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Accidents, incendies…: sauvons les sapeurs-pompiers!

Sauvons le soldat du feu! Tel pouvait être le titre d’un film à l’honneur des sapeurs-pompiers. Ces hommes et femmes que chacun sollicite en cas d’accident, de noyade, de pendaison ou d’incendie consentent un gros sacrifice pour assurer leur mission. On est souvent prompt à les vilipender parce qu’ils tardent quelquefois à arriver sur un lieu d’accident ou d’incendie. Ils ne sont pas nombreux ceux qui savent que l’unité de Ouagadougou (la première compagnie) qui couvre 4 régions (Centre, Est, Centre-Est et Centre-Sud) ne dispose que de 5 ambulances à la date d’aujourd’hui.
Cinq ambulances pour 400 soldats du feu mobilisables. Idem pour les engins à incendie: 5 au total. Les sapeurs-pompiers souffrent et c’est peu dire.
Le Burkina dispose au total de 6 unités: Ouagadougou (avec ses 4 centres de secours que sont Baskuy, Sigh-Noghin, Bogodogo et Boulmiougou), Bobo-Dioulasso, Koudougou, Ouahigouya, Banfora et Boromo. A ces unités, on peut ajouter les structures de formation: l’école nationale des sapeurs-pompiers basée à Bobo-Dioulasso qui accueille tous les niveaux confondus, et l’Institut supérieur d’études de protection civile, à vocation sous-régionale, basé à Ouagadougou.
L’Institut assure la formation des officiers de la sous-région et une formation spécifique en faveur des populations et des élus locaux. Malgré tout cela, le besoin est urgent au niveau de ceux-là qui veillent nuit et jour à répondre aux sollicitations des différentes populations. Ils ne sont que 400 soldats opérationnels environ à Ouagadougou, contre 250 à Bobo-Dioulasso.
Et lorsque l’on veut mobiliser tous ces effectifs au même moment, le problème de matériel se pose avec acuité. A titre d’exemple, il est difficile pour les sapeurs-pompiers de l’unité de Ouagadougou de disposer de 50 appareils respiratoires pour pouvoir s’approcher d’un feu. Il faut, apprenons-nous, un minimum de 1,5 à 2 millions de F CFA pour équiper comme il se doit un seul sapeur-pompier.Sur le terrain, la réalité est tout autre: le sapeur ne peut pas se saper ! Une tenue, qui ne devrait être lavée que seulement 3 ou 4 fois, est portée pendant près de 4 ans. Un engin à incendie revient à 300 millions de F CFA. L’engin à échelle pour intervenir dans les immeubles, lui, revient à 500 millions. Des montants à donner du vertige, mais c’est le prix à payer pour travailler avec professionnalisme et efficacité. A force d’être limités, les sapeurs se retrouvent parfois à utiliser un engin à incendie pour résoudre l’urgence d’un accident de la circulation quand toutes les 5 ambulances sont sollicitées. Triste réalité! Lorsque l’on se rend à l’évidence, au regard des sollicitations, que la durée de vie d’une ambulance ne peut excéder 2 ans, il y a donc un besoin de renouvellement régulier du parc.
Malheureusement, le constat est amer malgré l’apport de certaines institutions bienfaitrices. Alors, il faut agir. Il faut agir de sorte à ce que les vœux des premiers responsables de la Brigade nationale des sapeurs-pompiers soient exaucés: avoir une unité dans chaque région, avoir des centres de secours dans certaines provinces en fonction des risques, avoir un centre de secours par arrondissement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso qui sont des communes à statut particulier, disposer de moyens spécifiques pour les noyades et pour désincarcérer certains camions en cas de besoin, résoudre le manque criard de matériel en matière de risques chimiques, mettre un accent sur les équipements individuels de protection. L’Etat est ainsi interpelé. Les partenaires et toutes les bonnes volontés le sont également, car nul n’est à l’abri du recours au 18. Et ça n’arrive pas seulement qu’aux autres.
Face à la limite réelle des moyens des sapeurs-pompiers, il y a urgence aussi que les Burkinabè se disciplinent en évitant les abus dans les appels. Le Commandant Taboré Aïdara et le capitaine Wango, avec amertume, nous apprennent que sur les 6.000 appels qui atterrissent par jour sur le 18, il n’y a véritablement qu’une centaine d’interventions. Il faut donc bannir les fausses alertes, car une ambulance sur les 5 existantes mobilisée pour une fausse alerte peut mettre dix autres vies en danger. C’est une question de conscience.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


Le cas spécifique des attentats du 15 janvier

Appelée pour fusillade suite à des attaques terroristes sur l’avenue Kwamé N’Krumah, la Brigade nationale de sapeurs-pompiers a aussitôt concentré ses moyens pour cette intervention en un premier point de regroupement des moyens, au Commissariat central de police, avant d’être scindés en deux zones de regroupement de moyens, à savoir au niveau du ministère de la Fonction publique et aussi au niveau de l’hôtel Pacific.
Près de quatre-vingt-dix (90) soldats du feu ont été mobilisés. La BNSP a mis en œuvre ses moyens habituels d’intervention, notamment 6 véhicules de secours aux victimes (ambulances), 3 engins-pompes, l’échelle pivotante automatique à nacelle, le véhicule de désincarcération et un mini-car.
La BNSP a bénéficié de l’appui d’une équipe du Centre médical international qui, pour le volet catégorisation et prise en charge immédiate des victimes au point de regroupement des victimes, a fourni 3 médecins dont 1 urgentiste, 2 infirmiers, 2 ambulances avec 1 ambulancier.
Quant à la Croix-rouge burkinabè, elle a mobilisé près 19 secouristes et 3 ambulances, sans oublier l’Ordre de Malte qui a permis d’assurer une prise en charge des victimes et leur évacuation.
L’action des sapeurs-pompiers a consisté à extraire les victimes du lieu du sinistre vers un point de regroupement des victimes; à catégoriser les différentes victimes avec une prise en charge avant leur évacuation vers les centres hospitaliers; à évacuer les victimes blessées vers les centres hospitaliers; à évacuer les personnes traumatisées vers l’Hôpital national Blaise Compaoré et le Stade du 4-Août en transitant par le hall de la banque BICIA-B siège sur l’avenue Kwamé N’Nkrumah; à éteindre le feu au niveau de la terrasse du «Café Capuccino»; à éteindre le feu des véhicules embrasés devant l’hôtel Splendid. Ainsi, la BNSP a évacué au total 28 victimes vers le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo,1 victime vers le Centre médical international français, 1 victime vers la Clinique notre dame de la paix; 35 personnes impliquées (personnes traumatisées ou choquées) vers l’Hôpital national Blaise Compaoré; 120 personnes impliquées au Stade du 4-Août. A noter que deux ressortissants américains amenés par leurs proches à l’Ambassade des Etats-Unis et un fonctionnaire des Nations-Unies n’ont pas fait l’objet d’évacuation par la BNSP. En somme, près de 184 victimes de 18 nationalités (Américains, Béninois, Burkinabè, Camerounais, Canadien, Chinois, Espagnol, Français, Indien, Ivoiriens, Maliens, Marocains, Mexicain, Nigériens, Russes, Saoudiens, Sénégalais et Togolais) ont été enregistrées. La Brigade nationale des sapeurs-pompiers a pu donc, avec ses moyens limités, répondre aux demandes de secours suite aux attaques terroristes du vendredi 15 janvier 2016.

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