La 4e édition du Forum international Afrique développement (FIAD 2016) a pris fin samedi dernier à Casablanca au Maroc.
Du 25 au 26 février, la salle de conférences de Hyatt Regency Hôtel a fait le plein de participants. Plus de 1.200 opérateurs économiques et des représentants d’institutions africaines et internationales actives dans le financement du développement ont pris part aux travaux de cette édition consacrée au thème «Agriculture et électrification: mobiliser les énergies». A la fin du forum, Mohamed El Kettani n’a pas caché sa satisfaction: 4.800 rencontres d’affaires ont été enregistrées dans le cadre du B to B. Au moins 23 pays étaient représentés. Le groupe Attijariwaffa et Maroc Export, promoteurs de l’événement, ont tenu leur promesse de l’année dernière, celle d’organiser annuellement un tel événement économique. Mohamed El Kettani, PDG de Attijariwaffa Bank, explique que cette «cadence annuelle» vise à «démultiplier les opportunités».
Trois panels ont constitué le menu des échanges: transformation du secteur agricole, l’entrepreneuriat en Afrique et quel modèle d’électrification pour le continent africain? L’objectif des organisateurs est d’offrir un cadre de haut niveau pour débattre de l’avenir du continent, notamment sur la promotion des investissements via le canal de la coopération sud-sud.
Le Maroc, sous l’impulsion du roi, depuis quelques années, est devenu le champion de cette coopération sud-sud qui s’est matérialisée par de gros investissements de ce pays en Afrique sub-saharienne. Ainsi, des pays comme le Sénégal, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina ont vu l’arrivée d’investisseurs marocains dans les secteurs comme l’infrastructure, les banques et les assurances, l’énergie, etc.
Cette coopération sud -sud, les organisateurs la veulent audacieuse et source de croissance à travers le renforcement de la gouvernance et surtout le partenariat public-privé et l’investissement massif dans le capital humain. «L’Afrique bouge, mais elle doit bouger davantage», a martelé le patron de Attijaiwafa Bank, et le développement du secteur de l’énergie et de l’agriculture pourrait y contribuer. Le ministre des Affaires étrangères du royaume a, quant à lui, lancé un appel aux élites africaines à «sortir des discours» et «à transformer la réalité».
La réalité, c’est le défi énergétique avec 600 millions d’Africains par an qui vivent sans électricité, selon Jean Louis Borlo, ancien ministre français et président de la Fondation Energie pour l’Afrique. Pour lui, l’électrification, c’est un pré-requis à tout développement. Des alliances et des partenariats sont possibles pour combler cette fracture. «Avec le développement du solaire, l’Afrique a une opportunité de devenir le premier continent producteur d’énergie», soutient Zahra Maafiri, DG de Maroc Export, partenaire de l’organisation du forum. L’autre défi, c’est la sécurité alimentaire qui passe par le développement de l’agriculture et de certaines filières.
Le forum a fait le constat qu’il est inacceptable que le continent dispose de millions d’hectares exploitables, alors que des Africains meurent de faim. Dans ces domaines, le Maroc a des expériences à partager avec son Plan Maroc vert et sa politique d’électrification rurale. Pour cela, il faut «plus de coopération et de solidarité» selon le ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhannouch. C’est ainsi qu’il a été donné aux médias présents au forum de voir «ces actions concrètes» du Maroc sur le terrain. A Marrakech, pour le Plan Maroc vert, et à Laayoune pour ce qui est de l’électrification.
Le Plan Maroc vert
A plus d’une heure de vol de Cassablanca, à Laayoune, trônent majestueusement dans le parc éolien de Tarfaya 131 pylônes repartis sur une superficie utile de 728 ha. Ce parc injecte 300 MW dans le réseau électrique géré par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. Nareva Holdings, spécialisée dans la production d’énergie et l’assainissement, a réalisé cet ouvrage en 2014 dans le cadre du PPP qui assure, dans un cadre juridique stable, une durée de convention sur 25 ans renouvelables et un contrat d’achat.
Ces dispositifs sont contenus dans la loi 13-09 qui garantit les droits des producteurs. C’est à l’aune de cette loi également que le royaume a décidé de tendre vers l’autosuffisance en énergie avec un objectif de 52% d’énergies renouvelables à l’horizon 2030. Selon le directeur financier de Nareva, la quote-part de l’énergie éolienne sera atteinte avant terme. Cette société a dans son portefeuille 8 projets qui représentent plus de la moitié des 2.000 MW attendus par le pays en 2030.
Le Plan Maroc vert fonctionne sur le même schéma. Une volonté politique réaffirmée, les besoins diagnostiqués, des enjeux identifiés, puis la mise en place d’un cadre et d’une stratégie pour atteindre les objectifs fixés. Dans la région de Marrakech, ce plan a permis a un opérateur privé d’investir dans les agrumes plus de 126 millions de Dirhams (environ 7.500.000.000 de F CFA) sur une superficie de 640 hectares.
La convention sécurise les terres collectives louées à la société sur une période de 24 ans. L’Etat subventionne une partie de l’investissement à 40%. Démarrée en 2009, l’entreprise exporte sa production vers l’Europe, les Etats-Unis et la Russie.
Ceci est un résultat de la mise en œuvre du pilier du Plan Maroc vert dont l’autre pendant, le pilier II, est tourné vers la promotion de l’agriculture familiale en sécurisant le foncier rural, le financement des activités de production orientées vers les marchés.
Abdoulaye TAO
Jacob Ouédraogo, ministre de l’Agriculture : Intensifier la coopération avec le Maroc
A l’issue du Forum international Afrique développement, le ministre burkinabè de l’Agriculture réagit à la suite que le gouvernement va donner au choix du Burkina comme pays invité.
– Le Burkina est retenu comme invité au prochain forum. Quel commentaire?
Nous avons beaucoup appris de ce forum et vous savez que notre pays a une certaine expérience dans la participation et l’organisation de tels fora. Nous sommes conscients qu’il faut s’y mettre tout de suite et bien préparer ce rendez-vous
– Avez-vous eu des contacts avec les officiels marocains?
Tout à fait. Vous avez certainement remarqué la qualité de la représentation du Burkina à ce forum.
Notre ambassadeur sur place, le consul honoraire, ainsi que deux ministres.
C’est le seul pays qui a été invité à un niveau ministériel. Nos deux pays ont une tradition de coopération, notre mission c’est de l’intensifier davantage.
– Quels sont vos besoins de coopération à approfondir avec le Maroc?
C’est la formation et surtout la technologie au niveau de la maitrise de l’eau pour booster la production. Les intrants de qualité, notamment l’engrais, font souvent défaut sur nos marchés, alors qu’on sait que ce pays est un des premiers producteurs d’engrais.
Il y a donc des possibilités pour nous de travailler ensemble.
Nous y repartirons bientôt avec nos techniciens pour approfondir les échanges sur un certain nombre de dossiers que nous aurons peaufinés avant de rencontrer nos interlocuteurs marocains.
Nous sommes partants pour une coopération technique et commerciale.