Avis des Burkinabè sur les autorités de la transition; recherche de la vérité, de la justice sur l’insurrection populaire et la lutte contre l’impunité; immortalisation de la mémoire des victimes de l’insurrection et dédommagement équitable; demande de comptes aux anciens dignitaires du régime Compaoré. Voici les 4 axes de la dernière enquête d’Afrobaromètre au Burkina Faso.
En ce qui concerne le premier point de l’enquête dirigée par CDG-IGD au Burkina, il ressort que les Burkinabè sont dans l’ensemble satisfaits de la façon dont les autorités de la transition ont effectué leur mandat depuis qu’elles sont entrées en fonction.
Effectuée entre avril et mai 2015, elle révèle que la grande majorité des Burkinabé a déclaré être «d’accord», voire «tout à fait d’accord», avec la façon dont leurs chefs coutumiers (95%), le président Michel Kafando (88%), le Premier ministre(81%), les membres du Conseil national de transition (79%) et les membres des délégations spéciales des communes (79%) ont effectué leur mandat, et depuis qu’ils sont entrés en fonction pour les autorités politiques et administratives.
Plus de quatre Burkinabè sur cinq sont d’accord ou tout à fait d’accord avec la façon dont les autorités de la transition ont effectué leur mandat depuis qu’elles sont entrées en fonction. Pour le président Michel Kafando et le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, les taux d’approbation sont respectivement de 85% et 81%. Pour les membres du Conseil national de transition (CNT) et des délégations spéciales des communes, ce taux s’élève à 79%.
La responsabilité et la poursuite de ceux suspectés de crime et de violation des droits de l’Homme au cours de l’insurrection populaire
Les chefs coutumiers sont plébiscités par les répondants. La quasi-totalité des Burkinabè (95%) est d’accord ou tout à fait d’accord avec la façon dont les chefs coutumiers ont joué leur rôle.
Enfin, pour trois Burkinabè sur quatre (75%), les chefs traditionnels devraient rester non partisans et ne pas se présenter aux élections sous l’étiquette d’un parti. C’est surtout chez les instruits et les citadins que cette opinion est le plus partagée, en l’occurrence par quatre Burkinabè sur cinq (80%).
Vérité, justice et lutte contre l’impunité
Le second axe de l’enquête a démontré que les Hommes intègres sont divisés quant à la recherche de la vérité, de la justice sur l’insurrection populaire et à la lutte contre l’impunité, sur l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014.
Les meilleures options pour immortaliser la mémoire des victimes de l’insurrection
Ainsi, selon l’enquête, seulement la majorité des Burkinabè (62%) souhaite que la lumière soit faite sur l’insurrection pour permettre au pays d’aller de l’avant. Ainsi, afin de permettre une paix durable et la réconciliation au Burkina Faso, les citoyens suggèrent par ordre de priorité : la poursuite judiciaire des suspects (40%), la confession et le pardon (23%), la recherche de la vérité (18%), l’amnistie générale (15%).
Pour un dédommagement équitable
Questionnés sur la mémoire des victimes de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, l’échantillon interrogé a suggéré prioritairement l’adoption d’une journée nationale de souvenirs, l’édification d’un monument, le développement de matériaux didactiques pour les écoles, etc.
Inéligibilité des partisans de l’ex-majorité aux élections prévues cette année
Certaines personnes ont proposé d’adopter «une journée nationale de souvenirs (38%)», de «dédier ou ériger un monument en leur mémoire (19%)» ou encore de «développer des matériaux didactiques pour les écoles (17%)». Bien qu’il s’agisse des meilleures options pour rendre hommage aux victimes de l’insurrection, d’autres (58%) ont aussi suggéré de dédommager les victimes sans discrimination.
Notons que ces données sont publiées au moment où la transition touche à sa fin, et doit passer le relais à un nouveau gouvernement qui sera formé à l’issue des élections présidentielle et législatives de 2015.
Poursuites contre les anciens dignitaires du régime Compaoré
C’est le dernier axe de l’enquête. Les résultats ont montré que la majorité des Burkinabè semble attachée à l’idée de demander des comptes aux anciens dignitaires, voire à l’idée de les sanctionner pour leurs comportements passés.
