Les marchés publics, la douane et la police municipale occupent, comme l’année dernière, le trio de tête des services perçus comme les plus corrompus au Burkina Faso. Tel est le constat qui ressort de l’état de la corruption au Burkina Faso au titre de l’année 2015 établi par le Réseau national de lutte anti- corruption (REN- LAC).
Les marchés publics, en occupant pour la deuxième fois consécutive la première place du service public le plus corrompu, ont amené le secrétaire exécutif du REN-LAC, Dr Claude Wetta, à souligner que «le secteur est devenu comme une caverne d’Ali Baba».
Autre fait manquant du rapport 2015, l’apparition dans le classement de la CNSS et de la CARFO qui occupent respectivement les 17e et 18e places. Pour obtenir ces résultats, le REN- LAC a enquêté auprès de 2.000 personnes du 2 au 16 novembre 2015 dans les 13 chefs-lieux de régions, plus la ville de Pouytenga. Pour 87,4% des enquêtés, les faits et pratiques de corruption sont fréquents, voire très fréquents, au Burkina Faso. Cette perception n’est pas significativement différente selon le sexe (88% des hommes contre 85% des femmes).
Toutefois, une comparaison avec 2013 et 2014 montre que la perception de la fréquence de la corruption a légèrement baissé. Elle était de 96% en 2013 et de 91% en 2014. Cette perception satisfaisante, selon Dr Wetta, est due aux initiatives entreprises par les autorités de la transition en matière de lutte contre la corruption.
Il a cité l’adoption de la loi portant prévention et répression de la corruption. Pour le «patron» du REN- LAC, l’adoption de cette loi constitue l’un des plus grands acquis en matière de lutte contre la corruption au cours de ces dernières décennies au Burkina Faso et même en Afrique. « Cette loi fait du Burkina Faso un des rares pays conformes à la convention des Nations-Unies contre la corruption, dans une très large mesure», confie- t-il.
Les réformes opérées au niveau de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE- LC) et de la justice sont saluées par le REN-LAC comme des avancées de lutte anti- corruption. Mais ces acquis laissés par la transition semblent être remis en cause par le nouveau pouvoir dirigé par Roch Marc Christian Kaboré, mentionne Dr Wetta. Les griefs portent sur les nominations de personnalités au passé trouble et dont la gestion n’a pas été des plus exemplaires.
Le premier responsable du REN-LAC demande la fin de l’impunité sur ces cas avérés de fautes graves. Il a souhaité que ces mêmes sanctions soient prises à l’encontre des fauteurs de troubles liés à la mise en place des exécutifs locaux.
Pour que «rien ne soit plus comme avant» dans la lutte contre la corruption, le REN-LAC suggère la mise en place effective d’une chaine pénale spéciale pour sanctionner les crimes économiques, le renforcement du contrôle de la commande publique, l’exclusion définitive des procédures de mise en concurrence des marchés publics, des entreprises déclarées deux fois défaillantes ou épinglées pour des faits d’atteintes à la probité ou coupables de fraude fiscale, de la construction d’une coalition forte pour mener le plaidoyer, l’interpellation et la mobilisation en vue d’influencer l’action des pouvoirs publics, notamment en matière de lutte contre l’impunité des crimes économiques.
ACS
Classement des services les plus corrompus au Burkina en 2015
1er: Marchés publics
2e: Douane
3e: Police municipale
4e: DGTTM
5e: Impôts
6e: Justice
7e: Administration générale
8e: Enseignement secondaire
9e: Trésor public
10e: Gendarmerie
11e: Police nationale
12e: Santé
13e: Mairies
14e: Enseignement supérieur
15e: Education nationale
16e: SONABEL
17e: CNSS
18e: CARFO
19e: ONEA
Source : Dossier de presse