Les 18 et 19 avril derniers, à l’initiative de la Fédération nationale des organisations paysannes du Burkina (FENOP) et de son partenaire financier la Fondation News Field, s’est tenu à Bobo-Dioulasso un atelier régional sur la capitalisation des bonnes pratiques agro- écologiques.
L’atelier a regroupé une quarantaine de femmes venues du Mali et du Burkina. Ces femmes sont issues de 10 organisations de femmes rurales, cœur de cible du projet de formation de conseillères de l’Organisation des femmes rurales (OFR) et l’appui à la promotion de l’agro–écologie.
Depuis quelques années, ces organisations de femmes rurales sont en réseau autour de la promotion des bonnes pratiques agro-écologiques. Des conseillères ont été formées pour appuyer les organisations de femmes rurales dans la vulgarisation des meilleures pratiques, et des champs-école ont été mis en place à cet effet, sous le contrôle des conseillères, lors de la campagne 2015-2016. Les résultats ont été concluants au regard des rendements.
L’atelier de Bobo-Dioulasso est une étape charnière dans la programmation du projet. Son objectif était de permettre aux participantes de chaque organisation et de chaque pays de partager leurs expériences et de les capitaliser afin de voir ensemble, d’un point de vue des femmes rurales, comment diffuser ces connaissances qui ont fait leurs preuves sur le terrain. Mme Belem/Kaboré Martine est du groupement féminin de Dandé: «Je suis très heureuse d’avoir pris part à cet exercice. En venant ici, j’avais des choses à dire et à montrer à mes consœurs.
Mais à l’arrivée, je pense avoir beaucoup reçu d’elles. Pour moi, l’agro-écologie que nous pratiquons jusque-là était limitée à la maraicher-culture, aux petites surfaces où nous cultivions du gombo, de l’oseille. Je viens d’apprendre qu’on pouvait aller au-delà avec le compost naturel sur de plus grandes surfaces, tant en matière de fertilisation du sol que de la gestion de l’eau». En effet, des techniques peu connues ou pratiquées, comme les cendres noires de balle de riz, ont été révélées aux participantes par les femmes de Bama. L’utilisation des plants de haricot pour enrichir la terre est venue de Banfora de la part de l’association Munyu. Cette technique consiste a semé du haricot et à labourer la terre. Les feuilles enrichissent le sol en se décomposant et l’on peut alors y mettre la spéculation de son choix. Du côté du Mali, la méthode de lutte contre la toxicité ferreuse a été apportée.
Les échanges en travaux de groupes ont permis de mettre à jour un certains nombre de savoirs locaux détenus par ces femmes. Ces savoirs vont faire l’objet d’un répertoire et le projet coordonné par la FENOP a ouvert la réflexion pour une plus grande diffusion de ces meilleures pratiques. De nombreuses propositions ont été faites. En attendant leur mise en œuvre, les femmes ont été invitées à continuer le travail d’information et de sensibilisation autour d’elles, à renforcer l’utilisation des pratiques agro-écologiques pour une agriculture saine et performante.
L’atelier de capitalisation a révélé un impressionnant potentiel au niveau des savoirs locaux mis en pratique par les femmes. Et pour la représentante de la Fondation New Field, «ces savoirs détenus par ces expertes» ne sont pas suffisamment valorisés, d’où cette capitalisation. Mais elle va plus loin et estime qu’un des défis est de s’entendre définitivement sur le concept, d’en avoir une seule et même lecture. Le second défi est de donner la place qu’il faut aux femmes dans ce processus, parce qu’on ne les écoute pas assez et on ne les implique pas assez.
L’autre défi est de développer un partenariat avec les PTF sur la base de ce que les acteurs burkinabè ont préalablement défini comme priorités. Les organisations bénéficiaires du projet sont : l’union des productrices des produits de karité du Houet, l’union Sinignassigui de Bama, l’association Munyu de Banfora pour le Burkina, les OFR de l’Afib et de Cofersa au Mali.
FW
Rapport qualité/prix
La question des prix des produits issus de l’agro-écologie s’est posée lors de l’atelier de capitalisation. Ils sont vendus plus cher non seulement à cause de la qualité, mais aussi parce que nécessitant plus d’attention et d’efforts du producteur. Pour l’animateur de l’atelier, il s’agit pour les producteurs de convaincre les consommateurs sur la qualité et la préservation de leur santé.
L’atelier a mis également le doigt sur l’inertie des pouvoirs publics qui ne financent pas la recherche sur les savoirs locaux afin de valider les process et les dosage.