Nouvelle appréciation de la santé financière et de la solvabilité du Burkina par l’Agence de notation américaine Standard & Poor’s (S&P). Le tout dernier communiqué de l’Agence sur le Burkina a été publié le 4 décembre, tout juste après les élections qui ont désigné Roch Marc Kaboré comme vainqueur de la présidentielle. S&P maintient les notes «B-/B» de long et court termes en devises et en monnaie locale du pays, avec une perspective stable.
L’Agence précise que les notes du Burkina Faso sont contraintes par la fragilité des institutions, le faible niveau de développement économique et les réserves internationales limitées. Elles sont, cependant, soutenues par un déficit budgétaire modéré et un endettement public relativement modeste.
C’est depuis décembre 2014, après les troubles politiques ayant conduit au départ de l’ancien président Blaise Compaoré, que la note «B-» a été attribuée au Burkina. A l’occasion, elle avait été abaissée d’un cran par rapport au niveau précédent. Depuis lors, tous les communiqués publiés par l’agence américaine ont confirmé la notation «B-/B». C’était le cas du communiqué du 5 juin 2015 et de celui produit exceptionnellement le 6 octobre dernier en raison du putsch avorté du Général Gilbert Diendéré.
La nouvelle appréciation, dont le contenu a été publié le 4 décembre dernier, était prévue dans le calendrier normal de l’Agence.
Outre la confirmation de la notation, la plupart des projections de S&P sur l’avenir n’ont pratiquement pas varié. Les perspectives de croissance restent ainsi inchangées. Selon l’Agence, le Burkina devrait enregistrer une croissance de +4 % en 2015 à 6.433 milliards de F CFA de PIB, contre 6.191 milliards en 2014. Le taux de croissance s’est établi à 4,5 % en 2014.
Le Burkina devrait cependant retrouver une situation plus reluisante à partir de l’année prochaine. De l’avis de S&P, l’activité économique commencera à rebondir en 2016. En octobre dernier, l’Agence prévoyait un taux de croissance de 6 % l’an prochain. «Selon nous, l’augmentation de la production minière et la hausse de l’investissement public devraient stimuler la croissance sur la période 2016-2018», écrit l’Agence.
Le rebond de l’investissement devrait se traduire par une hausse des importations de biens d’équipement.
L’Agence anticipe également un appui de la part des bailleurs de fonds sous forme de dons ou de prêts concessionnels. Cet optimisme de S&P est toutefois accompagné d’une condition selon laquelle «la transition politique, désormais enclenchée avec l’élection de Roch Marc Christian Kaboré le 29 novembre dernier, se fasse en douceur».
Karim GADIAGA
Le déficit public en légère hausse
Si dans son tout dernier communiqué S&P a maintenu la plupart de ses projections, elle relève cependant son hypothèse de déficit public en 2015. Le déficit est la différence entre les dépenses publiques et les recettes publiques sur une année. S&P voit le déficit des finances publiques se creuser au terme de la transition politique au Burkina Faso. L’Agence annonce qu’il va s’établir à – 3% du PIB en 2015. C’est légèrement plus important que ce qui était prévu en octobre dernier. Dans son communiqué qui a suivi le putsch de septembre, S&P fixait le déficit à – 2,5 % du PIB en 2015.
«Nous tablons sur l’élargissement du déficit public […]. L’agitation politique et la dégradation des termes de l’échange ont pénalisé les recettes publiques. Le coût des élections a également creusé les dépenses que le gouvernement provisoire avait cependant relativement bien maîtrisées au premier semestre 2015», explique l’agence américaine.
Ce déficit devrait cependant connaitre une baisse les années suivantes. Sa moyenne est calculée à -3,4% du PIB entre 2016 et 2018, alors qu’un déficit de -4% était annoncé. Malgré l’augmentation du déficit public en 2015, l’Agence exclut une explosion du taux de la dette qui est prévu à 31,4 % du PIB en 2018 contre 27,5 % en 2015.