Le Conseil des ministres du 11 mai dernier a nommé un ancien ministre, en l’occurrence Lassané Sawadogo, à la tête de la très stratégique Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss). Acteur de première ligne du parti au pouvoir, élu député, l’homme était en attente d’un strapontin. C’est désormais chose faite. Du coup, cette «récompense» d’un militant de la première heure produit un effet boomerang. C’est un cadeau empoisonné dont les secousses sont imprévisibles. On peut comprendre la situation dans laquelle se trouve le président du Faso, obligé de trouver un point de chute à un cadre du parti, et pas des moindres. Mais de là à fermer les yeux sur les casseroles des uns et des autres, il risque lui-même de brouiller la lisibilité de son action politique. C’est vrai que le nouveau promu n’a pas fait l’objet de poursuites judiciaires ni de condamnation. L’on est plutôt dans des considérations éthiques ou morales.
C’est toute la difficulté de faire du neuf avec du vieux, et les Burkinabè ont besoin de gages dans la gestion des deniers publics.
Cette nomination expose directement le président Roch Marc Kaboré, parce que sa responsabilité est engagée à travers le choix des personnalités qui gèrent ce type d’institutions de la République. C’est son droit le plus absolu, mais un droit risqué en cas de faux pas, comme c’est le cas ici. Va-t-il rapporter cette nomination? Improbable! Car son autorité en prendrait un coup. Mais garder les choses en l’état n’est pas non plus à son avantage. Il entame une partie de la confiance placée en lui et, surtout, l’espoir d’un changement dans la gestion des affaires de l’Etat. Ce faisant, le président offre une belle opportunité à l’opposition politique de lui tirer dans les pattes. Non seulement le CFOP, conduit par Zéphirin Diabré, récuse cette nomination, mais s’inquiète de la perpétuation des pratiques de l’ancien régime : la promotion de l’impunité. Au gouvernement de démontrer le contraire.
Abdoulaye TAO
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