ont été victimes certains leaders politiques de l’opposition voulant se rendre à l’étranger» a aussi été abordée.
Et le président, selon le communiqué du SIG, «tout en regrettant ces actes qu’il a qualifiés de malentendus et d’erreurs, a promis de tout mettre en œuvre pour que ce genre d’entraves ne se reproduise plus».