Politique

Mairies : Déjà vers des délégations spéciales

 

A Bobo-Dioulasso, des militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, refusent leur maire, Bakoné Millogo, pourtant issu de leurs rangs (son adversaire est du même parti). Ils manifestent donc devant leur mairie. Il lui est reproché d’avoir «vendu les conseillers MPP au CDP», parti d’opposition, pour se faire élire. Les manifestants promettent de le faire partir par la rue.
A l’arrondissement 8 de Ouagadougou, c’est le blocage. Après une première élection qui n’a pas obtenu la majorité absolue, une deuxième était programmée pour le 28 juin dernier.
Les deux candidats sont tous issus du CDP. L’un désigné par le parti (qui a eu 6 voix contre 7) et l’autre qui s’est présenté contre la volonté du parti et qui avait obtenu 7 voix sur 13 (la majorité absolue devait être 8). Seulement, le dernier cité s’est vu suspendre pour 6 mois pour «indiscipline», juste la veille du deuxième round. Malgré cette sanction, il se présente dans la salle le jour «J», mais sans les conseillers partisans du premier.
Le blocage dans cette élection est réel. À Kantchari, dans l’Est du Burkina où on a enregistré un mort, deux camps d’un même parti, le MPP, se sont affrontés pour le fauteuil de maire. Et dire que les deux prétendants au fauteuil sont de la même famille. A Karangasso Vigué, dans l’Ouest, deux morts ont été enregistrés.
Ce seuil d’intolérance franchi démontre à souhait toute la complexité de ces élections auxquelles peu d’électeurs ont accordées un intérêt quand on se réfère au taux de participation (48,9%). Ces violences post-électorales viennent assombrir le visage d’un processus électoral pourtant salué par tous. A côtés de ces cas malheureux de morts, se dressent des mairies incendiées, des motos et véhicules brûlés, des blessés, comme ce fut le cas à Gomboré dans la province du Sourou. Sauf erreur, c’est la première fois que la violence électorale a atteint un tel niveau d’intolérance autour de l’élection des édiles. Déjà, lors de la confection des listes électorales, la graine de la révolte et de la haine avait commencé à germer et on a fermé les yeux.
Elle s’expose au grand jour à l’occasion de la mise en place des conseils municipaux. Qu’a-t-on donc fait pour prévenir cette violence croissante? Malheureusement, elle est là, présente, avec son lot de malheurs, de frustrations, d’intolérance, de haine, de révolte. Comment vont fonctionner ces mairies où la division est déjà présente ? Comment ressouder les morceaux pour permettre le développement à la base?
Certaines mairies ne sont plus loin de la logique des délégations spéciales. La situation est trouble et il faut beaucoup de tact et de tolérance pour que certaines mairies ne soient pas grippées avant même que les maires ne prennent fonction. Le train du développement de nos communes doit repartir sur de bons rails.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


D’où viennent ces violences ?

Les violences post-électorales que l’on constate sont nées en partie du marchandage des voix entre partis politiques au pouvoir et de l’opposition .On se rappelle qu’au lendemain des élections municipales, des consignes avaient été données: les partis membres de la majorité avaient appelé à ne pas s’allier à ceux de l’opposition.
Au même moment, l’opposition soupçonnait déjà le parti majoritaire de vouloir corrompre certains de ses conseillers afin de s’adjuger des mairies même là où il n’est pas majoritaire. La réalité au cours de ces élections de maires a révélé le vrai visage de chaque camp. Dans certaines communes où le MPP devait passer haut les mains, c’est avec grande surprise que ce dernier constate que c’est l’opposition qui remporte la victoire.
C’est le cas à Komsilga, à quelques encablures de la capitale, et à Banfora dans les Cascades. A certains endroits également, l’UPC (opposition) était toute aise pour remporter le siège du maire, mais au finish, c’est un candidat du parti au pouvoir qui triomphe. C’est le cas dans l’arrondissement 1 de Ouagadougou. Moralité: chacun a pioché chez l’autre. Chacun doit donc se reprocher quelque chose.
Ailleurs, certains partis politiques ont préféré ne coaliser ni avec le parti au pouvoir ni avec un parti de l’opposition. C’est le cas à Koudougou, dans le Centre-Ouest, où les 15 conseillers de l’ex-parti au pouvoir, le CDP, ont simplement voté «abstention». Qu’est-ce qui peut bien donc expliquer cette furie de certains citoyens qui ont peut-être refusé d’aller voter le 22 mai dernier?

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