LE premier Forum urbain national s’est tenu à Ouagadougou les 26 et 27 octobre 2015 avec comme thème central: «Quelle stratégie de coordination de la coopération internationale pour le financement du développement urbain au Burkina Faso». Grace à des soutiens comme ONU-Habitat et Cities Alliance, le rendez-vous de Ouagadougou a été effectif et a accouché de 9 recommandations majeures. Les participants sont venus des administrations centrales et déconcentrées de l’Etat, des collectivités territoriales, de la société civile, du secteur privé, du secteur académique, des associations professionnelles et des partenaires techniques et financiers.
Les enjeux et les défis de l’urbanisation accélérée étaient au centre des débats, surtout dans ses aspects sociaux, démographiques, économiques et environnementaux. Le constat est clair: l’urbanisation produit malheureusement des externalités négatives, à la fois sur les plans de l’organisation physique, de l’équité sociale, de l’environnement, notamment en termes de production des déchets, de consommation de l’eau et d’énergie, de pollutions, etc. Ce sont autant de choses qui provoquent la dégradation de la qualité de vie des populations urbaines.
Le Forum dit tenir compte des «menaces graves» que font peser les changements climatiques sur le développement harmonieux et durable de nos villes. Le rôle central des villes dans le développement socio-économique et culturel a été affirmé, eu égard à la part contributive des actifs urbains dans la production de la richesse nationale. On estime à environ 20% les actifs nationaux, contribuant pour 60% au PIB.
Le Forum de Ouagadougou a été convaincu de la pertinence de la démarche consistant à considérer le financement du développement urbain comme un facteur indéniable de croissance et un moyen de création d’emplois. L’absence de financement a constitué une des difficultés majeures dans la mise en oeuvre de la politique nationale de l’Habitat et du développement urbain. La nécessité d’une meilleure stratégie dans la coordination des appuis internationaux au financement de l’urbanisation a été soulignée. C’est pourquoi il a été relevé l’impérieuse nécessité d’informer et de sensibiliser les différents acteurs du développement des villes sur les enjeux du développement urbain à l’échelle de chaque territoire d’une part , et d’autre part la clarification des rôles et responsabilités dans la prise en charge des problématiques urbaines.
On comprend dès lors pourquoi il a été suggéré la création de cadres de concertation et de dialogue entre les acteurs en charge de la construction et de l’administration des villes en vue de créer un espace de participation citoyenne aux débats sur les politiques et problématiques urbaines au niveau des villes.
Le président de la transition, Michel Kafando, a salué la tenue de ce Forum qui a permis de clarifier les priorités des collectivités qui doivent être en phase avec les interventions des partenaires techniques et financiers. Le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, René Bagoro, s’est réjoui des résultats du Forum avant d’installer le comité de suivi des recommandations du Forum qui fera le point de l’exécution desdites recommandations au prochain forum prévu pour se tenir en 2016 à Bobo-Dioulasso.
Alexandre Le Grand ROUAMBA
9 recommandations pour une urbanisation maîtrisée
AU total, neuf recommandations ont été adressées aux décideurs politiques nationaux et locaux. Le Forum leur demande de:
– Affirmer le secteur urbain comme une priorité dans les politiques publiques de développement, compte tenu des potentialités des villes pour le développement socio-économique du pays. A cet effet, il convient d’affecter les ressources financières adéquates aux domaines de la planification urbaine, des aménagements et équipements urbains et la production de logements;
– Assurer l’élaboration et la mise en oeuvre des documents de planification urbaine comme préalable à toute action d’aménagement, sous peine de saper ou de rendre inefficaces les efforts d’investissements consentis, par l’effet conjugué des interventions non coordonnées;
– Elaborer et adopter une stratégie nationale de résorption et de prévention de l’habitat spontané, en tirant partie de l’expérience du programme participatif d’amélioration des bidonvilles en cours à Ouagadougou;
– Prendre des dispositions pour l’opérationnalisation du plan national d’adaptation aux changements climatiques;
– Créer un cadre sectoriel de concentration entre l’Etat, les PTF et les OSC, spécifiquement axé sur la ville, dans la dynamique d’une meilleure prise en compte dans la SCADD;
– Promouvoir et encourager la participation du secteur privé dans le développement urbain et la gestion des équipements urbains;
– Poursuivre la réalisation et le renforcement des objectifs du Programme pays urbain du Burkina Faso à travers une pérennisation des actions de participation citoyenne;
– Prendre en compte les conclusions du forum pour la révision de la politique nationale de l’habitat et du développement urbain, dans l’optique de garantir aux citoyens le droit à la ville, l’accès au foncier, au logement, aux équipements publics et leur participation au processus de décision;
– Institutionnaliser et appuyer le forum urbain national et les fora municipaux comme cadres de concertation périodique des acteurs du développement urbain sur les questions transversales de l’urbanisation durable.