Le Burkina se souviendra encore de son vendredi noir suite aux attaques dans le Nord et le Centre du pays, le 15 janvier dernier. Cette situation doit amener les Burkinabè à adopter une autre attitude afin de garantir un maximum de sécurité. Ce qui est arrivé n’est pas une surprise en soi, tant les velléités de déstabilisation étaient perceptibles. Seulement, ce que d’aucuns appellent un flottement a favorisé cette opération que nombre de Burkinabè redoutaient.
En effet, c’est au moment où le nouveau gouvernement n’avait pas encore pris service que les terroristes ont lancé leurs assauts, contraignant le gouvernement Thiéba à convoquer son premier Conseil des ministres avant toute passation de service, le lendemain des attaques. Ce qui montre à souhait que le gouvernement pouvait entrer en fonction dès sa nomination, surtout que l’on a mis beaucoup de temps à nommer ses membres. Ces événements rappellent à notre mémoire collective certains constats et interrogations. Avait-on mis un point d’honneur aux différents contrôles et dispositifs de sécurité, surtout après l’attaque de Radisson hôtel au Mali ?
Ceux qui fréquentent les hôtels ont pu constater qu’aucun contrôle sérieux n’était mis en place. On y entrait et on en ressortait sans le moindre contrôle. Idem pour les grands restaurants. Les vigiles souvent postés aux entrées ne présentaient que leurs civilités à tout visiteur. Aucun matériel de contrôle, aucune sécurité donc. Mieux, il suffisait de séjourner dans l’hôtel pendant deux jours et l’on devenait ami du personnel et du coup, on était exempté de tout contrôle. Pourtant, même le client le plus fidèle, par ces temps qui courent, n’est pas sans risque pour la quiétude de l’hôtel. Malheureusement, il n’est soumis à aucune fouille. Les responsables de sécurité sont désormais avertis. Il y a ensuite la légèreté dans les contrôles tant au niveau des frontières qu’à l’intérieur des villes et campagnes. Si les témoignages de certains voyageurs qui attestent qu’on les fouille à peine à l’entrée du Burkina restent à être confirmés, il est cependant récurrent que certains usagers ne sont pas soumis à cette rigueur dans nos villes.
Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et surtout après le putsch manqué des 16 et 17 septembre 2015, le contrôle avait été accentué avant de connaître un relâchement. Ainsi, toutes les compagnies de transport et leurs passagers étaient systématiquement contrôlés. La carte nationale d’identité burkinabè et tous autres documents d’identification étaient les pièces demandées. Les coffres des cars étaient épargnés tout comme les véhicules personnels. Quel terroriste ou djadhiste emprunterait une compagnie de transport ?
Le danger ne peut-il pas être aussi dans ces véhicules privés, quel que soit leur état ? Les visages connus qu’on ne contrôle pas ou les véhicules de services, d’institutions, de missions diplomatiques et de l’armée non contrôlés sont-ils source de quiétude ? L’exemple de l’hôtel Radisson où un véhicule avec une immatriculation d’institution qui a pénétré l’hôtel sans vérification doit instruire chacun que le danger est partout. Tous doivent accepter, pour la sécurité intérieure, se soumettre aux exigences de nos forces de sécurité et de défense. Tous doivent rester solidaires et unis pour donner peu de chance aux actes de destabilisation du pays, car les hommes passent, mais la nation demeure.
Viennent ensuite ces camions chargés de moutons ou de bois, doublés de passagers qui côtoient leurs engins, qui ne semblent pas rentrer dans les priorités de nos agents de sécurité. Que peuvent bien cacher ces camions transportant du tout ? Que dire des banques où certains clients, au regard de leur statut, se permettent parfois de franchir le portail avec une arme ? Les attaques du 15 janvier dernier doivent donc permettre aux autorités et à tous les Burkinabè de tirer tous les enseignements et de recadrer certaines choses. Des dispositions sont à prendre certes à ce niveau, mais force est reconnaître qu’il faut aussi penser à doter nos FDS en matériels afin de leur permettre de faire face à certaines situations. Fouiller, c’est bien, mais si c’est seulement à la main, il y a fort à parier que les résultats peuvent ne pas être atteints. Fouiller c’est bien, mais de combien d’hommes disposent nos postes de contrôles et avec quelle motivation ?
Nos valeureuses FDS doivent être renforcées. N’est-il pas temps que certaines brebis galeuses, au vu de certains gestes de certains usagers, ne se gênent plus à procéder aux contrôles ?
Le risque zéro n’existe pas. Chacun devra se départir de la peur pour avoir le courage de dénoncer toute situation suspecte, dans les brefs instants. Encore faut-il que les numéros verts communiqués fonctionnent! En attendant, il faut saluer le sacrifice de nos forces de défense et de sécurité qui, on le reconnait, travaillent avec les moyens qui sont les leurs.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
Allo, le 1010 ?
A en croire certains citoyens qui étaient à la prière du vendredi 15 janvier dans la mosquée des sunnites près de l’hôtel Splendid, l’un des numéros verts de la police, le 1010, a mal fonctionné ce jour-là. En effet, selon certaines indiscrétions, les terroristes ont participé à la prière du vendredi. Et lorsque certains d’entre eux se penchaient pour sacrifier aux rites de la prière, les bouts des armes étaient perceptibles. C’est alors que l’un des fidèles s’est attelé à alerter, en vain, la police en composant le 1010. Il y a donc urgence de revoir la fonctionnalité des numéros verts: le 1010, le 16, le 17, le 80 00 11 45. Et surtout songer à doter ces services du minimum pour leurs interventions, car manquer de carburant pour un déplacement urgent n’est pas acceptable.