Les 23 et 24 juin 2016, les sociétés d’Etat, c’est-à-dire les entreprises dont les capitaux appartiennent exclusivement à l’Etat, étaient réunies dans le cadre de leur traditionnelle Assemblée générale (AG-SE). C’est la 24e édition de ce rendez-vous portant sur le bilan de la gestion au cours de l’année précédente. 21 sociétés d’Etat en situation réelle de fonctionnement ont été appelées pour présenter leurs états financiers, les activités menées sur la période 2015 et leurs projets à venir.
En termes de Chiffre d’affaires (CA), les 21 SE de la 24e AG-SE présentent un bilan général en baisse par rapport aux résultats de 2014.
Leur CA général se fixe à 971, 246 milliards F CFA en 2015 contre 980, 567 milliards en 2014. Le recul est de 0, 95 % entre 2014 et 2015, soit 9,321 milliards en valeur absolue.
Malgré ce CA général en régression, le résultat net, c’est-à-dire le CA moins les charges (dépenses, dettes et impôts), de l’ensemble des SE a néanmoins augmenté de 32,7 % entre 2014 et 2015. Le résultat net général est de 82, 452 milliards F CFA en 2015 contre 62, 092 milliards en 2014.
Même tendance haussière au niveau de leur contribution au Produit intérieur brut (PIB) du Burkina. La Valeur ajoutée (VA) des SE en 2015 se chiffre à 152, 709 milliards F CFA contre 116, 679 milliards en 2014. L’augmentation est de 36,03 milliards, soit 30,88% d’accroissement de la VA. De façon générale, il ressort donc qu’au cours de la transition en 2015, les SE ont dégagé plus de ressources pour l’Etat et ont mieux contribué au développement du Burkina. Cependant, ce résultat général intéressant recouvre des réalités très différentes chez les 21 SE.
L’embellie de 2015 est seulement le fait de 13 SE sur les 21. Ces 13 SE ont enregistré des résultats nets bénéficiaires s’élevant au total à 101, 691 milliards F CFA. Les plus grands bénéfices ont été réalisés par la SONABHY et la CNSS. Des bénéfices respectifs de 55,271 et de 43,569 milliards F CFA.
Les autres sociétés bénéficiaires sont la CARFO (23, 012 milliards), la LONAB (9, 091 milliards), l’ONEA (2,273 milliards), la SONAPOST (1, 519 milliards), la SONATUR (2, 129 milliards), la SONAGESS (319 millions), la SOGEMAB (184 millions), la SOPAFER-B (76 millions), le BUMIGEB (25 millions) et ACOMOD BURKINA (9 millions).
La MINOFA présente un bilan nul à 0 F. Cette société était en phase d’opérationnalisation et n’avait pas d’objectifs au-delà de l’achèvement de cette phase.
Selon le rapport de la 24e AG-SE, la MINOFA a atteint l’objectif principal qui lui a été assigné, à savoir rendre opérationnel l’usine, après la clôture de l’exercice 2015. Depuis le 12 mars 2016, la société a fini la réhabilitation totale du moulin et a produit son premier sac issu des installations nouvellement réhabilitées. Par ailleurs, elle a obtenu du Laboratoire national de santé publique (LNSP) l’avis de conformité de ses produits.
Pour ce qui est des 8 sociétés restantes, elles affichent un résultat net déficitaire en 2015 contre 6 en 2014. A l’exception de la SONABEL, ces SE ont enregistré en 2015 une baisse de leur volume d’activités, entrainant ainsi la diminution du chiffre d’affaires.
Les plus fortes baisses du CA sont enregistrées avec l’AGETIB, le CEGECI, le LNBTP et la SEPB, respectivement de 73,69%, 53,04%, de 37,44% et de 88,37%.
Paradoxe à la SONABEL
Le cas de la SONABEL est un paradoxe. La SONABEL a vu son CA croître, passant de 131, 954 milliards en 2014 à 139, 472 en 2015. Mais ce bond a été totalement anéanti et même surplombé par les dettes auxquelles la société fait face depuis quelques années. La santé financière de la SONABEL s’aggrave. Malgré son CA en hausse, le résultat net de la Nationale de l’électricité est déficitaire à hauteur de 17, 695 milliards, à cause de ses dettes. Les autres sociétés déficitaires en 2015 sont l’AGETEER, la SBT, la SONABEL et la SONATER.
Le déficit global des SE en 2015 s’élève à 19,239 milliards contre 11, 753 milliards en 2014. La SONABEL y contribue négativement à 91, 97 %.
Sur le plan de la valeur ajoutée, la hausse de la contribution des SE en 2015 cache également des disparités. Les meilleures contributions au PIB proviennent de la SONABHY (74,32%) à hauteur de 145, 603 milliards, de la SONABEL (12, 60%) à hauteur 24,690 milliards, en dépit de son déficit, et de la LONAB (8,62%) à hauteur de 16, 880 milliards.
La Nationale des hydrocarbures (SONABHY) a enregistré une hausse de sa valeur ajoutée grâce aux plus-values issues de la baisse du cours du pétrole.
Certaines sociétés ont enregistré une baisse de leur VA en 2015. Il s’agit de l’AGETEER, l’AGETIB, le CEGECI, le LNBTP, la MINOFA, la SEPB et la SONAPOST.
Karim GADIAGA
Explications sur les situations de déficit selon l’AG-SE
– La situation de l’AGETIB s’explique par les difficultés qu’ont les Maîtrises d’ouvrage déléguées publiques (MODP) à obtenir un portefeuille de projets conséquent pour un bon déroulement de leurs activités. La société a enregistré des capitaux propres négatifs au titre de l’exercice 2015 suite à un résultat déficitaire de 226,517 millions de F CFA.
– La SONATER, qui est en phase d’opérationnalisation, risque de se retrouver dans la même situation si les difficultés rencontrées par les MODP ne sont pas résolues dans un cadre global. Il en est de même de l’AGETEER.
– La situation du CEGECI est due essentiellement aux difficultés rencontrées dans la commercialisation des reliquats des 595 logements FOLOS construits en 2012 et les 247 logements construits en 2014 et dans l’acquisition du foncier depuis 2014.
– La SEPB, quant à elle, peine à avoir les moyens nécessaires à sa réhabilitation, notamment le financement de son plan d’investissement élaboré suite à une recommandation de la 22e session de l’AG-SE.
– La MINOFA, dans le cadre de son opérationnalisation, rencontre des difficultés à financer son besoin en fonds de roulement.
– La SONABEL peine à renouer avec des performances économiques et financières et ses difficultés conjoncturelles sont en passe de devenir structurelles avec des déficits de plus en plus importants: 11,189 milliards en 2014 et 17,695 milliards de F CFA en 2015.
– Quant à la SOGEMAB, il convient de saluer sa performance malgré un contexte difficile que traversent les agences d’exécution. En effet, son résultat net a connu une baisse, mais reste bénéficiaire entre 2014 et 2015. Il est passé de 511,112 millions en 2014 à 183,505 millions de F CFA en 2015, soit une baisse de 74,62%. L’agence pourrait améliorer sa situation financière par la mise en œuvre du contrat plan Etat/SOGEMAB.