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Ordres professionnels de la santé : Traque des faux médecins

Au Burkina Faso, on dénombre 5 Ordres professionnels fonctionnels dans le domaine de la santé. Il s’agit de l’Ordre des médecins, l’Ordre des pharmaciens, l’Ordre des chirurgiens-dentistes, l’Ordre des infirmiers et infirmières et l’Ordre des sages-femmes et magneuticiens d’Etat.

Tous ces Ordres ont été institués par loi en 2012. Au niveau de l’Ordre des médecins, un phénomène de nettoyage s’est imposé au regard de l’existence de faux médecins qui mettent la vie des patients en danger. Ce nettoyage a commencé dans la région du Centre et, selon les responsables de la santé, il s’étendra aux autres régions. Parmi les faux médecins détectés, ils sont nombreux qui n’avaient pas les diplômes requis et «charcutaient» les patients. Malheureusement, face à de tels agissements, le Code pénal n’a prévu que de faibles sanctions. À titre d’exemple, il n’est prévu qu’un emprisonnement ferme d’un à deux ans et une amende de 500.000 F CFA à un million de F CFA. Le nouveau Code pénal en cours de relecture entend corriger cet aspect de sanction en les alourdissant. Combien de faux médecins y a-t-il au Faso? Selon le docteur Souleymane Sanou de l’Inspection, on ne saurait le dire. Il y a des médecins formés sur place au Burkina, tout comme il y en a, et beaucoup, qui sont formés à l’extérieur.
Dès qu’un médecin formé sur place se présente à l’Ordre, ce dernier vérifie au niveau des différentes écoles pour savoir si l’intéressé a soutenu sa thèse sur place au Burkina ou pas et à quelle période. Si l’intéressé vient d’ailleurs, l’Ordre burkinabè est obligé de contacter l’Ordre du pays d’origine pour savoir si réellement la personne existe dans son livre et si elle a soutenu une thèse. Le cas du faux docteur malien est patent.
Deux médecins du même nom officiaient à Bamako et à Ouagadougou. L’Ordre des médecins, intrigué, interroge Bamako qui révèle que celui qui officie à Bamako est un vrai médecin. Celui de Ouaga, l’homonyme, est en fait un faux et cela se lisait sur ses différentes prescriptions qui n’étaient pas orthodoxes. Très rapidement, ce dernier est passé aux aveux et fut emprisonné. En août dernier, un autre cas s’est présenté à l’Ordre des médecins. Mahamadi Ouédraogo se faisait passer pour un médecin. Il a utilisé un faux diplôme de thèse de doctorat obtenu en 1997 et signé en 2000 à l’Université de Cocody en Côte d’Ivoire qui figurait sur les différents documents ayant servi à son inscription au tableau de l’Ordre des médecins. Il finira par être appréhendé par la brigade territoriale de gendarmerie de Kosyam et déféré à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou le 31 juillet 2015. A l’opposé, tout semble bien réglementé au niveau de l’Ordre des pharmaciens. Est-ce parce que c’est un domaine où on parle d’argent ? En tout cas, tout est bien réglementé à ce niveau selon certains experts. Chez les chirurgiens-dentistes, il n’y a pas grand soucis car leur nombre est réduit. Ils sont une centaine contre environ 1.300 chez les médecins, même si le fichier doit être toiletté à ce niveau pour prendre en compte les médecins étrangers qui résident au Burkina et qui souhaiteraient quitter le pays. A côté de ceux-là, il y a à purger de la liste les noms des médecins décédés ou admis à la retraite. Quid des établissements sanitaires privés de soins, abusivement appelés cliniques ? Selon un recensement de 2014, on en dénombrait 429 fonctionnels dont 61 établissements qui ne disposaient pas d’autorisation d’ouverture. Il est à noter que dans la nomenclature des établissements sanitaires privés de soins, Dr Taryam Ouédraogo fait le décompte suivant : les polycliniques, les centres médicaux, les cabinets médicaux, les cabinets dentaires, les cabinets de soins infirmiers, les cliniques d’accouchement, les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) privés et les centres de réadaptation fonctionnelle. C’est donc l’ensemble de tous ces établissements qui constitue le chiffre 429. Il reste entendu que ce recensement qui date de 2014 a évolué et certains se sont mis en règle, surtout en ce qui concerne les 61 établissements qui n’étaient pas en règle.


 

 

Conditions pour exercer légalement

Pour exercer légalement dans le domaine des établissements sanitaires privés de soins, la personne demande une autorisation de création. Ceci donne droit simplement à une autorisation pour construire son bâtiment et de se doter d’équipements. Une fois la création faite, il reste à l’intéressé de demander une autorisation d’ouverture ou d’exploitation. C’est une fois les deux conditions remplies que la personne est autorisée à exercer légalement. Tous ces arrêtés sont signés par le ministre de la Santé.


«Le CHU-YO, dernier choix des malades» dixit le SYNTSHA

Le Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNTSHA) a organisé une conférence de presse, le 4 novembre 2015, à l’hôpital Yalgado Ouédraogo, structure d’exercice de ces agents et le dernier hôpital de «référence des malades». Face aux journalistes, Mamadi Konfé a exprimé l’inquiétude des agents soignants de l’hôpital face à «l’épidémie de manque et de pannes» qui font ravage à Yalgado Ouédraogo.
Après diagnostic, Mamadi Konfé et ses camarades estiment que le corps (infrastructures) même de l’hôpital Yalgado Ouédraogo est défectueux et «dépassé», entrainant même le logement des malades dans des couloirs eux-mêmes devenus très exigüs. Autres maladies de Yalgado Ouédraogo: les équipements qui sont soit absents, soit de mauvaise qualité.
Les membres du SYNTSHA ont cité les pannes de diamaps qui empêchent depuis des semaines l’exécution des programmes opératoires, «le décès» de l’autoclave de la maternité et celui du scanner 64 barrettes, le manque de réactifs et surtout de l’oxygène.
Ils constatent également des irrégularités en matière de dotation du personnel en matériel de protection. Le matériel de prévention des infections, de bureau et même d’ordonnancier manque criardement à Yalgado.
Ils indexent également le cumul des impayés élevés du CHU-YO vis-à-vis des fournisseurs qui serait de plus de 928 millions de francs CFA selon Mamadi Konfé. Il souligne également «la mauvaise qualité de la restauration dont la responsable attend le paiement des arriérés de 8 mois». Cette situation contribue au manque de matériel dû à la réticence des fournisseurs, rendant pénibles les conditions de travail des agents et la qualité des soins. Après examen, une ordonnance comprenant trois prescriptions a été octroyée au gouvernement, tuteur de l’hôpital Yalgado Ouédraogo. Il s’agit de: «La prise en charge des urgences médicales, chirurgicales et obstétricales, la dotation des formations sanitaires en infrastructures, en équipements, en personnel en quantité et en qualité suffisantes et la transparence dans la gestion des formations sanitaires».
S. O

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