Après Ouagadougou en avril dernier, les négociations se sont poursuivies à Abidjan ce mois de mai entre le Groupe Bolloré, concessionnaire du chemin de fer Abidjan-Ouagadougou-Kaya, et le groupe minier Pan African Minerals (PAM), attributaire de l’exploitation du manganèse de Tambao.
Les deux opérateurs cherchent aujourd’hui à s’entendre sur les termes de la collaboration qu’ils devraient nécessairement avoir dans le cadre de l’extraction du manganèse et son transport jusqu’au port d’Abidjan.
Destiné à l’exportation, le minerai de Tambao devrait sortir du continent via le port d’Abidjan. Mais avant d’arriver à la mer, il devrait d’abord être transporté par la voie ferrée entre le Burkina et la Côte d’Ivoire. D’où la nécessité de réhabiliter le chemin de fer actuel, d’une part, et de le prolonger de Kaya jusqu’au site de Tambao, d’autre part. La réhabilitation est du ressort de Bolloré, alors que le prolongement est confié à PAM.
Les délais et le rythme d’exécution des travaux, les conditions techniques, commerciales et tarifaires du transport du minerai par SITARAIL sont aujourd’hui les points sur lesquels les deux opérateurs cherchent à s’entendre. Mais la compréhension et la confiance ont du mal à s’installer alors que les Etats du Burkina et de Côte d’Ivoire, qui devraient bénéficier des différents projets, s’impatientent.
A l’initiative des ministres chargés des Transports du Burkina et de la Côte d’Ivoire, une réunion de travail a eu lieu le 21 avril à Ouagadougou avec PAM. Il était question, lors de cette réunion, de recueillir les réponses de PAM sur des préoccupations et des préalables posés par Bolloré. Alors que Bolloré devait signer le 17 mars 2016 la nouvelle Convention révisée de concession du chemin de fer, il s’est rétracté à la dernière minute. Bolloré avait proposé un réaménagement du programme des investissements arrêté, par la nouvelle Convention et souhaitait aussi être rassuré sur le fait que la société PAM transportera effectivement le minerai via le chemin de fer. Après avoir recueillis les «assurances» de PAM le 21 avril 2016, les ministres des Transports des deux Etats avaient convenu de tenir une autre réunion à Abidjan dans la première semaine du mois de mai. Cette nouvelle rencontre devait réunir les deux Etats, PAM et le Groupe Bolloré.
Les 12 et 13 mai derniers, les négociations ont pu se poursuivre à Abidjan, mais le face-à-face entre Bolloré et PAM n’a pas eu lieu malgré la présence en Côte d’Ivoire de Frank Timis, PDG de PAM, accompagné de son staff. A Abidjan, ce sont plutôt les représentants des deux Etats qui se rencontrés entre eux.
Ensuite, ils ont pu à nouveau consulter le Groupe PAM. L’étape d’Abidjan a toutefois enregistré une nouvelle donne. C’est l’implication du président ivoirien dans les négociations. Alassane Ouattara a tenu à rencontrer le PDG de PAM pour entendre ses réponses sur les sujets qui bloquent. Au terme de son entretien avec Ouattara, le 13 mai 2016, Frank Timis a indiqué avoir eu «une discussion très fructueuse sur la relance de la mine de Tambao et sur l’aspect logistique lié au transport du manganèse issu de cette mine vers le port d’Abidjan». On en saura pas plus. Mais le PDG de PAM aurait donné les mêmes assurances que lors de la réunion du 21 avril à Ouagadougou. Premièrement: «Transporter toute la production de la mine par la ligne ferroviaire Kaya- Abidjan, selon la capacité disponible de celle-ci, mais à condition d’avoir un accord sur les conditions commerciales et tarifaires avec SITARAIL». Deuxièmement: «Respecter ses engagements conformément à l’Accord de PPP signé en 2012 avec le Burkina pour ce qui concerne la construction du prolongement du chemin de fer».
C’est désormais Alassane Ouattara qui va lui-même tenter de rencontrer les responsables de Bolloré pour les convaincre et obtenir un accord permettant d’engager la collaboration entre les deux sociétés.
Karim GADIAGA
Un émissaire à l’œuvre
Au moment où nous bouclions cet article, l’on a appris que les choses avaient commencé à bouger. Mais pas forcément de manière positive. A l’initiative des Etats de Côte d’Ivoire et du Burkina, un émissaire a été envoyé auprès du groupe Bolloré pour essayer de faire évoluer les négociations.
Mais tout ne se serait pas bien passé au premier rendez-vous. La situation semblait même s’engager dans une sorte d’impasse. Le négociateur n’avait pas encore réussi à amener Bolloré à adhérer aux propositions qui lui ont été soumises. Mais la situation n’était pas encore désespérée. Il n’est pas exclu que, d’ici là, il y ait un nouveau retournement (positivement). Le dossier promet. Nous y reviendrons la prochaine fois.