Le 5 septembre dernier, le Conseil national de la transition (CNT) a voté le projet de loi portant Régime d’assurance maladie universelle au Burkina Faso (RAMU-BF). Cette loi vise à mettre en place un cadre juridique nécessaire à l’opérationnalisation de l’assurance maladie au Burkina Faso, à étendre la protection sociale et à favoriser l’accès des populations aux soins de santé.
Le vote de la loi du RAMU-BF ne signifie pas la fin des préoccupations relatives au projet. Il faudra mobiliser maintenant les moyens nécessaires à son application. Il s’agit des moyens financiers, du dispositif technique, notamment les centres de santé de proximité dans toutes les localités, la ressource humaine quantitative et qualitative dans le domaine de la santé, le matériel sanitaire pour les soins et la prise en charge, les médicaments, etc. Néanmoins, le vote de la loi est un soulagement pour les Organisations non gouvernementales qui s’inquiétaient du retard dans la mise en place du RAMU-BF.
Selon Gabriel Compaoré, chef du département plaidoyer de l’ONG ASMADE, le vote de la loi est un grand pas vers la mise en place du RAMU-BF : «Depuis plus de 10 ans, nous luttons pour la mise en place de l’assurance malade car elle est une préoccupation majeure pour le développement du Burkina Faso. Le vote de la loi est une première étape. Il reste sa promulgation et les décrets d’application. Nous restons confiants et vigilants afin que ce processus aboutisse».
Pour couvrir l’ensemble de ces besoins, quelle sera la part contributive de l’Etat, celle des partenaires et surtout celle des bénéficiaires ? La réponse n’est pas évidente. Par ailleurs, on se demande également quels types de soins seront couverts par l’AMU. Il est certain que tous les besoins sanitaires ne pourront pas être couverts.
En plus, on sait déjà qu’à cause de son coût, tout le monde ne sera pas bénéficiaire de l’assurance dès son lancement. Un des scénarii évoqués prévoyait que le lancement annoncé en 2016 devrait d’abord concerner directement environ 10% de la population, constitués de travailleurs du secteur public et du secteur privé. Puis en 2020, l’AMU touchera 40% de la population en s’élargissant aux travailleurs des secteurs informel et agricole. Enfin à l’horizon 2025, la couverture des citoyens sans emploi et des indigents permettra de réaliser 100% de couverture.
Au Burkina, la mise en œuvre de l’AMU prévoit fortement de s’appuyer sur la structure et l’expérience des mutuelles de santé. Système de solidarité et de prise en charge sociale, notamment sanitaire, les mutuelles existent dans plusieurs entreprise et services : les impôts, l’Armée, la Douane, l’Onatel, la Sonabel…Même si toutes n’ont pas le succès escompté, le principe reste noble et certaines comme la Mutuelle des forces armées nationales (MUFAN) ont fait leurs preuves.
L’AMU souhaite prioritairement couvrir les mutualistes. C’est plus pratique. Le processus prévoit l’adoption d’une loi sur les mutuelles de santé. Le but est d’encourager la création des mutuelles dans tous les secteurs, mais aussi d’améliorer leur fonctionnement en corrigeant les lacunes.o
Germaine BIRBA
L’AMU bientôt effective
A l’instar de 14 autres pays africains membres de la Conférence interafricaine de la prévoyance sociale (CIPRES), le Burkina Faso s’apprête à instituer l’Assurance maladie universelle (AMU). Selon les prévisions, c’est en 2016 que le système devrait être appliqué pour la première fois. Mais avant cela, il faudra déterminer le cadre pour sa mise en œuvre et définir les différentes étapes de l’opérationnalisation. Comme le Gabon, la Côte d’Ivoire ou le Mali, le Burkina pourra dès 2016 se targuer d’être parmi les pays qui ont adopté l’AMU. Mais à l’image de ces pays, le plus difficile sera de l’étendre au maximum de la population, de trouver les différentes formules de cotisations et de remboursement ; et surtout définir le panier de soins qui s’adapte aux attentes réelles.
Le paquet éventuel des soins couverts par l’AMU
Le paquet de services de santé proposés est constitué des soins courants disponibles aux différents niveaux de la pyramide sanitaire. Il concerne les soins dispensés sur le territoire national par des formations sanitaires publiques et privées, sous réserve du respect du principe de la référence médicale.
Les actes médicaux
Consultations : consultation de médecine générale, consultation spécialisée
Soins : soins infirmiers, soins spécialisés (buccodentaires, ophtalmo, ORL), soins préventifs (vaccinations, SMI…), soins ré-adaptatifs
Actes chirurgicaux : petite chirurgie, chirurgie essentielle (césarienne, hernie, appendicectomie, etc.), chirurgie lourde (neurochirurgie, chirurgie cardiaque, etc.)
Hospitalisation : mise en observation, hospitalisation.
Transport en ambulance
Médicaments : médicaments essentiels génériques, médicaments, essentiels de spécialité, médicaments de spécialité
Examens complémentaires
Examens de Laboratoire : biologie, biochimie, bactériologie, parasitologie, hématologie, immunologie, anatomie pathologie, dosages hormonaux pour suivi de traitement
Examens d’imagerie médicale : échographie, radiographie, scanographie, scintigraphie, fonds d’œil- lampe à fente, écho doppler, angiographie, écho-cardiaque, endoscopie, électroencéphalogramme, IRM.
Source : SP AMU