Dossier

Appuis budgétaires : Mauvaise gestion des ressources pour l’investissement

 

L’Union européenne a commandité une évaluation conjointe des appuis budgétaires dont a bénéficié le Burkina Faso sur la période 2009-2014. Le rapport de cette évaluation conjointe réalisée avec l’ensemble des Partenaires techniques et financiers (PTF) qui font des appuis budgétaires a fait l’objet d’une restitution le vendredi 15 avril 2016 à Ouagadougou.
L’évaluation constate que malgré l’accroissement des ressources fiscales dû en grande partie à la contribution des recettes minières et la mise en œuvre de réformes fiscales, le gouvernement burkinabè a montré des faiblesses importantes au niveau de la priorisation, de la transparence et en général dans la gestion efficace de la dépense publique, notamment au niveau des investissements.
A ce propos, on a noté une augmentation disproportionnée des dépenses courantes et de la masse salariale, une gestion budgétaire peu crédible, des interférences politiques sur la priorisation des investissements, des marchés publics lents, mal préparés et avec des niveaux élevés de corruption.
Les appuis budgétaires dont le Burkina a bénéficié ont donc contribué de manière significative à la stabilité macroéconomique du pays. Les fonds reçus dans ce cadre et le dialogue instauré entre les PTF et le gouvernement ont contribué à assurer la stabilité des allocations au profit des secteurs sociaux, les mettant à l’abri des chocs extérieurs et des pressions internes. Le suivi et l’assistance des organisations dédiées comme le FMI et l’UEMOA, ainsi que l’appui des PTF, ont évité que les fonds versés soient mal dépensés.
Ainsi donc, la pertinence de l’appui budgétaire n’est plus à démontrer. Mais que représente-t-il pour le Burkina Faso?
Sur la période 2009-2014, les décaissements effectués par 9 PTF à travers 38 opérations ont représenté un montant total de plus de 900 milliards de FCFA. Ces dernières années, l’appui budgétaire a augmenté de façon constante pour représenter environ un tiers de l’aide publique au développement, 15% de la dépense publique et 3,5% du Produit intérieur brut (PIB).
Ces sommes reçues ont eu des effets sur l’économie du Burkina Faso. En effet, elles ont contribué à élargir l’assiette budgétaire d’année en année. Elles ont représenté 27% des recettes propres de l’Etat en 2009, 23% en 2011 et 9% en 2014. Cette contribution financière a permis de combler 37% du déficit budgétaire en moyenne sur la période. L’appui budgétaire représentait plus de 60% des investissements de l’Etat entre 2009 et 2011, un niveau qui est descendu à environ 30% en 2013-2014.
Ces montants ont permis également au Burkina de disposer de ressources additionnelles très importantes pour la mise en œuvre de ses politiques, puisque les allocations budgétaires ont suivi les priorités stratégiques du CSLP, puis de la SCADD.
En plus de l’appui budgétaire classique, des projets complémentaires ont été réalisés dans les domaines de la gouvernance, comme les programmes d’appui technique au ministère des Finances par la BAD ou les appuis à la société civile par le Danemark et l’Allemagne.
Le secteur de la santé a reçu un appui de l’UE dans la composante «Développement des capacités et de renforcement institutionnel».
Cependant, durant la période, l’appui budgétaire, toutes sources de financement confondues, rencontre des problèmes d’absorption avec des taux d’exécution faibles qui se situent entre 66 et 85%. A l’issue de cette analyse, la recommandation a été formulée d’instituer un cadre de dialogue de haut niveau entre le gouvernement et les PTF autour de l’appui budgétaire afin que chaque partie puisse apprécier les conditions d’application et se prononcer sur la continuation de cet engagement.

Elie KABORE


 

Eau et assainissement: des défis à relever

L’appui budgétaire, en plus d’autres formes d’aide, a contribué à augmenter significativement les ressources allouées au secteur de l’eau et de l’assainissement. Mais ces ressources n’ont pas influencé positivement la définition du cadre stratégique sectoriel en matière d’eau et d’assainissement.
Le secteur fait encore face à des difficultés au niveau de la maîtrise d’ouvrage par les communes à cause d’un manque criard de ressources. Des arbitrages budgétaires incohérents, des insuffisances dans le ciblage et le suivi des investissements ont été relevés.
La définition des priorités dans ce secteur ne tient pas compte de l’augmentation de la demande, avec le développement économique du pays et, surtout, sa forte croissance démographique. Mais il faut reconnaitre que le dialogue instauré dans le cadre de l’appui budgétaire a permis de renforcer le positionnement stratégique du secteur au sein du cadre politique national.

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