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«La situation du réseau routier est extrêmement préoccupante» Eric W. Bougouma, ministre des Infrastructures

Le 24 février 2016, le Conseil des ministres adoptait un programme d’urgence pour le démarrage des travaux d’entretien du réseau routier. Afin de mieux comprendre cette décision et ses impacts, L’Economiste du Faso s’est entretenu avec le ministre des Infrastructures, Eric Wendenmanegda Bougouma. Ce dernier livre par la même occasion, dans cette interview, les grands projets du gouvernement en matière d’infrastructures routières.

– L’Economiste du Faso: Le Conseil des ministres, en sa séance du mercredi 24 février 2016, a instruit les ministres en charge des Infrastructures et des Transports de prendre les dispositions idoines pour le démarrage effectif des travaux d’entretien d’urgence et périodique du réseau routier national. Qu’est-ce qui justifie cette urgence ?
Eric Wendenmanegda Bougouma, ministre des Infrastructures : Nous sommes allés au Conseil des ministres avec un programme d’urgence qui fait suite à une évaluation de l’ensemble du réseau routier par nos directions régionales. Cette évaluation a fait ressortir un état de dégradation à la limite de ce qui est acceptable pour les routes du pays.
Au cours de l’année 2015, il n’y a presque pas eu d’entretien routier sur l’ensemble du réseau, ni d’entretien courant, ni d’entretien périodique. De plus, l’abondance des pluies de la saison écoulée a entrainé des dégradations importantes sur le réseau routier. C’est pour pallier cet état de fait qu’une intervention urgente et conséquente s’impose afin d’assurer la remise en l’état du réseau.
Le réseau routier national, dans sa globalité, est dans un état de praticabilité très moyen, avec des tendances avérées à l’état mauvais. Au Nord du pays, nous avons un ouvrage qui est cassé, en l’occurrence le pont de Toubou qui permet de franchir la route Ouahigouya-Titao. Si rien n’est fait, cette route, dans quelques mois, ne sera plus praticable. A l’Est, sur la route nationale n°18, il y a d’importants ouvrages dont les travaux ont commencé depuis de longues années et qui ne sont pas encore achevés.
Même à Ouagadougou, la voirie urbaine est assez dégradée. Un peu partout à travers le pays, on assiste à la même situation, et elle est extrêmement préoccupante, d’où la nécessité de mettre en place ce programme d’entretien routier. Le Conseil des ministres a autorisé les travaux d’entretien courant et périodique pour la somme de 18 milliards de F CFA. Toutefois, nous savons que les besoins vont au-delà de cette somme. C’est pour cela que la mutation du fonds d’entretien en fonds de seconde génération va permettre de lever des ressources qui soient suffisantes pour réaliser tous ces travaux.

– En quoi consiste concrètement l’entretien périodique des routes ?

Nous avons, ensuite, un programme d’ouverture de 5.000 km pistes rurales. C’est au total près de 7.000 km de pistes rurales qui seront construits en 5 ans, dont 1.000 km commencent cette année.
Nous avons, ensuite, un programme d’ouverture de 5.000 km pistes rurales. C’est au total près de 7.000 km de pistes rurales qui seront construits en 5 ans, dont 1.000 km commencent cette année.

L’entretien périodique consiste au renouvellement de la couche de roulement pour les routes en terre et au renouvellement du revêtement pour les routes bitumées. C’est une opération lourde qui consiste à remettre à niveau les routes après en moyenne 5 ans d’exploitation pour les routes en terre et 7 ans pour les routes bitumées. Ceci, nonobstant la mise en œuvre d’un programme régulier d’entretien courant afin de maintenir un bon niveau de service et d’éviter la perte prématurée du patrimoine et, par conséquent, d’éviter des opérations coûteuses de renforcement, de réhabilitation ou même de reconstruction.
Dans le cadre de ce type d’entretien, les travaux d’ouvrages de drainage et d’assainissement sont tolérés à hauteur de 10% du montant total des travaux, conformément à la norme d’entretien. Il y a un processus normal de dégradation de nos routes. Ce processus est lié à l’usage de la route et à un certain nombre de facteurs qui endommagent les routes. Il est également lié à la qualité d’exécution. Nous devons donc revenir à des normes dans l’exécution des travaux routiers.
Cela ne va pas empêcher toute dégradation, mais minimisera un certain nombre de dégradations primaires. Toutes les routes bitumées le sont pour une certaine durée. Cette durée tient compte des normes qui ont été utilisées dans la construction, de la fréquence sur la route, du respect des normes en matière de chargement et bien d’autres aspects. Avec l’aide des Partenaires techniques et financiers (PTF), nous sommes sur le point de mettre en place des points de contrôle de la charge à l’essieu, et tout cela devrait permettre de faire durer beaucoup plus nos routes qui coûtent assez cher à l’Etat.

