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Factures impayées par l’Etat : Des opérateurs économiques au bord du gouffre

 

«On ne sait plus où aller»! C’est le refrain désormais sur les lèvres des opérateurs économiques qui sont actuellement dans la galère. Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso, lors de sa conférence de presse à Bobo-Dioulasso, à l’occasion de ses 100 premiers jours de pouvoir, avait avoué qu’il restait suspendu au vote de la loi de finances rectificative.
Ce sont plus de 100 entreprises burkinabè qui scrutent l’horizon de l’Assemblée nationale, attendant la «libération» à travers le vote du budget rectificatif.
Initialement prévu pour le 14 avril dernier, ce sera finalement à partir de ce 19 avril que les députés vont se pencher sur cette loi. En attendant, l’amertume côtoie la colère. Un chef d’entreprise que nous avons approché explique: «J’ai des impayés de plus de 400 millions de F CFA. Je suis dans un projet du PSUT (ndlr, Programme socio-économique d’urgence de la transition). Il nous été dit que le projet que j’exécute n’était pas pris en compte dans le budget initial. Je ne comprends pas que ceux de la transition n’aient pas budgétisé leur propre programme. C’est pour cela que je reste réservé quant à la véracité de cette information».
Un autre opérateur économique en charge de la construction d’une grosse infrastructure est sans voix: «Je ne sais pas où je vais rentrer».
Notre troisième interlocuteur érige des CSPS et des lycées en province. Il avoue avoir rempli sa partie de contrat en livrant lesdites infrastructures depuis trois mois. Les lycées ont même été occupés sans réception, tant la direction de ces établissements qui étaient sous paillotes avait hâte d’intégrer enfin une salle de classe. Lui également attend le signal de l’Assemblée nationale. «On ne comprend plus rien, a-t-il lâché avant d’ajouter, on est en train de se concerter avec nos banques pour qu’on suspende tout pour le moment, parce qu’on ne sait jamais. Il ne faut pas qu’on te classe dans la dette intérieure. Si cela arrive, tu es complètement foutu».
Il y a cette dame qui a en charge la restauration d’une des grandes universités du Burkina. Depuis janvier 2016, elle n’a que son essence pour parcourir des distances afin de convaincre l’université de lui payer son dû. Il n’y a pas moins de 70 millions de F CFA qui doivent être débloqués pour lui permettre d’assurer le service, auquel cas ce sont les étudiants qui vont se faire entendre si toutefois le R.U (Restaurant universitaire) venait à fermer, même pour une journée.
A bout de souffle, cette dame implore les autorités afin qu’une somme tombe dans son compte pour lui permettre d’assurer ces 2.000 plats /jour. Sera-t-elle entendue?
Et ce bloc pédagogique dont les travaux pourraient être arrêtés pour cause de non-paiement? Ce sont les futurs docteurs qui doivent s’y installer qui vont commencer à s’inquiéter. Cet opérateur économique qui a eu le marché de l’équipement de ce bloc a une double douleur: ses fauteuils sont bloqués à Téma au Ghana. Il n’a pas d’argent pour aller enlever son matériel. Ses 3 conteneurs y sont donc en souffrance.
Que se passera-t-il si la situation se débloque après le vote de la loi? L’opérateur économique peut-il réclamer un dédommagement ?
Un habitué des marchés publics qui se trouve aussi dans le désarroi actuel répond: «Normalement! Si tu es plaintif et tu réclames des dédommagements, tous les services déconcentrés te repèrent. Ainsi, si tu veux postuler la prochaine fois, ils vont te barrer la route». Et de citer le cas d’un opérateur économique très connu qui ne bénéficie plus des marchés comme de par le passé et ce, à cause de ses plaintes répétitives. Ainsi, un opérateur économique, même dans son bon droit, doit réfléchir par deux fois avant de se plaindre. L’heure est donc grave en ce moment. Les crédits sont certes disponibles, mais à condition que la banque ait confiance. Et même dans ce cas de figure, il y a des limites à ne pas dépasser. Selon nos sources, c’est plus d’une centaine d’entreprises qui attend le vote de cette loi dont l’examen commence dès demain, 19 avril. Un opérateur économique, face à cette situation, a tenu à lancer ce proverbe au gouvernement: «Face à une bagarre inévitable, il faut commencer à frapper le premier». Des menaces de manifestations ? On n’en est pas encore là, mais…

Alexandre Le Grand ROUAMBA


 

Les impôts s’y mêlent

Les opérateurs économies dans «l’agonie» ont-ils les moyens de payer des impôts? Face à des factures impayées, comment honorer les impôts qui ne veulent pas attendre? C’est à ce niveau que se situe le couac.
Si un opérateur économique facture et déclare sans être payés durant 4 mois, les impôts n’hésiteront pas à lui rendre visite. Dilemme! Sied-t-il de contracter encore un autre crédit pour honorer ses impôts? Impensable! Que faire donc? C’est là que le jeu de cache-cache s’instaure.
Et cela durera jusqu’à ce que les choses se débloquent. C’est en cela que l’urgence d’honorer les factures en souffrances s’impose pour que l’économie soit relancée.

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