Editorial

Sucre amer

Les candidats sont à la dernière ligne droite avant le 29 novembre. Ils ont égrené leurs chapelets de solutions pour reconfigurer le pays, une fois élus. Et, chacun annonce le changement à coups de superlatifs. La situation de l’économie nationale est telle que le prochain locataire de Kosyam n’aura aucun répit. Il y a des urgences. La SN-SOSUCO en est une: briser le cercle de la mévente chronique. Certains candidats proposent de nationaliser le plus gros employeur après l’Etat.
En plus d’un environnement qui n’est pas favorable à son développement, la société fait face aujourd’hui à la colère de ses travailleurs, les premiers défenseurs de leur outil de travail livré à des commerçants avec la complicité de l’administration à travers des autorisations d’importer.
Voici une unité qui produit à peine la moitié de la demande nationale et qui se retrouve permanemment avec des stocks d’invendus. Les spécialistes argueront la compétitivité de son produit pour justifier la mort programmée de l’entreprise. C’est vrai que de ce côté, il y a des efforts à faire. Mais, un Etat qui se respecte peut-il accepter une telle issue ? Tout le monde est unanime qu’il faut soutenir le maigre tissu industriel qui a résisté à l’hécatombe du PAS. La question est comment?
Ce qui est valable aujourd’hui pour le sucre ne l’est-il pas pour le riz local, rebaptisé fort intelligemment «riz du Burkina» ? Des efforts sont en cours pour soutenir la production et la consommation du riz produit sur place afin de limiter la dépendance vis –à-vis de l’extérieur et surtout de créer des revenus dans le monde rural. Et la mayonnaise est en train de prendre. C’est une question stratégique, souveraine, que de ne pas confier son ventre à l’étranger.
Cette équation devra être tranchée une fois pour toute. Si on ne veut pas goûter au sucre amer.
Abdoulaye TAO

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