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Production industrielle : Les candidats promettent de dynamiser le secteur

La semaine dernière seulement, la SN-SOSUCO (Société sucrière de la Comoé) s’enfonçait davantage dans la crise. Confrontée depuis plusieurs mois à la mévente de son sucre, c’est désormais ses travailleurs qui viennent d’engager un bras de fer contre les propriétaires actuels. Les employés viennent d’entamer une grève pour demander à l’Etat de reprendre en main cette unité créée en 1965 et cédée en 1998 au groupe IPS.

La situation à la SN-SOSUCO est loin d’être singulière. Elle est symptomatique des difficultés que traversent la plupart des unités industrielles du Burkina, notamment celles de la région de l’Ouest, qui ont fait jadis la fierté du pays en octroyant à la ville de Bobo-Dioulasso son titre de «capitale économique». Bon nombre des usines du pays ont disparu depuis la libéralisation du marché et son corollaire de privatisations tout azimut. Les industries qui ont survécu, à l’instar de la SOSUCO, ne sont pas loin à présent de mettre la clé sous le paillasson. C’est le cas de la plupart des usines basées à Bobo-Dioulasso. Les huileries, les pneumatiques, notamment SAP Olympic, les manufactures de cigarettes, les unités de montage de cycles, les fabriques de piles, celles des jus de fruits, des boissons gazeuses ou alcoolisées, de la farine de blé ne sont pas aujourd’hui au mieux de leurs formes. Les maux dont elles souffrent ont pour nom : méventes, concurrence déloyale, fraude, problèmes de compétitivité des produits sur le marché, coûts très élevés de la production (énergie), cherté des matières premières, etc.

Quelles solutions pour dynamiser le secteur de l’industrie ?
Contactés sur la question, les candidats à la présidentielle du 29 novembre prochain ont leurs idées. Cependant, tous n’ont pas réagi. Pour le candidat indépendant Jean-Baptiste Natama, la solution face aux problèmes actuels des unités industrielles, c’est la «bonne gouvernance». «Il faut assainir la concurrence; bouter la fraude et la corruption du système de gouvernance des entreprises; améliorer notre capital humain», propose-t-il.
C’est pratiquement le même remède que propose Victorien Tougouma du Mouvement africain des peuples (MAP). «Notre plan, c’est une justice indépendante qui empêche la collusion entre affaires et politiques; la dynamisation des secteurs productifs par l’accès à l’énergie et à l’eau à bon coût; des zones économiques intégrant production, transformation et commercialisation», indique le candidat du MAP.
La question de la gouvernance est également au centre du plan de Salvador Maurice Yaméogo. «Le maître-mot est la gouvernance des entreprises et la stricte observance des textes et de la réglementation par elles. L’Etat, au travers des ministères de tutelle, doit veiller à l’application de la loi et des textes réglementaires et sanctionner le cas échéant», affirme le candidat du Rassemblement des démocrates pour le Faso (RDF).
Quant à Tahirou Barry du Parti pour la renaissance nationale (PAREN), ses idées pour le secteur de l’industrie s’inscrivent en droite ligne du Tercérisme prôné par le Professeur Laurent Bado. Le Tercérisme est la troisième voie ou voie médiane entre le libéralisme et le socialisme. Tahirou Barry propose de «développer l’industrie locale par l’actionnariat populaire qui fera du peuple le propriétaire et du capital et du travail». Il s’agit également, selon le candidat du PAREN, «de créer des coopératives d’achat et/ou de vente pour protéger nos industries contre les faillites et autres difficultés».
Pour sa part, le candidat Ram Ouédraogo du Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF) pense que la solution passe par «la facilitation et création d’un environnement social apaisé et stable propice à l’investissement» et aussi «la mise en place d’une protection douanière en faveur des industries locales». Quant à Zéphirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), il estime d’abord que les industries sont face à plusieurs problèmes qui n’ont pas les mêmes solutions.
«Contre les méventes, il y a deux solutions: le coût (donc la compétitivité) et la qualité comparée aux produits concurrents.
C’est la responsabilité des entreprises d’assurer cela. Si votre produit coûte cher, ou s’il est de mauvaise qualité, il ne trouvera pas preneur», estime le candidat de l’UPC. Il continue : «Pour la fraude, l’Etat est fortement interpellé. Il faut renforcer les contrôles et sévir durement. La lutte contre la fraude est un élément important de ce que prévoit mon programme dans la lutte contre l’impunité. Les problèmes de compétitivité sont plus complexes. Certains facteurs de non compétitivité peuvent être corrigés. D’autres sont plus rigides. Toute stratégie industrielle sérieuse est fondée sur l’identification de vos points forts. C’est à nous de les déceler et de les promouvoir afin de compenser nos facteurs de non compétitivité. Quant au coût de production des matières premières, si le coût de la matière première peut être abaissé, on y procède, notamment si la matière est produite localement. Lorsqu’elle est importée, c’est plus compliqué ; il faut alors rechercher d’autres sources d’approvisionnement», indique Zéphirin Diabré. o
Karim GADIAGA


Promouvoir la transformation des produits locaux

Tous les candidats sont unanimes qu’il faut susciter la création d’une nouvelle génération d’unités industrielles pour soutenir le secteur manufacturier. A ce niveau, ils assurent que le Burkina possède un potentiel exceptionnel de filières porteuses non exploitées. «De nombreuses opportunités existent avec les céréales, oléagineux, fruits et légumes, etc.», assure Jean-Baptiste Natama. Parmi les produits cités, on retrouve l’oignon, le riz, le coton, le soja, le karité, le lait.
Pour Zéphirin Diabré, tous les produits de notre agriculture peuvent donner lieu à transformation. «Tout dépend du degré de cette transformation. Quand vous écrasez du mil pour en faire de la farine, c’est déjà une transformation. Quand vous triturez l’arachide pour obtenir de l’huile, c’est de la transformation. Cette transformation pourrait avoir pour objectif la consommation locale ou l’exportation. Les unités industrielles qui auront pour vocation d’assurer cette mission seront des PMI (petites et moyennes industries) totalement privées, appartenant à des promoteurs locaux», précise-t-il.

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