Le Programme de développement intégré de la vallée de Samandeni (PDIS) est dans l’impasse, de l’aveu même du gouvernement interpellé sur le dossier le 19 avril dernier lors du vote de loi de finances rectificative. Lancé en janvier 2008, la livraison du barrage, première phase du projet, prévue pour novembre 2013, n’a toujours pas eu lieu.
Une seconde date avait alors été proposée pour juin 2014 pour une mise en eau en 2015. Ce second rendez-vous ne sera pas non plus tenu. Mais le dossier se complique avec le volet social du projet, notamment le Plan de gestion environnementale et sociale. Les populations n’ont pas encore été totalement indemnisées.
Cette troisième composante qui est en aval du projet risque de bloquer la mise œuvre à bonne date du programme puisque les populations ne veulent pas quitter le site avant d’avoir été totalement indemnisées et permettre ainsi la mise en eau du barrage dont les travaux, ainsi que ceux de la centrale hydroélectrique, étaient à un taux de réalisation de 92%. Le suivi et le contrôle des travaux par l’ingénieur conseil se poursuivent selon le gouvernement qui déplore tout de même des retards «dans le paiement des décomptes et l’approbation des avenants par l’ingénieur conseil». Face à l’Assemblée nationale, le gouvernement a annoncé un train de mesures à prendre le mois dernier. Elles sont cinq au total dont une est d’ordre financier. Il s’agit de diligenter le règlement des décomptes de l’entreprise en charge des travaux. Plus de 646 millions de FCFA dus par l’Etat. L’ingénieur conseil est également en attente de paiement de décomptes de 368 millions de FCFA. Pour corriger les dysfonctionnements à l’origine de ces retards, le gouvernement prévoit la dynamisation de l’unité de coordination du projet tout en lui donnant les moyens de «réaliser les travaux urgents avant le démarrage de la saison des pluies».
Parmi les mesures à suivre de près figurent la reprise de la mise en œuvre du Plan de gestion environnementale et sociale (PGES) à travers des actions de communication et la reprise du déboisement de la cuvette en vue de la mise en eau du barrage. Quant au processus de dédommagement, il sera repris et il est lié à la dynamisation de l’unité de coordination. Il faut rappeler que le PGES est un volet entièrement financé par l’Etat. Son coût est estimé à près de 30 milliards de FCFA. Les travaux sont conduits par un groupement d’entreprises recruté à la suite d’un appel d’offres international. Il s’agit de la Société générale des travaux du Maroc (SGTM) et de Fadoul Technibois qui ont remporté le marché composé de deux lots: la construction du barrage (41 milliards de F CFA) et la centrale hydroélectrique (4 milliards) pour un délai initial d’exécution de 42 mois.
FW
Sur les causes du retard
Le chantier accuse un retard de près de deux années. Et le gouvernement l’explique par des «contraintes et difficultés au plans technique, administratif et financier ». S’il se réjouit que le chantier n’a jamais été à l’arrêt, il n’avance pas beaucoup non plus. Une des premières raisons serait la reprise des études du barrage, expliquait le coordonnateur du PDIS à L’Economiste du Faso en 2014. «Il nous a été recommandé de reprendre les études pour apporter quelques améliorations à la fonctionnalité et à la sécurité du barrage»
Ces études ont eu des incidences sur les coûts (3 avenants tenant compte des propositions de modifications pour environs 2 milliards de F CFA supplémentaires) et les délais de réalisations (9 mois ont été ajoutés au délai initial). Au lieu de 42 mois, l’entreprise doit maintenant livrer l’ouvrage dans 51 mois.
La seconde cause de retard, ce sont les procédures différentes impliquant plusieurs bailleurs de fonds. Il s’agit de la BID, du Fonds saoudien, du Fonds koweitien, du Fonds d’Abu Dhabi, du Fonds de l’OPEP, de la BADEA, de la BIDC et de la BOAD. Chaque décision doit recevoir l’avis de non objection des 8 partenaires financiers du programme, et ce n’est pas toujours évident.