Société-Culture

Taxi et gaz butane : Désamorcer ces bombes ambulantes

 

Un taxi qui utilise comme combustible du gaz butane. Le phénomène a pris son envol à Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina, pour «contaminer» Ouagadougou.
Ainsi, dans les coffres de certains taxis, les bagages côtoient des bouteilles de gaz. Le client est obligé de se «parfumer» de gaz butane malgré lui. Sentant le danger venir, la police municipale de Ouagadougou a lancé les 16 et 17 février derniers une opération dénommée «Opération coffres taxis». Des taxis sont interpellés et saisis.
Cependant, le mal prend de l’ampleur et le ministre en charge de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, a décidé de prévenir en lançant un ultimatum pour le 31 mars 2016.
A cette date, tous les taxis qui s’étaient autorisés une telle pratique devraient revenir au gasoil ou à l’essence, faute de quoi les sanctions tomberont. Mesure stricte qui doit être suivie d’effet afin de mettre les populations en sécurité.
Le SG du syndicat national des taximen est également conscient du danger. Certains chauffeurs de taxis ne l’entendent pas de cette oreille. «La vie est dure pour nous; le gasoil est coûteux et c’est le moyen pour nous de pouvoir joindre les deux bouts», se justifient-ils. «Il y a 2 ans que j’utilise le gaz pour mon taxi», confesse l’un d’entre eux, mais, finit-il par lâcher, «nous savons que c’est dangereux, nous avons juste besoin d’un peu de temps pour acquérir un moteur à essence et l’installer».
La doléance des chauffeurs de taxis à l’endroit du ministre Simon Compaoré est donc claire: leur donner un délai de six mois, puis de 2 mois pour retourner à la normale.
Même si la volonté des chauffeurs de revenir à l’essence est perceptible, il y a que Simon Compaoré ne peut l’attendre. Pour lui, le délai d’un mois est largement suffisant. A ce sujet, le syndicat des taximen a encore rencontré Simon Compaoré en début mars pour insister sur la nécessité de repousser les delais. Simon Compaoré a promis de leur revenir après consultation avec la Sonabhy et le ministère des Transports. Lorsque l’on écoute les taximen, ils avouent qu’«avec la bouteille de 12 kilogrammes qui coûte 4.000 F CFA, les taximen s’en sortent mieux. Par contre avec l’essence ou le gasoil, on ne s’en sort pas», foi de Abdoulaye Toungara.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


 

40% de risque

Selon le syndicat des taximen, 40% des taxis roulent avec des bouteilles de gaz en lieu et place de l’essence ou du gasoil. Ce sont donc 40% de risque d’explosion en pleine circulation. L’idée de barrer la voie à ces bombes ambulantes est salutaire, même si on reconnait avec les chauffeurs de taxis qu’il faut encore faire baisser le prix du carburant au Burkina Faso.
La police municipale invite les chauffeurs à réviser le système que les garagistes ont aidé à mettre en place; ainsi ils ne seront verbalisés que pour défaut de visite technique. Car, expliquent les responsables de la police municipale, «après la phase de sensibilisation, avec le ministère en charge des Transports, nous prendrons des mesures strictes».
Et comme pour convaincre les taximen qu’ils ont l’obligation de changer de pratique, un exemple est brandi par la gendarmerie nationale: l’incendie de Quatorze yaar provoqué par la présence de gaz. Et, plus récemment, le taxi à gaz qui a pris feu en pleine circulation à Ouagadougou.
Les dangers sont également liés à une inadaptation technique. Simon Compaoré parle de bricolage. Cette position est corroborée par le directeur du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA), Kanvaly Bamba, qui confie que «les véhicules qui utilisent du gaz butane sont fabriqués en usine et soumis à un contrôle strict. Ce qui n’est pas le cas des taxis. De plus, les techniques utilisées au Burkina comportent des failles».
A cela s’ajoute une situation que le Directeur général de la SONABHY, Gambetta Aboubakar Nacro, décrit: «L’utilisation massive du gaz butane par les taxis influe négativement sur la disponibilité de ce combustible pour les ménages».
Ce sont autant de raisons qui amènent le ministre de la Sécurité intérieure à sévir après le 31 mars prochain (si les delais ne sont pas repoussés).

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