La transition aura été tout sauf un long fleuve tranquille. De la contestation de la nomination de certains membres du gouvernement aux assauts répétés de l’ex- RSP, l’équipe de Kafando aura tout vu. Ce mandat d’un an parait bien long pour certains, tant leurs nerfs ont été mis à rude épreuve, surtout avec le coup d’Etat manqué. Du coup, ce gouvernement tant critiqué à tort ou à raison est ressorti ragaillardi de cette crise. Désormais plus sûr de lui et débarrassé de la menace RSP, l’exécutif doit se déconcentrer sur son objectif premier: les élections.
Maintenant que le jeu est plus ou moins clair, que l’on sait qui est qui et qui a voulu faire quoi, le peuple doit rapidement se doter d’institutions pérennes. Le tout est d’éviter une nouvelle secousse, d’où qu’elle vienne. Parce que personne ne peut garantir une aussi belle résistance que celle consécutive au coup d’Etat. C’est pour cette raison qu’il faut que l’exécutif actuel évite de surfer sur cette vague de soutiens tous azimuts à la transition pour gagner quelques mois encore, comme le soupçonnent certains observateurs. La question est de savoir dans quel intérêt ?
Plus le temps passe, plus les choses vont se compliquer au plan judiciaire et économique notamment. Personne n’y gagne d’ailleurs. D’abord les politiques, parce que les déballages du coup d’Etat et des autres affaires du régime Compaoré ne vont pas manquer d’éclabousser certains aspirants au pouvoir démocratique de l’après-transition. Ensuite, l’économie est assez mal en point pour supporter encore les hésitations et l’attentisme des investisseurs. Plus de 50 milliards perdus en dix jours de crise. Et la transition n’a pas encore soldé la facture des casses issues de l’insurrection. Il ne faudra pas en rajouter au risque de livrer un pays à genoux aux prochains dirigeants. C’est pour cela que des élections dans des délais raisonnables seraient très urgentes.
Abdoulaye Tao
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