Les économistes sont unanimes à dire que le putsch du 16 septembre dernier a eu des répercussions négatives sur l’économie du pays à tous les niveaux d’activités. Cependant, les secteurs les plus affectés sont les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration et le secteur informel.
Certes, le putsch n’a pas engendré de pillage ni de casse dans le secteur hôtelier, mais l’arrêt des activités a impacté le domaine qui se remet tout doucement. Les clients ont soit annulé, soit déserté le pays. Cependant, avec les élections, ce secteur pourrait rapidement se rattraper et faire des profits.
C’est tout le contraire du côté du secteur informel et des ménages. Ils paient le lourd tribut des crises. N’étant pas assez structuré et n’ayant pas l’accompagnement des banques et de partenaires financiers, le secteur informel a du mal à se remettre en selle, explique le coordonnateur de Free Afrik.
Les ménages les plus pauvres ressentiront l’impact durablement parce que pour la majeure partie, le cycle économique est journalier. Pour une perturbation de quelques semaines, les personnes dans le domaine pourraient mettre des mois à rattraper le retard, comme le signifie Docteur Ra-Sablga Ouédraogo selon qui «cette perturbation de l’activité va affecter énormément les ménages les plus fragiles. Ce sont les plus pauvres qui vont être dans cette fragilité durablement. Il suffit d’une perturbation d’une semaine pour qu’ils mettent plusieurs mois pour retrouver leur équilibre précaire d’avant crise».
En une semaine, de nombreuses personnes dans le secteur informel reprennent le travail avec difficulté. C’est le cas de nombreux couturiers. Le putsch ayant coïncidé avec la fête de Tabaski, beaucoup d’entre eux n’ont pas pu avoir les recettes escomptées pour combler les périodes difficiles.
Les habits sont restés dans les ateliers et ne sont pas prêts d’en sortir. Ainsi, pour Albert Camara, couturiers, «les femmes ne sont pas venues chercher les tenues qu’elles ont cousues pour la fête, non seulement parce qu’elles n’avaient pas d’argent à cause de la crise, mais aussi parce que le cœur n’y était plus. Certains couturiers n’ont même pas eu le temps de finir les tenues car les ateliers sont restés fermés à cause du couvre-feu. Pour ceux qui travaillaient malgré tout, ils étaient confrontés au manque de matériel pour continuer la confection. Résultat, nous nous retrouvons avec les tenues et il nous sera difficile de les emmener à les récupérer, car lorsque l’occasion pour laquelle elles se font confectionner des tenues n’existe plus, les femmes ne sont plus intéressées. Elles viendront les récupérer à leur rythme. Pourtant, nous avons besoins d’argent pour notre survie».
Petit à petit, les affaires reprennent leur cours, pas au rythme espéré par le secteur informel, mais l’espoir renaît et les populations espèrent ne plus avoir à être confrontées à une autre crise qui cette fois-ci pourrait être catastrophique pour certains.
Germaine BIRBA
Une rentrée scolaire en crise
C’est dans une période assez trouble que se passera la rentrée scolaire cette année. L’angoisse est grande chez certains parents dans le secteur informel qui, en plus de trouver le nécessaire pour le repas quotidien, doivent également penser à la scolarisation des enfants.
Ce n’est pas la ferveur habituelle pour l’achat des fournitures scolaires. Les parents n’ont d’argent ni pour les fournitures, ni pour les inscriptions. Le gouvernement, à cause de la crise, a reporté la rentrée au 8 octobre, ce qui laisse encore de l’espoir à certains parents de trouver de l’argent pour répondre à cet engagement.