Economie

Salon des Banques et des PME : Carrefour d’échanges d’expériences

Dans le cadre du Salon des banques et des Pme de l’Uemoa, une série de communications a eu lieu dans la matinée du 24 octobre dernier. Quatre communications ont tenu en haleine le public, toutes traitant des défis, des contraintes, des opportunités des PME.
«Le rôle social de la PME», c’est sur ce point que la directrice du projet d’accès à l’énergie Entrepreneur du Monde, Claire Le Ster, s’est appesantie. Pour elle, une entreprise sociale est celle qui a une incidence sociale durable plutôt que de générer des bénéfices pour ses propriétaires et ses partenaires. Elle opère de façon innovante sur le marché et est soumise à une gestion responsable et transparente en associant les parties prenantes, souligne-t-elle. Ce type d’entreprises réinjecte ses profits dans l’action sociale.
«Il faut retenir que toute entreprise qui se dit sociale doit répondre à un besoin des populations que l’Etat ou d’autres acteurs n’arrivent pas à satisfaire», a précisé Mme Le Ster. Prenant l’exemple de Nafa Nana, elle explique que cette entreprise sociale a pour but de rendre accessible au plus grand nombre de Burkinabè des produits écologiques (lampes solaires, foyers à gaz,…) afin de protéger l’environnement tout en favorisant le développement économique et local.
Elle relève qu’Entrepreneur du Monde va pousser ses partenariats avec ses fournisseurs pour que ces derniers puissent se développer et répondre aux besoins de Nafa Nana. En ce qui concerne le financement, l’entreprise sociale trouve ses ressources dans les revenues des ventes mais aussi fait appel à des investisseurs sociaux pour réaliser sa mission. A la question de savoir pourquoi Entrepreneur du Monde ne forme pas les populations locales à la fabrication des produits au lieu de les importer, Claire Le Ster répond : «La majorité des produits solaires sont fabriqués en Chine et notre vocation n’est pas de s’impliquer directement dans la production mais plutôt dans la distribution pour rendre accessibles ces produits». A la suite de Claire Le Ster, le premier responsable du Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation de Ouagadougou (CAMC-O), Mahamoudou Yaméogo, s’est entretenu avec le public sur la «Gestion des conflits, arbitrage et médiation».
De prime abord, il a présenté sa structure qui une juridiction des affaires. Selon ce dernier, le CAMC-O est une innovation majeure qui va contribuer à l’amélioration l’assainissement et la sécurisation de l’environnement juridique et judiciaire au Burkina Faso, en renforçant la confiance entre opérateurs économiques burkinabè et leurs partenaires étrangers et aussi désengorger les juridictions étatiques. «Le CAMC-O offre aux opérateurs économiques nationaux et investisseurs étrangers un cadre adéquat de règlement de leurs litiges en préservant l’intégrité de leurs relations d’affaires», a-t-il affirmé. A l’inquiétude de savoir si un particulier peut créer son centre d’arbitrage, M. Yaméogo répond par la négative: «Je vois mal l’Etat en train d’encourager un particulier à créer son centre d’arbitrage. Il faillira à la mission d’installer l’ordre dans les affaires et ça sera le désordre total puisque tout le monde va en créer», a-t-il ajouté. Il a ensuite conseillé l’assemblée que lorsqu’elle contracte, qu’elle n’omette pas de mentionner: «Arbitrage/médiation en cas de litige: CAM-CO». «Sans cette clause, vous ne pouvez pas nous saisir lorsqu’il y a un problème», a-t-il argumenté. Est-ce que cet outil de médiation existe dans tout l’espace Uemoa ? Cela va au-delà de l’Uemoa pour couvrir l’espace OHADA, c’est-à-dire 17 pays. Cependant, dans chaque pays, cela dépend de la politique développement parce que les centres d’arbitrage sont sous la coupe de la Chambre de commerce, donc tout relève du dynamisme qui existe dans le management des Chambre de commerce de chaque pays, selon M. Yaméogo.
A peine le 1er responsable du CAMC-O a fini sa communication que Youssouf Kouanda a pris le relai pour exposer les travaux du laboratoire d’analyse des politiques économiques de l’université Ouaga 2 sur «L’impact des délestages sur les performances économiques des entreprises au Burkina Faso». Pour lui, au-delà des financements qui constituent des contraintes au développement des entreprises de l’Uemoa, il y a la question de l’énergie. D’après Youssouf Kouanda, une étude de la Banque mondiale en 2014 a révélé que 34, 1% des entreprises à l’échelle mondiale considèrent la question de l’électricité comme étant une contrainte majeure.
En Afrique subsaharienne, cette proportion est de 44%. Au niveau des pays de l’Uemoa, plus de 50% des entreprises citent les délestages comme principale contrainte. Au Burkina Faso, cette proportion est de 53,9%. Son étude a noté qu’une augmentation de la durée du délestage d’une heure accroît l’efficience de l’entreprise de 0,89%. «C’est un résultat paradoxal, mais il est conforme aux recherches de chercheurs sénégalais», a-t-il reconnu. Il a plaisanté en ajoutant que ces résultats ne sont pas une invite à la Nationale d’électricité à prolonger le temps des délestages.
Mais «cela signifie que les entreprises ont investi dans des solutions palliatives et à la longue, ces investissements sont plus bénéfiques que leurs coûts». Aussi cette étude retient que le nombre de délestages n’influence pas les scores de déficience des entreprises. «Il peut y avoir cinq ou dix délestages, mais si cela ne dure que 2 mn, l’impact est minime», a-t-il dit. Il a par ailleurs invité les entreprises à se tourner vers les énergies renouvelables pour contrecarrer les caprices des délestages.
J. B. KABORE


Création d’entreprises : y croire

Pour clore la série des communications, Ézéquiel Dayamba s’est entretenu avec le public sur «Partir de rien ou presque rien pour créer sa propre entreprise». D’entrée jeu, il a pris son expérience personnelle pour illustrer sa communication. Parti d’un salaire de 75.000 F CFA en 2001, c’est un chiffre d’affaires de 6 millions par an que M. Dayamba réalise aujourd’hui. Son secret, croire en son projet et ne pas se laisser déstabiliser même si les banques refusent de vous accorder des crédits.

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