Le rapport mondial 2015 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur le développement humain estime l’Indice de développement humain (IDH) du Burkina Faso en hausse comparativement à celle de l’année précédente. L’IDH du pays est estimé à 0,402 en 2014, contre 0,396 en 2013. Le Burkina Faso gagne deux places et se classe au 183e rang mondial sur les 188 pays classés. Le pays devance le Burundi, le Tchad, l’Erythrée, la Centrafrique et le Niger. Les différents indicateurs du Burkina Faso ont progressé, que ce soit l’espérance de vie à la naissance, les indicateurs de l’éducation et du revenu. Et ce bond s’explique par plusieurs facteurs selon les experts.
En ce qui concerne les facteurs endogènes, le Burkina Faso a fourni de nombreux efforts dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). De nombreux investissements ont été faits dans le domaine social, le domaine de l’éducation et de la santé. Le Produit intérieur brut (PIB) par habitant a également légèrement progressé. Quant aux facteurs exogènes, le rapport révèle que certains pays, entre 2013 et 2014, ont stagné et d’autres ont plutôt régressé dans leur IDH à cause des guerres et des instabilités sociopolitiques. C’est le cas du Burundi. Ce qui explique aussi le gain de place du Burkina Faso.
«Pour la réalisation des OMD, le Burkina Faso a fourni de nombreux efforts. Nous avons eu beaucoup d’investissements. Les progrès en termes de développement social signifient des progrès dans l’espérance de vie. Les investissements dans l’éducation signifient des gains en termes de niveau d’éducation de la population. Le contexte social et politique impact forcement le rythme d’atteinte des objectifs de développement et par ailleurs le rythme de changement des indicateurs», expliquait Hervé Kouraogo, économiste national au PNUD. Comparés au reste du monde, les progrès du Burkina sont lents. La faiblesse du développement humain est due au bas niveau de l’offre d’éducation et à la faiblesse des revenus des populations, selon le rapport. «Un enfant qui naît au Burkina Faso peut espérer 7,8 années d’éducation contre 9,6 ans pour la moyenne africaine et 12,2 pour la moyenne mondiale. La durée moyenne d’éducation des Burkinabè de 25 ans et plus est estimée à 1,4 an contre une moyenne africaine de 5,2 ans et une moyenne mondiale de 7,9 ans. Le revenu par habitant est 9,5 fois inférieur à la moyenne mondiale et 2,2 fois la moyenne africaine», affirment les experts.
Ces derniers restent par ailleurs confiants quant à l’évolution du pays. Malgré les nombreuses difficultés comme la période du débat sur l’article 37 qui a freiné les investisseurs et la période de la transition qui fut une période d’attentisme, la baisse mondiale du cours des matières premières et du pétrole, le PIB par habitant s’est légèrement amélioré. Toutefois, tout n’est pas gagné, car de nombreux facteurs défavorables à la stabilité sociopolitique peuvent à tout moment chambouler les choses. C’est le cas du terrorisme grandissant dans la région ouest-africaine. Il faudra donc travailler à maintenir le rythme, au meilleur des cas, à l’accélérer et ne surtout pas régresser. Tout ceci passera par la stabilité sociale, politique et l’investissement dans les services sociaux de base, l’augmentation de l’offre des services et l’amélioration de leur accessibilité.
Des inégalités qui handicapent le développement
L’indicateur de développement humain prend en compte trois indices que sont : le PIB par habitant, l’espérance de vie à la naissance et l’indice d’éducation. Cependant, l’IDH en lui-même n’est pas le seul qu’il faut prendre en compte dans le développement humain. Il existe également d’autres indicateurs proposés par le PNUD tels que les inégalités, l’indice de développement genre et l’indice de pauvreté multidimensionnelle. Selon les experts du PNUD, lorsque l’IDH est corrigé par les inégalités, la place du Burkina Faso s’améliore car il y a moins d’inégalités dans ce pays que dans les autres. Toutefois, il reste élevé comme l’indique le rapport: «Le Burkina Faso se caractérise par l’existence de fortes inégalités d’espérance de vie, d’éducation et de revenu qui handicapent son développement. La prise en compte des inégalités entraine une perte en développement humain de l’ordre de 35%; perte supérieure à la moyenne mondiale (22,8%) et africaine (33,3%).
Au Burkina et pour la période 2003-2012, les 20% les plus riches ont un revenu moyen 7 fois supérieur aux 20% les plus pauvres, pour un indice de GINI de 39,8. A titre de comparaison, ce rapport est de 25,3 pour l’Afrique du Sud pour un indice de GINI de 63,1. Au Ghana, avec un IDH de 0,573 plus élevé que le Burkina Faso, les 20% les plus riches ont un revenu 9,3 supérieur aux 20% les plus pauvres pour un indice de GINI de 42,8. La Suède et la Norvège avec respectivement 25 et 25,8 de coefficient de GINI sont les pays les plus égalitaires».
En ce qui concerne le genre, le niveau du développement des femmes est diffèrent de celui des hommes, avec néanmoins un écart moins important que dans les autres pays. «Le rapport de l’Indice de développement humain des femmes (0,376) sur celui des hommes (0,427) donne un Indice de développement genre (IGG) de 0,881 contre un IDG mondial de 0,924 et africain de 0,87; les inégalités de développement liées au genre sont moins importantes au Burkina Faso, comparées à la moyenne des pays Africains», signifie le rapport IDH du PNUD 2015.
Germaine BIRBA
Plusieurs facteurs à prendre en compte
Trois indices sont pris en compte dans le calcul de l’IDH des pays. Ce sont : le PIB, l’espérance de vie à la naissance et le niveau de l’éducation. Cependant, il ne faut pas toujours s’attarder sur le classement des pays qui peut être chamboulé par plusieurs facteurs. L’IDH est une moyenne, et la moyenne cache beaucoup de disparités. Le Burkina Faso se doit de faire de nombreux efforts afin de ne plus baisser. Pour ce faire, il faudra beaucoup d’effort d’investissement et de services sociaux de base.o