Le Conseil des ministres a également marqué son accord pour la mutation du Fonds d’entretien routier du Burkina Faso (FER-B) en Fonds spécial routier du Burkina (FSR-B), fonds d’entretien routier de 2e génération. Qu’est-ce qui justifie un tel changement ?
Les raisons de ce changement sont liées aux difficultés qu’a connues le FER-B en tant que fonds de première génération. Il s’agit notamment du manque d’autonomie financière et de l’inefficacité de la gestion, l’insuffisance de crédits alloués. En passant à un fonds de 2e génération, le Fonds spécial routier va pouvoir procéder lui-même à la collecte et à la mobilisation des fonds destinés au financement de l’entretien routier. Les fonds de première génération sont des fonds publics qui n’ont aucune autonomie financière. C’est l’Etat, à travers le trésor public, qui leur accorde les subventions, alors que le fonds de seconde génération a une autonomie financière, et même s’il peut bénéficier de subventions, il collecte lui-même ses ressources tirées de l’usage de la route. Ce nouveau statut juridique permet aux fonds de seconde génération de pouvoir s’endetter sur le marché financier, sur la base des ressources prévisionnelles. Cette décision de faire de ce fonds un fonds de seconde génération marque aussi le souci du respect des engagements internationaux de notre pays. Au niveau de l’Uemoa, une directive obligeant les Etats à transformer leurs fonds en fonds de seconde génération a été adoptée. Cette directive va dans le sens de l’évolution internationale. Nous avons des partenaires techniques et financiers qui ont compris qu’on ne pouvait pas continuer à financer les routes sans un bon mécanisme de financement de leur entretien.

Quels sont les grands projets du président Roch Marc Christian Kaboré en matière d’infrastructures routières?
Le programme du président Roch Marc Christian Kaboré en matière d’infrastructures de transport est un programme ambitieux et réaliste que nous allons réussir. Son objectif est de briser l’enclavement intérieur et extérieur de notre pays. Tout d’abord, nous avons un programme de construction de routes bitumées avec une prévision de 2.850 km de routes à bitumer d’ici à 2020. Notre objectif est de desservir toutes les capitales des provinces par le bitume. 12 provinces du pays ne sont pas desservies par le bitume. Nous devons aussi construire des autoroutes pour relier les pays voisins.
Nous avons, ensuite, un programme d’ouverture de 5.000 km pistes rurales. C’est au total près de 7.000 km de pistes rurales qui seront construits en 5 ans, dont 1.000 km commencent cette année. Ce programme a été adopté par le Conseil des ministres. Nous avons, enfin, un programme de réalisation d’infrastructures aéroportuaires, des aérodromes secondaires, des infrastructures ferroviaires et un projet de train urbain dont nous allons bientôt amorcer les études.
Pour réaliser ces infrastructures, nous avons dans un premier temps les ressources de l’Etat. Pour ce faire, nous allons améliorer le recouvrement des recettes fiscales, élargir l’assiette de l’impôt et rationaliser les dépenses publiques.
Toutefois ces ressources ne suffiront pas. Il nous faudra également faire appel à nos partenaires techniques et financiers traditionnels, auxquels nous exprimons toute notre gratitude. Nous allons, et de plus en plus, exploiter les mécanismes du Partenariat public-privé (PPP) qui est susceptible de permettre d’obtenir des résultats rapides, à condition, bien entendu, de les maitriser et d’en éviter les dérives.

Germaine BIRBA


La formule gagnante du PPP

Depuis l’adoption en Conseil des ministres de la liste des projets susceptibles d’être financés par la technique du PPP, plusieurs opérateurs privés ont commencé à manifester leur engouement pour les informations sur les projets concernés.
La technique du PPP est régie par la loi n°020-2013/AN du 23 mai 2013 portant régime juridique du Partenariat public-privé au Burkina Faso.
Selon cette loi, le PPP est soumis au principe d’équité, de transparence, de partage de risques et de viabilité à long terme. Par ailleurs, le mode de sélection du partenaire dans le PPP est soumis au respect de la liberté d’accès, de l’égalité de traitement des soumissionnaires, de la concurrence, d’objectivité des procédures et de transparence. Cette technique se différentie de la procédure classique par son mode de financement. En effet, dans la technique du PPP, le financement du projet est assuré par le partenaire privé à travers une institution financière qui signe une convention avec l’autorité contractante pour le remboursement du financement. Par contre, dans la procédure classique, l’Etat contracte un prêt ou un don avec une institution financière pour le financement du projet.

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