«Engager des discussions avec les autorités togolaises en vue d’une meilleure gestion des entrepôts ouverts à la frontière qui alimentent la fraude». C’est l’une des mesures fortes annoncées par le Premier ministre Paul Kaba Thiéba dans le cadre de l’optimisation des recettes douanières.
Une mesure exprimée dans sa déclaration de politique générale le 5 février 2016 devant les députés à l’Assemblée nationale. En plus de régler la question de ces entrepôts, le chef du gouvernement envisage également l’éventualité «de la signature d’une convention sur le transit avec les autorités togolaises au sujet de l’interconnexion des systèmes informatiques douaniers des deux pays». D’autres mesures visant à lutter contre la fraude douanière concernent «le contrôle de l’espèce tarifaire, de l’origine, de la valeur, du volume ou du poids pour certains produits soumis à une taxation spécifique» et «la consolidation de la gestion du système automatisé de dédouanement des marchandises».
A en croire le Premier ministre, la frontière togolaise se révèle comme une passoire pour la fraude douanière.
Mais, paradoxalement, très peu de personnes ont une exacte compréhension de la nature de cette fraude soulevée par le chef du gouvernement. Même parmi les acteurs impliqués ou ayant directement en charge l’activité d’importation des marchandises depuis les pays voisins, on semble quelque peu surpris sur cette question d’entrepôts ouverts à la frontière du Togo.
C’est le cas notamment à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF). Est-ce de ces entrepôts que parle le Premier ministre? A priori, c’est non. «Les entrepôts de la Chambre de commerce dans les pays voisins ne sont pas situés à la frontière mais plutôt au niveau des ports. Au Togo, ils sont notamment situés à Lomé», indique un responsable de la CCI-BF, qui marque par ailleurs son étonnement quant aux propos du Premier ministre concernant les entrepôts à la frontière.
En plus, à la Chambre de commerce, on estime que la fraude dont parle Paul Thiéba ne saurait concerner les entrepôts de l’institution consulaire. «Nous fonctionnons sur la base des recettes. Comment pourrait-on encore laisser une fraude se développer ?», s’interroge ce responsable de la CCI-BF.
Du côté de l’OTRAF (Organisation des transporteurs du Faso), on ne semble pas aussi maitriser cette question d’entrepôts à la frontière togolaise. «Déjà en tant que transporteurs, nous ne sommes pas concernés par les questions d’entreposage, mais cette question me surprend car en principe il n’y a pas de port sec entre Lomé et le Burkina», affirme Issouf Maïga de l’OTRAF.
Toutefois, ce responsable de l’OTRAF se veut prudent car, selon lui, si le Premier ministre évoque le sujet, c’est qu’il a certainement des éléments et des preuves. «Puisqu’on parle de fraude et d’activités illicites, on peut donc penser que ces entrepôts dont il question sont cachés».
Quels sont donc ces entrepôts de la fraude à la frontière togolaise? A qui appartiennent-ils? Comment organisent-ils la fraude? Des questions sur lesquelles nous reviendrons.
Karim GADIAGA