Du 21 au 23 octobre dernier, a eu lieu la conférence de haut niveau sur l’agriculture et l’agro-alimentaire à Dakar. Elle avait pour objectif de discuter des questions liées au nouvel agenda de développement post-2015. Adopté à New York, cet agenda répond à 3 Objectifs de développement durable (ODD), à savoir l’éradication de la pauvreté et de la faim, la promotion du travail décent, ainsi que la croissance économique.
L’idée de cette conférence découle de la vision exposée par Adesina Akinwumi dans son discours prononcé à Abidjan lors de sa prise de fonction à la tête de la BAD, le 1er septembre 2015. L’agriculture étant le secteur qui assure la subsistance de 80% de la population africaine et génère 63% des revenus des ménages ruraux, la conférence de Dakar devrait permettre la résolution de l’insécurité alimentaire et des problèmes nutritionnels en Afrique, à travers une transformation à grande échelle de l’agriculture et en libérant le potentiel agricole du continent.
«L’Afrique peut et devrait être le grenier du monde», a affirmé pour sa part le président rwandais Paul Kagamé, dans une Tribune parue en début de semaine passée. Or, pour concrétiser cette vision, «son secteur agricole doit s’engager dans un processus concret de transformation qui nécessite de plus grands investissements, une forte diversification des cultures et un maillage plus serré avec les marchés naissants de consommation urbaine».
Et l’un des défis à relever dans ce cadre est celui des semences. Elles «constituent une clef pour augmenter la production alimentaire et pour lutter contre l’insécurité alimentaire, la malnutrition et la faim», a déclaré Samuel Kugbei, spécialiste de la politique semencière à la FAO. Consciente qu’il faut harmoniser les politiques semencières afin de faciliter leur commerce international, l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié un Guide dédié aux politiques semencières. «L’absence de ces politiques affaiblit la capacité des pays à fournir aux petits exploitants un accès adéquat à des semences de qualité des cultures les mieux adaptées à leurs systèmes d’exploitation, à leurs conditions et à leurs besoins», précise la FAO en préambule de son Guide pour la formulation d’une politique semencière nationale.
Notons que d’après la FAO, la population mondiale devrait atteindre 9,3 milliards d’hommes à l’horizon 2050. Une hausse de 70% de la production céréalière à cette échéance est nécessaire pour nourrir cette population.
N.K
L’appui des professionnels de la filière semencière fortement attendu
L’on reproche souvent aux agriculteurs de ne pas forcement utiliser de bonnes semences. Pour le secrétaire général de l’Association africaine du commerce des semences, Justin Rakotoarisaona, «en raison du coût de ces produits, seuls les agriculteurs ayant une visée commerciale pour leurs cultures s’y intéressent. Acheter des semences n’est pas forcément la priorité pour des agriculteurs qui, financièrement, sont en difficulté». Et comme l’a expliqué le président du Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS), Pierre Pagesse, au cours de l’Exposition universelle de Milan sur le thème Nourrir la planète, énergie pour la vie (du 1er au 31 octobre 2015 NDLR): «L’industrie semencière avance par cercles concentriques, en observant comment évoluent les comportements des clients et quels sont les marchés qui se développent. Pour s’implanter dans une nouvelle région, il y a tout un processus à suivre.
C’est une décision de moyen-long terme que de s’implanter dans une nouvelle région : il faut préparer les produits, avec les espèces à développer ou à adapter. Les Etats ont donc également un rôle à jouer en matière de recherche. «La plupart des agriculteurs africains ont accès aux semences, mais cela dépend des exploitations et des cultures», a ajouté Justin Rakotoarisaona. La plupart des recherches, en Afrique sont effectuées par le secteur public, sauf pour les cultures de rente comme le maïs ou les cultures maraîchères. Toutefois, la recherche publique développe des variétés qui ne répondent pas forcément aux besoins des agriculteurs. «Il faut développer la recherche participative avec les agriculteurs», a-t-il conclu.