En effet, selon l’enquête, ils sont favorables à l’expropriation des biens mal acquis des anciens dignitaires (86%) et à ce que soient déclarés inéligibles pour les prochaines élections ceux qui ont soutenu le projet de modification de l’article 37 de la Constitution (60%). Enfin, ils rejettent majoritairement la clause d’amnistie accordée aux anciens chefs de l’Etat du Burkina Faso (51%).
Pour environ six Burkinabè sur 10, les partisans de l’ex-majorité qui ont soutenu le projet de modification de l’article 37 de la Constitution ne devraient pas être éligibles aux élections prévues cette année. Cette opinion est surtout partagée par une grande majorité des personnes âgées de18 à 34 ans (67%), des universitaires (81%) et des citadins (73%).
Pour la majorité des Burkinabè (86%), les biens mal acquis des dignitaires du régime précédent doivent faire l’objet d’expropriation au bénéfice de l’État.
NK
L’Afrobaromètre en bref
Afrobaromètre est un réseau de recherche non partisane qui mène des enquêtes d’opinion publique sur la démocratie, la gouvernance, les conditions économiques et les questions connexes dans plus de 30 pays en Afrique. Cinq séries d’enquêtes ont été réalisées entre 1999 et 2013, et les enquêtes de la Série 6 sont actuellement en cours (2014-2015).
Afrobaromètre mène des entretiens face à face dans la langue du répondant, avec des échantillons représentatifs à l’échelle nationale de 1.200 à 2.400 répondants.
L’équipe d’Afrobaromètre au Burkina Faso, dirigée par CGD-IGD, a interviewé 1.200 adultes Burkinabè en avril-mai 2015.
Un échantillon de cette taille donne des résultats avec une marge d’erreur de +/- 3% à un niveau de confiance de 95%. Les enquêtes précédentes ont été menées au Burkina Faso en 2008, 2012 et 2015.
SN SOSUCO : Les effets de la mévente sont là
Les travailleurs de la SN SOSUCO ont tenu une assemblée générale le 10 octobre 2015 au siège de la CGT-B Banfora autour des difficultés rencontrées par leur société pour honorer les salaires du mois de septembre 2015. Ils sont inquiets pour ceux des mois prochains et interpellent la direction générale sur la question de la mévente.
Jusqu’à la date du 1er septembre 2015, la Nationale du sucre avait toujours plus de 20.000 tonnes de sucre dans des magasins à Banfora et à Bobo-Dioulasso. Mais si cette mévente qui a commencé depuis mars 2015 n’avait jusque-là pas compromis le paiement des salaires, cela n’est plus le cas.
Selon Eric Sanou, SG du Syndicat des travailleurs de la canne à sucre (SYNCAS), un syndicat affilié à l’Union syndicale des travailleurs du Burkina (USTB), les délégués du personnel ont entre-temps été convoqués par la direction générale le 29 septembre 2015 qui leur a signifié qu’elle n’avait pas d’espoir pour les salaires de septembre 2015. Le 2 octobre 2015 toujours selon lui, des ventes promotionnelles avaient permis de trouver une solution pour les salaires. «Mais nous devrions comprendre que les mêmes difficultés se présenteront les mois à venir si rien n’est fait».
C’est pourquoi, poursuit-il, «nous avons décidé de rendre compte aux travailleurs».
La réaction des travailleurs à cette annonce était sans équivoque : «Notre mission est de nous donner à fond au travail pour produire suffisamment de sucre. Pour la vente, il appartient à la direction générale de trouver la solution», disent les ouvriers qui pensent avoir rempli leur part de contrat puisque pour la campagne sucrière 2014-2015, ce sont 33.000 tonnes de sucre qui ont été produites. Pour eux, s’il y a des faiblesses au niveau du service de vente, il faut vite les corriger.
Autrement, soutiennent-ils, il faut restructurer les différents départements de l’entreprise. Les extrémistes sont allés jusqu’à évoquer des recours à de nouvelles compétences pour appuyer ce service de vente. En clair et selon les travailleurs, la responsabilité de la mévente incombe à la direction générale et à la structure mère dont dépend la SN SOSUCO, à savoir IPS. D’autres voix se sont élevées au cours de l’AG pour dire que la SN SOSUCO aurait pu profiter du jeûne musulman qui est une période de grande consommation pour écouler sa production. Pour cela, il lui aurait fallu proposer des prix préférentiels à même d’attirer les commerçants qui jusque-là ne trouvent leur compte que dans le sucre importé.
SAL