C’est le 1er octobre dernier que Gilbert Diendéré s’est rendu aux autorités burkinabè après 48h passées à la Nonciature apostolique, l’ambassade du Saint Siège au Burkina Faso.
Depuis cette date, il se trouve désormais au camp de la gendarmerie de Paspanga. Si l’Eglise catholique a précisé en son temps que c’est le Général lui-même qui s’est rendu (et non pas la Nonciature qui l’a livré), on ne savait pas trop comment Gilbert Diendéré avait pu accéder à la Nonciature.
Il nous est revenu qu’au moment de l’assaut qui a fait fuir les membres de l’ex-RSP qui étaient toujours au camp Naba Koom II, les portes de la Nonciature étaient hermétiquement fermées. Malgré tout, on apprend que le Général est arrivé sur les lieux et n’a trouvé d’autre solution que de prendre le mur de la Nonciature pour s’introduire dans l’enceinte de l’ambassade du Saint Siège au Burkina.
Des observateurs affirment qu’au moment de la reddition du Général, au moins 4 pick up étaient postés vers la Nonciature et des rafales se faisaient entendre. Par la suite, affirment ces témoins, on aura compris que ces rafales visaient plutôt à protéger Diendéré.
Cette situation vient confirmer l’information selon laquelle les autorités de la transition savaient qu’il se rendrait à cet endroit qui, visiblement, était le plus proche. La volonté du Général Diendéré affichée des heures, sinon des jours avant, était de se mettre à la disposition de la justice, mais il lui fallait certaines garanties, surtout côté familial.
Au moment de vouloir se rendre, la distance qui séparait le camp Naba Koom II de la gendarmerie constituait un risque pour sa sécurité. Il ne pouvait donc pas risquer d’aller jusqu’à la gendarmerie. C’est donc à la Nonciature qu’il pouvait trouver son salut, où il a pu négocier des garanties pour sa sécurité, celle de son épouse et de ses enfants. Arrivé à la Nonciature avec 3 téléphones portables, on apprend que Diendéré ressortira de cette enceinte avec deux téléphones, oubliant le troisième.
Une autre source nous apprend que la Nonciature apostolique ayant constaté la présence du 3e portable dans ses locaux n’a pas voulu le laisser longtemps en ces lieux. C’est donc tout logiquement qu’elle a confié cet objet «précieux» à la gendarmerie. Le chauffeur du Général serait retourné sur les lieux plus de deux semaines après pour chercher ce que son patron avait oublié.
Mais trop tard, le «bijou» était déjà entre les mains de la gendarmerie. Aussi, L’Economiste du Faso a-t-il pu apprendre que le Général a accepté de collaborer par sa reddition. Conscient de ce qu’il a posé comme acte, une source anonyme révèle qu’il aurait demandé la bénédiction du Cardinal Philippe Ouédraogo. L’a-t-il reçue ? Nous n’en doutons pas vu que quelle que soit la situation, l’homme d’église ne refuserait pas une telle démarche. On annonce la visite prochaine de l’aumônier militaire à la gendarmerie nationale aux fins de rendre visite au Général qui pourrait se confesser à l’occasion. Une démarche de foi qui pourrait soulager moralement le Général putschiste. Où se trouve actuellement son épouse ? Personne ne saurait le dire même si des sources l’annoncent à Lomé au Togo. Ce qui nous revient, c’est que les médiateurs auraient signifié au Général qu’il ne pouvait pas accompagner son épouse à une frontière du Burkina.
Tout se serait donc passé dans la courtoisie, permettant ainsi au Général de se mettre à la disposition des autorités et de la justice burkinabè. Il est sous le coup de plusieurs chefs d’inculpation dont attentat à la sûreté de l’Etat, assassinat, séquestration, crime contre l’humanité.
Joël BOUDA
Regrets d’un Général
Le Général Gilbert Diendéré avait dit «ses regrets» d’avoir été à l’origine du coup d’Etat quelques jours avant sa reddition, disant assumer pleinement ses responsabilités pour tous les actes survenus lors de ce putsch.
«Pour moi, le putsch est terminé, on n’en parle plus», avait –t-il déclaré avant de dire être assuré «d’avoir tiré, pour l’avenir, les leçons de ce coup d’Etat».
«Mon plus grand tort c’est le putsch», avait-il confessé. Le répétera-t-il devant l’aumônier militaire dont la visite est annoncée, si ce n’est déjà fait ?
Diplomatie : Qui est le nouveau Nonce apostolique au Burkina ?
Du haut de ses 52 ans, Mgr Piergiorgio Bertoldi est prêtre depuis le 11 juin 1988 (27 ans de sacerdoce). Il est entré dans le service diplomatique du Saint Siège depuis le 1er juillet 1995. Ainsi, il fera tour à tour les représentations pontificales en Ouganda, en RD Congo, en Colombie, en Serbie, en Roumanie, en Iran et ensuite au Brésil.
Mgr Bertoldi est docteur en Droit canonique. Italien d’origine, celui qui remplace Mgr Vito Ralo à la Nonciature apostolique au Burkina a foulé le sol burkinabè le 4 août 2015 avant de présenter ses lettres de créances au président de la transition, président du Faso, Michel Kafando, le 20 octobre dernier.
Il parle aussi bien le français que l’anglais et l’espagnol, et mieux encore l’italien. Mgr Bertoldi se montre déjà comme un Nonce ouvert et attentif.