«L’UE, qui compte plus de 500 millions d’habitants et qui constitue l’ensemble politique le plus riche de la planète, s’est singulièrement montrée incapable d’apporter à cette crise une réponse cohérente, humaine et respectueuse des droits humains». Voici la conclusion a laquelle est arrivée l’ONG Amnesty International est arrivée dans son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme dans le monde.
Il aura fallu que plus d’un millier de réfugiés et de migrants périssent dans une série de drames survenus au large des côtes libyennes en l’espace d’un seul week-end, à la mi-avril, pour que les décideurs politiques acceptent enfin de revoir leur position, a avancé l’ONG dans son rapport 2015/2016, paru le 24 février 2016.
Et pendant que la crise prenait de l’ampleur, les dirigeants de l’UE ont multiplié en «vain» les rencontres au sommet. Pour Amnesty International, les Etats membres de l’UE se sont montrés le plus souvent hésitants, voire se sont activement opposés à d’éventuelles solutions.
Seule l’Allemagne a tiré son épingle du jeu. La nation de Angela Merkel a fait preuve d’une volonté politique à la mesure de l’importance du problème.
Et l’ONG de rappeler que les pays de l’UE, au lieu de chercher à accroître les voies d’entrée légales et sûres dans l’Union, se sont mis d’accord sur le programme de réinstallation de la commission européenne, portant sur 20.000 réfugiés originaires du monde entier.
Dans le même temps, le HCR estimait à 400.000 le nombre de réfugiés syriens nécessitant une réinstallation et d’autres formes d’accueil humanitaire.
Les sentiments de l’opinion publique en Europe sont allés de l’indifférence, voire de l’hostilité, à des élans de solidarité affirmés. Les scènes choquantes de chaos et de dénuement des réfugiés et des migrants qui tentaient de traverser les Balkans ont suscité la réaction d’innombrables citoyens et d’ONG, qui ont pris le relais d’une aide humanitaire défaillante. Pourtant, affirme Amnesty International, «la plupart des dirigeants européens ont préféré prêter l’oreille aux discours tonitruants hostiles aux immigrés, motivés par la peur de l’insécurité et d’une perte de souveraineté nationale». Résultat : les seules mesures sur lesquelles ils ont pu s’entendre sont celles qui visaient à renforcer la «forteresse Europe».
NK
La Hongrie indexée
La Hongrie a la première refusé de participer à une solution paneuropéenne de gestion de la crise des réfugiés. Confrontée en début d’année à une forte augmentation du nombre de réfugiés et de migrants arrivant sur son territoire, elle a rejeté toute idée de participation à une action collective et a décidé de leur fermer hermétiquement sa porte. Elle a mis en place une clôture longue de plus de 200 kilomètres le long de ses frontières avec la Serbie et la Croatie, et a adopté des mesures législatives empêchant presque totalement les personnes arrivant par la Serbie de solliciter l’asile sur son territoire. «Nous estimons que tous les pays ont le droit de décider s’ils veulent ou non avoir chez eux un grand nombre de musulmans», a déclaré en septembre le Premier ministre hongrois, Viktor Orbán.