Depuis le début de l’année, le Burkina Faso a connu de nombreux mouvements sociaux à travers des grèves et des sit-in. Un tour d’horizon de ces manifestations souvent violentes permet de se rendre compte de l’ampleur.
L’année 2016 a débuté par la grève des magistrats du 21 au 29 janvier 2016. Suite à cette grève, le gouvernement a adopté une série de textes en application du nouveau statut de la magistrature. Il n’en fallait pas plus pour mettre le climat social en ébullition.
L’Union d’action syndicale (UAS) du Burkina a menacé au mois d’avril d’aller en grève si la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la Fonction publique n’était pas effective. Les négociations avec le gouvernement ont permis d’éviter cette grève. Mais, on se demande pour combien de temps?
En début juin 2016, la section de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation et de la recherche (F-SYNTER) de la région des Cascades a appelé ses militants à suspendre leur participation à la correction des épreuves du BEPC pour soutenir 2 de leurs camarades dont le salaire a été suspendu. Le 9 juin 2016, jour-même de la délibération sur les résultats du premier tour du BEPC, le F-SYNTER organisait un sit-in.
Le gouvernement a pris des mesures afin que ce mouvement ne perturbe pas le déroulement du BEPC. Ce qui a conduit le F-SYNTER à suspendre sa participation à la correction du BEPC. Actuellement, les résultats du second tour de cet examen ont été proclamés sans les enseignants membres de ce syndicat. Dans le même temps, le Syndicat national autonome des enseignants chercheurs (SYNADEC) appelait ses militants à une grève illimitée à partir du 16 juin 2016 pour exiger l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants chercheurs. Du coup, pesait une menace sur la tenue du baccalauréat. Le préavis de grève a été levé. Mais on retient que le gouvernement, dans un communiqué, informait qu’il «prendra toutes les dispositions pour la bonne tenue et le bon déroulement de la session 2016 du baccalauréat comme cela a toujours été le cas depuis 1974, première année d’organisation du baccalauréat de l’Université de Ouagadougou, devenue Université Ouaga1 Pr Joseph Ki-Zerbo». Dans ces manifestations des syndicats, un acteur important brille par son invisibilité. Il s’agit de l’Association nationale des parents d’élèves du Burkina Faso.
Les Gardes de sécurité pénitentiaires (GSP) du Burkina Faso observent également un mouvement de grève illimitée depuis le 13 avril 2016. Ils réclament la signataire des décrets d’application des textes portant statut particulier. Leur mouvement se manifeste par la suspension 2 services, à savoir l’extraction ou l’escorte en direction des palais de justice soit pour des jugements ou pour des auditions et le déferrement des délinquants qui viennent des commissariats de police et des brigades de gendarmerie.
Cette grève a déjà des conséquences sur le fonctionnement des services judiciaires.
A l’ouverture de la 2e session de la Chambre criminelle de la Cour d’Appel de Bobo-Dioulasso le 13 juin 2016, Didier Hien, le procureur général près la Cour d’Appel de Bobo-Dioulasso a informé que beaucoup de dossiers seront jugés par défaut ou renvoyés à la prochaine assise à cause de l’arrêt de travail des agents des GSP, ceux-là qui sont censés conduire les présumés coupables à la barre.
Les travailleurs des boulangeries et pâtisseries ont observé une grève de 72 heures du 9 au 11 juin 2016 pour exiger la signature d’une convention collective devant régir le corps.
Au Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo, le Syndicat des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) est à couteau tiré avec l’administration de l’hôpital. Une opération caisses vides est organisée depuis le 18 mai 2016. Tous les soins, les examens sont gratuits depuis cette date. Cette forme de protestation intervient après une série de grèves organisée par ce syndicat.
Le 14 juin, des bénéficiaires du Programme socioéconomique d’urgence de la transition (PSUT) ont manifesté devant le siège de ladite structure pour protester contre le non-décaissement des fonds qui leur sont destinés. Avant cette manifestation, deux autres ont eu lieu dont l’une devant le siège de la structure et l’autre devant le Premier ministère pour la même cause. A en croire Mariama Natama, sur les 3.502 bénéficiaires du PSUT, seulement 801 bénéficiaires ont reçu une première tranche des fonds d’investissements depuis le mois de janvier 2016.
Le 20 avril 2016, les étudiants de l’Université polytechnique de Bobo Dioulasso ont saccagé des véhicules et incendié celui du directeur régional du Centre des œuvres universitaires(CENOU). Ils protestaient contre la suspension de certaines œuvres universitaires notamment, les repas du soir.
Sans oublier les violences que les élèves dans la province de la Tapoa et du Kouritenga ont infligé à leurs professeurs au cours de l’année. Il y a comme un malaise social, une fronde contagieuse.
Elie KABORE
Le ministère des Finances aussi
Le mardi 17 mai 2016, les agents du Syndicat national des agents des impôts et des domaines (SNAID) ont observé un sit-in de 8 h à 11 h sur toute l’étendue du territoire national pour protester contre la remise en cause de leurs acquis sociaux par leur ministère de tutelle, celui de l’Economie, des Finances et du Développement.
Ils dénonçaient à l’occasion le refus de paiement de la prime de rendement du 4e trimestre de 2015, le retard dans le payement de celle du 1er trimestre de 2016, la remise en cause du fonds commun et le manque de locaux appropriés aux effectifs des travailleurs et la non-application du plan de carrière. A la suite des agents des impôts, leurs collègues du Trésor, à travers le Syndicat autonome des agents du trésor du Burkina (SATB) ont aussi organisé un sit-in contre leur ministre de tutelle, Rosine Sory Coulibaly, pour les propos tenus dans un journal de la place.