Bien que la tendance de la croissance économique mondiale en 2015 soit inférieure aux années précédentes, le Burkina Faso s’en tire à bon compte avec une croissance de 5%. Les prévisions pour 2016 sont par ailleurs optimistes puisque estimées à 6%. Ce sont là les résultats présentés par l’Institut Free Afrik dans le cadre de la restitution de son étude sur «l’économie mondiale, l’économie burkinabè 2016», le 15 janvier dernier à Ouagadougou. L’année 2015 a été assez difficile au plan mondial avec la faiblesse de l’activité mondiale, la chute des cours des matières premières, la hausse du dollar, la morosité économique de la zone euro et le ralentissement de la croissance chinoise.
La situation sociopolitique de certains pays et le terrorisme ont davantage accentué les difficultés pour de nombreux pays. Cependant, le Burkina Faso a su profiter par moment de cette crise économique mondiale, ce qui lui a permis de remonter sa croissance économique. En effet, même si la conjoncture mondiale a également affecté le pays, notamment dans l’exportation de l’or et du coton, la baisse importante du cours du pétrole a permis d’amoindrir les coûts à l’importation, ce qui n’est pas négligeable pour son économie.
Depuis quelques années, le pays traverse de dures épreuves comme bon nombre de pays africains. La crise de la maladie à virus Ebola, bien que n’ayant pas touché le pays, a eu un effet négatif sur son tourisme. La situation sociopolitique marquée par la transition en 2014 a également ralenti un peu les investisseurs. Toutefois, le pays n’est pas à plaindre car le gouvernement de transition a pu se sauver la face avec un équilibre gagné dans l’exécution de ses dépenses par des improvisations.
En 2016, les prévisions établissent une croissance de 6%. Ces prévisions pourront être atteintes si le gouvernement actuel arrive à instaurer de nouveau un climat de confiance à même relancer l’activité économique et de faire appel aux investisseurs. Pays pauvre avec plus de 47% de sa population à moins de 15 ans et près de 80% à moins de 35 ans, le pays a une énorme demande socioéconomique dans tous les secteurs, avec des priorités quasi-généralisées.
Santé, éducation, emploi, eau et assainissement, environnement, tous ces secteurs ont besoin du regard du gouvernement, car essentiels pour la population. Cependant, pour mener à bien sa politique et éviter de disperser ses forces, l’institut Free Afrik recommande au gouvernement une «priorisation des priorités». «Des choix courageux et un exercice de vérité doivent guider la politique gouvernementale vers des priorités pour obtenir des résultats probants durant le mandat. Il faut choisir les réformes prioritaires du mandat et mener des politiques vigoureuses de long terme. Il faut sortir du saupoudrage, de l’improvisation économique, de la dictature du court terme et de l’éphémère. Il faut arrêter les dépenses budgétaires impromptues et engager le pays dans le long terme», expliquait le Dr Ra-Sablga Ouédraogo.
Selon lui, les investissements publics et privés sont capitaux, ainsi que la sécurité, la stabilité sociopolitique, la justice, la lutte contre l’impunité, la fraude, la corruption et la lutte contre les inégalités géographiques et sociales.
Germaine BIRBA
Attaques terroristes: quel impact ?
L’économie burkinabè est en croissance malgré les remous sociopolitiques de ces dernières années. Les spécialistes prévoient même une croissance de plus 1% pour l’année 2016. Cependant, 2016 commence avec un coup dur pour le Burkina Faso. Le terrorisme grandissant dans la région est l’un des freins au développement économique. Longtemps à l’abri des attaques jihadistes, le Burkina Faso a été sévèrement touché le 15 janvier dernier, faisant une trentaine de morts et de nombreux dégâts matériels. Cette situation pourrait avoir un impact négatif sur la croissance économique du pays. Toutefois, la gestion de cette crise pourrait déterminer les proportions de cet imapct dans l’avenir.