Le 4 avril dernier, L’Economiste du Faso répercutait le cri de détresse des exploitants du barrage de Mogtedo. L’ouvrage est tombé en désuétude et n’arrive plus à retenir assez d’eau pour la production de riz, dont le modèle de commercialisation a rendu célèbre la commune rurale, ainsi que pour les activités de maraicher-culture. Au mois de mars dernier, le lit du barrage était complètement asséché. Les constats étaient alarmants.
«L’ensablement du barrage est tel aujourd’hui qu’entre le lit et le déversoir, il n’y pas plus d’un mètre de profondeur. Le déversoir ne retient plus grand-chose en saison pluvieuse, d’où les fréquentes inondations des rizières». Ce déversoir, l’on a bien tenté de le réparer, surtout de le relever en 2008, se rappelle l’animateur de la coopérative, Jules Ouédraogo. Pour le vice-président de la coopérative, l’entrepreneur avait bâclé le travail et n’aurait pas achevé son chantier. La réfection avait été financée par la Banque africaine de développement (BAD) et aurait coûté près de 200 millions de F CFA. La digue qui est fortement dégradée menace de céder par endroit. Là aussi, les travaux de consolidation n’ont pas été à la hauteur.
Depuis notre passage sur les lieux, il y a eu du nouveau. Dans le cadre du projet Programme d’appui à la modernisation des exploitations familiales (PAMEFA) -dans sa troisième phase (2015 – 2017)- le barrage de Mogtedo a été retenu pour être réhabilité dans le cadre du volet rizicole du projet, ainsi que le site de Boulbi et de Zoungou. La durée des travaux est prévue pour 5 mois selon Karime Séré, chef de programme PAMEFA, volet rizicole, de l’ONG Oxfam. Ceux-ci vont concerner principalement le renforcement de la digue de protection et le relèvement du déversoir d’un mètre. Cela permettra de retenir plus d’eau et de maintenir l’activité de production. Le curage du lit du barrage n’a pas été retenu. C’est un gros-œuvre dont le programme ne dispose pas les moyens de réalisation. En plus de ces deux réalisations, les canalisations vont être reprises pour faciliter la répartition de l’eau sur les parcelles de culture. Détail important, les entreprises attributaires des marchés ont été invitées à utiliser la méthode Haute intensité de main-d’œuvre (Himo) pour la réalisation de certaines activités afin de faire participer les jeunes de la localité aux travaux de construction. A Mogtedo, le programme a prévu des activités d’appui à la production, notamment en fourniture d’intrants et la vulgarisation de la technique Système de riziculture intensive (SRI) qui permet une utilisation judicieuse de l’eau. La coopérative des femmes, elle, traditionnellement impliquée dans la commercialisation du riz de la plaine, sera dotée d’une batteuse pour l’étuvage du riz ainsi que d’un magasin de stockage de près de 250 tonnes. Des formations en communication, commercialisation et en marketing sont également prévues. Le barrage de Mogtedo à ses débuts avait une capacité de 6 millions de m3. Mais, en 2008, il n’offrait plus que 2,8 millions m3. Mais, encore moins ces dernières années. Plusieurs centaines de producteurs y tirent leurs sources de revenus. Le peu de ressources qu’offre le barrage est confronté ces dernières années à une surpopulation du périmètre.
FW
Trois barrages concernés par la réhabilitation
Le gouvernement suisse et celui du Burkina Faso ont signé un accord dans le cadre de la mise en œuvre du Programme national du secteur rural (PNSR) pour la période allant du 1er janvier 2015 au 31 décembre 2017. C’est dans ce cadre que la coopération suisse finance le Programme d’appui à la modernisation des exploitations agro-pastorales par la réhabilitation des périmètres irrigués de Boulbi, Mogtédo et Zoungou dans les régions du Centre et du Plateau central au Burkina Faso.
Il est prévu qu’une partie des sommes accordées au titre de cet accord sera affectée aux paiements des travaux de réhabilitation des trois sites.
Le Consortium OXFAM /AGEIM-IC a été retenu par appel d’offres pour la mise en œuvre du volet production rizicole dudit programme.