Si ces confidences se confirment, l’enquête sur le coup d’Etat avorté du 16 septembre 2015 devrait s’intéresser, les jours à avenir, à des personnalités du milieu des affaires. Ce, sur le plan national et aussi à l’étranger. A l’étape actuelle, les investigations ont déjà montré qu’autour des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) qui a tenté le coup de force militaire pour mettre fin à la transition, il y avait des complicités dans le reste de l’armé, dans l’administration publique, la société civile et surtout dans le milieu d’affaires proche de l’ex-majorité présidentielle.
Pour ce qui est du milieu des affaires, aucune implication directe n’a encore été confirmée. Mais certaines sources affirment aujourd’hui que des implications concernant des hommes d’affaires, burkinabè et non burkinabè, ont été découvertes par les enquêteurs. Il reste à réunir le maximum de preuves irréfutables pour procéder à des interpellations ou à des mandats d’arrêts pour ceux qui ne sont pas actuellement au pays. Si c’est essentiellement par des mobiles liés à la politique, notamment la «loi d’exclusion aux élections des personnalités ayant soutenu la modification de l’article 37 de la Constitution», que les déclarations lues à la télévision nationale ont tenté de justifier le coup de force du 16 septembre, on se rend compte finalement que tous les complices du putsch n’avaient pas le même intérêt. Ce coup d’Etat avorté devait finalement servir de cheval de Troie qui cache des intentions tous azimuts. Certaines personnalités du milieu des affaires, qui auraient apporté leur soutien au pronunciamiento rejeté par la population, avaient des visées sur certaines activités précises. Le pacte était que ces hommes d’affaires, soutiens supposés des putschistes, bénéficient d’un retour sur investissement, après avoir déployé des efforts pour accompagner le coup.
Quelques cartes dans les affaires devaient alors être redistribuées. Cette redistribution devait se faire par le fait du prince, c’est-à-dire par la volonté du nouvel homme fort, évoquant subtilement l’intérêt national, le non-respect des cahiers des charges dans certains cas, ou à l’aide des procédures «judiciaires arrangées». Des activités, concédées à des hommes d’affaires refusant aujourd’hui de lier leur avenir à celui des partisans de l’ancien régime, devaient faire l’objet d’une remise en cause.
Dans certains cas, des plans avaient déjà été imaginés pour ressusciter certaines vieilles querelles afin de permettre aux anciens battus de se remettre en selle et même de sortir victorieux.
Si les différentes pistes sur lesquelles travaillent les enquêteurs se confirment, on devrait clairement être situé sur les identités des complices supposés et sur les types d’affaires qui étaient visés par le plan du putsch.
J.B
Le point sur les civils interpellés ou recherchés
En plus des militaires, plusieurs personnalités civiles, notamment politiques, ont été entendues depuis le début des enquêtes sur le putsch avorté. Il y en a qui ont été relâchés, à l’image de Achile Tapsoba du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ou de Abraham Badolo, président de l’Alliance pour la démocratie (ADP), démissionnaire du CAR de Hervé Ouattara. Ceux qui ont maille à partir avec la justice sont :
Léonce Koné, deuxième vice-président du CDP
Hermann Yaméogo, président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) dont l’arrestation a été annoncée le 5 octobre
Benjamine Doamba, ancienne députée du CDP
Le Balkuy Naaba, Issa Tapsoba à l’état civil, a été arrêté le 27 octobre par la gendarmerie nationale
Fatou Diendéré, l’épouse du Général Gilbert, sous le coup d’un mandat d’arrêt international
Abdoul Karim Traoré de Perfectum Afrique est lui recherché.