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Tambao : Feu vert pour la reprise des activités

Les suspensions visant les activités d’exploitation de la mine de manganèse de Tambao, dont on s’interrogeait encore sur le bien-fondé, ont été officiellement levées le 18 décembre dernier par le ministre en charge des Mines, Boubakar Ba.

En tout cas, la société internationale Pan african minerals (PAM), détentrice du permis d’exploitation du gisement, et sa filiale Pan african Tambao (PAT) sont de nouveau autorisées à reprendre leurs activités. Pour ce faire, PAT qui avait fini, presque malgré elle, par licencier ses travailleurs depuis le 14 octobre 2015 va les rappeler. Plus de 80 permanents et 2.000 prestataires ont fait les frais de l’arrêt prolongé des activités de la mine.
C’est à partir du 15 janvier 2015, dès les premières heures de la mise en place du gouvernement de transition, qu’est intervenue la première suspension. Elle visait seulement l’exportation du minerai vers le port d’Abidjan, notamment. Dans sa lettre de suspension, le ministre Boubakar Ba justifiait sa décision par la volonté de: «Faire de la transparence dans les affaires de l’Etat et de mieux comprendre le projet de Tambao et ses implications». Dans la foulée, PAT a décidé de l’arrêt pur et simple de ses activités d’extraction. La société était en pleine phase de promotion de son minerai sur le marché international.
Pendant que les responsables de PAM cherchaient à faire la preuve du caractère transparent du contrat, de leur bonne foi et surtout de leur disponibilité à revoir ce qui peut encore l’être dans le Partenariat public/privé (PPP) relatif au projet, il y a eu la deuxième suspension le 22 juin 2015, qui concernait le PPP.
La présence à Ouagadougou, quelques semaines plutôt, de Frank Timis, homme d’affaires australo-roumain, patron de PAM, n’a pas empêché cette escalade dans la gestion du dossier. Cette fois, le ministre Ba évoque «le non-respect des obligations relatives à la construction des infrastructures comme le chemin de fer et le bitumage de la route Dori-Tambao».
Des raisons que PAM n’a jamais comprises. En effet, la réhabilitation de la ligne ferroviaire Abidjan–Kaya n’incombe pas à cette société. C’est seulement la construction du prolongement, à partir de Kaya jusqu’à Tambao, qui lui revient. Or, concernant ce tronçon, le projet de convention devait être finalisé au niveau du ministère des Infrastructures. Pareil pour le projet de bitumage qui attend jusque-là le bouclage de l’étude technique. Aux dernières nouvelles, c’est en fin février 2016 que cette étude devrait être disponible. En clair, pour la construction des infrastructures, tout le retard incomberait aujourd’hui à la partie étatique. Par ailleurs, il est indiqué dans le PPP que PAM dispose de 3 ans, après l’acquisition du permis d’exploitation de la mine, pour la réalisation des infrastructures. Le permis d’exploitation a été remis en mai 2014 et PAM estime, au vu de ses expériences antérieures, qu’elle est capable de livrer les infrastructures à temps. Tout au long des différentes rencontres de renégociations qui ont eu lieu depuis la suspension des activités de la mine, PAM s’est évertuée à prouver qu’il n’y avait rien qui puisse justifier ces décisions.
Le président Kafando, qui va plus tard se convaincre également de l’impertinence de la décision, va décider en novembre dernier de s’impliquer pour la «levée des suspensions dans les meilleurs délais». Malgré tout, c’est seulement ce 18 décembre, à quelques jours de la fin de la transition et presqu’un an après sa première décision, que le ministre Ba a mis fin à son véto. Ses explications relèvent que PAM s’est engagée à la «mise en œuvre dans les meilleurs délais» des infrastructures (routières et ferroviaire). A ce stade, c’est l’absence des études techniques, en cours de finalisation au ministère chargé des Infrastructures, qui justifie le retard.
C’est dire en réalité que les suspensions ont été inutiles et inopérantes. On a juste tourné en rond pour revenir au point de départ. Une année perdue, des activités retardées, des travailleurs et leurs familles éprouvées.

Karim GADIAGA


Historique de l’attribution du permis d’exploitation

Avant que l’exploitation du manganèse de Tambao ne soit attribuée à la société Pan african Burkina (PAB), une autre filiale de PAM, elle a d’abord fait l’objet de deux premières tentatives de partenariat (2007 et 2010). Ce sont ces épisodes précédents, dans lesquels PAM n’est pas liée, qui font l’objet de litiges entre l’Etat et ses anciens partenaires. C’est à la suite d’un appel d’offres restreint qui a connu la participation de 13 concurrents en janvier 2012 que PAB a été choisie.
Un «Accord cadre de PPP» a été signé entre l’Etat et PAB en août 2012. Cet accord concerne non seulement «la mise en valeur du gisement de manganèse», mais aussi «la réalisation de projets intégrés». C’est-à-dire les infrastructures socio-économiques dans la région du Sahel (routes, chemin de fer). L’exploitation du manganèse de Tambao est prévue pour durer 30 ans.
Les précédentes recherches effectuées par l’Etat ont estimé le gisement de manganèse à environ 19 millions de tonnes. Mais le groupe PAM, va mettre en évidence des réserves de 107 millions de tonnes de manganèse.


 

Extrait de la lettre de levée des suspensions de PAM

Extrait de la lettre de levée des suspensions de PAM

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