Le gouvernement du Kenya a annoncé le 11 mai dernier vouloir fermer le plus grand camp de réfugiés du monde, celui de Dabaab. Situé à une centaine de kilomètres de la frontière avec le Somalie, ce camp accueille près de 350.000 personnes, dont majoritairement des Somaliens, selon le dernier recensement du Haut-Commissariat pour les réfugiés. Les raisons évoquées par le gouvernement du Kenya sont purement économiques et sécuritaires. En effet, selon un communiqué, le Kenya affirme que cette fermeture est due aux charges qu’imposent les camps en termes d’économies, de sécurité et dans une moindre mesure d’environnement.
Le secrétaire du cabinet du ministre de l’Intérieur, Joseph Nkaissery, lors d’une conférence de presse le 11 mai dernier, annonçait qu’environ 8,74 millions d’euros vont être débloqués pour rapatrier les réfugiés. Et de préciser, lors d’une conférence de presse à Nairobi, que les camps cacheraient des terroristes. «La Somalie est maintenant sans danger et prête à accueillir son peuple», a-t-il justifié. Question sécuritaire, le Kenya est sous le joug des attaques des shebabs, groupe terroriste originaire de Somalie. La fermeture des camps viserait donc à réduire cette menace. Pour le gouvernement kenyan, celui de Dadaab notamment serait la base arrière des shebabs. «Il ne faut pas prétendre que parce que Dabaab n’a pas été attaqué, parce que Karissa a été attaqué ainsi que Nairobi et Mombasa, cet endroit est sûr. Non, ceci est le terreau. C’est le terrain d’entraînement de tout ce qui est engagé pour abattre les Kenyans à Nairobi», déclarait Albert Kimathi, haut fonctionnaire de la région de Dadaab, à l’AFP le 13 mai 2015. En annonçant la fermeture de ses camps, le Kenya a aussi prévenu qu’il n’accepterait plus aucun réfugié venu de Somalie. Les Nations-Unies et des organisations pour les droits de l’Homme, comme Amnesty International, ont exhorté le Kenya d’annuler sa décision.
Le pays avait déjà annoncé la fermeture de ses camps de réfugiés en 2015, mais avait par la suite reculé sous la pression internationale.
NK
Le plus grand camp de réfugiés au monde
Depuis 25 ans, le camp de Dabaab, au Kenya, a le triste honneur de conserver un record: celui du plus grand camp de réfugiés au monde. Plus de 350.000 réfugiés vivent actuellement dans le camp de Dabaab, qui s’étend sur une cinquantaine de kilomètres. Avec le camp de Kakuma, à la frontière avec le Soudan, le Kenya accueille sur son sol près de 600.000 personnes.
Mais la situation devient hors de contrôle pour le gouvernement qui menace tout simplement de mettre un terme à l’accueil de réfugiés.
En outre, il menace aussi de fermer ses camps existants, contraignant quelques 600.000 personnes à quitter le pays en dépit de ses obligations de protection de ces populations. Quelles seraient les conséquences d’une telle décision ?
Ces réfugiés sont en grande majorité Somaliens: 444.330 personnes en décembre 2015, selon les chiffres du HCR. Les autres réfugiés accueillis par le Kenya viennent principalement du Soudan du Sud, avec 125.120 personnes. Tous fuient des conflits et des violences auxquels ils seraient de nouveau exposés par un renvoi dans leur pays.
Mais la situation dans ces camps tentaculaires est complexe. A des problèmes de contrebande s’ajoute l’idée, défendue par le gouvernement kenyan, que le camp de Dabaab serait contrôlé en partie par les islamistes radicaux shebabs. Des accusations cependant contestées par des observateurs indépendants et les réfugiés.