La crise migratoire inquiète de plus en plus. Alors qu’en Libye entre 12 et 16 migrants cherchant à gagner l’Europe auraient trouvé la mort dans un affrontement avec des passeurs en Libye, le 27 avril dernier, c’est le secrétaire général des Nations-Unies, l’Onu, Ban Ki-moon, qui refait parler de la politique migratoire européenne.
Lors d’un discours devant le parlement autrichien, le 28 avril, Ban Ki-moon, s’est dit «préoccupé» par l’adoption en Europe de politiques de «plus en plus restrictives», concernant les migrants.
«Je suis préoccupé par le fait que les pays européens adoptent aujourd’hui des politiques de plus en plus restrictives concernant l’immigration et les réfugiés», a-t-il déclaré par la suite.
Et l’on comprend la sortie du secrétaire général des Nations-Unies. La veille de sa déclaration, l’Autriche a durcit son droit d’asile avec la possibilité de décréter un «état d’urgence» migratoire, un régime permettant de suspendre de facto le droit d’asile. Une politique qui va à l’encontre des «obligations des Etats» envers le «droit international, le droit humanitaire et le droit européen», a souligné encore Ban Ki-moon. «Je m’alarme de la montée de la xénophobie ici (en Autriche) et ailleurs».
Ban Ki-moon, qui s’exprimait devant les élus et le gouvernement du chancelier social-démocrate Werner Faymann, a rappelé avoir été «très impressionné » par les moyens que l’Etat, les institutions et les bénévoles avaient déployés en Autriche à l’automne dernier pour accueillir les migrants.
«Je veux croire que l’Autriche continuera à contribuer aux efforts de l’Union européenne en vue d’une approche coopérative» dans ce dossier, a souligné le diplomate qui a rappelé avoir dû lui-même fuir quand il avait «six ans», au moment de la guerre de Corée.
L’Autriche a accueilli 90. 000 réfugiés en 2015, soit plus du 1 % de sa population, dépassée seulement par la Suède au sein de l’UE. Elle a depuis progressivement refermé ses portes, dans un contexte de poussée de l’extrême droite qui a vu le candidat du parti FPÖ, Norbert Hofer, arriver en tête de l’élection présidentielle le 24 avril avec 35 % des suffrages.
NK
Une décision qui divise
Vu de Rome, le «défi autrichien» a des allures franchement dramatiques. Les «Unes» des quotidiens et des JT («La gifle de Vienne», «L’Italie encerclée», «Le nouveau mur», «L’opéra de Vienne») témoignent amplement de cette dramatisation dont le but est de signifier aux autres pays européens que l’Italie ne se résigne pas à devenir l’abcès de fixation des migrants économiques pour l’ensemble du continent. Tout a commencé avec la décision autrichienne, illustrée lors d’une conférence de presse, d’ériger un «mur» dont le coût est estimé à 1,1 million d’euros et qui est destiné à contrôler et freiner le flux des migrants qui pourraient «monter» de l’Italie vers le Nord de l’Europe.
Suscitant chez les Italiens un vrai syndrome d’encerclement, puisque la frontière avec la France est quasiment bouclée, tout comme celle avec la Suisse ou celle avec la Slovénie. Si l’Autriche elle aussi ferme ses portes, que fera l’Italie des 500 à 1.000 migrants qui déboulent chaque jour sur ses côtes depuis que la route des Balkans s’est fermée avec les accords du 18 mars ?