L’héritage de la transition se consume-t-il? Les sillons d’une nouvelle justice sont-ils en train de disparaitre dans la bourrasque des libertés provisoires accordées à de nombreux inculpés dans les dossiers du putsch, Thomas Sankara et ceux des enrichissements illicites?
L’opinion publique s’inquiète à tort ou à raison de ce phénomène. Cette inquiétude a obligé le Garde des Sceaux à faire une sortie médiatique pour expliquer la main sur le cœur que le gouvernement n’avait rien à voir avec ce qui se passe et que ces libérations sont le fait de la «justice». Une justice qui agit en toute indépendance.
Connaissant la personnalité du Garde des Sceaux, on peut compter sur lui pour ne pas interférer dans ces dossiers. Mais quid des autres? La difficulté ici, c’est que les circonstances ne sont pas du tout favorables après l’épisode de la valse des juges en charge du dossier du putsch et celui de Thomas Sankara.
Le doute est dans certains esprits et seule la justice elle-même est à même de donner des gages sur l’indépendance de ses actions. Et pour cela, il faut être patient. Car seule la suite des procédures et les éventuels procès permettront à chacun de se faire une opinion véritable et définitive sur cette indépendance tant chantée.
Pour le moment, les libérés provisoires ont le droit de jouir de ce droit que leur accorde le juge. Les nouvelles autorités, quant à elles, comme nous l’écrivions en janvier dernier, «jouent leur crédibilité sur ce tableau. Les OSC et les Burkinabè épieront tous leurs faits et gestes, leurs attitudes vis-à-vis de ces dossiers. Le pouvoir MPP va devoir juger ses anciens amis du CDP. Vont-ils aller jusqu’au bout?».o
Abdoulaye TAO
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