Dossier

Général Gilbert Diendéré : De la lumière à l’ombre

Le Général Gilbert Diendéré, connu pour son mutisme, aura battu le record des interviews et déclarations en 10 jours. En dix jours, il aura plus parlé qu’il ne l’a fait en 30 ans. Voici quelques-unes de ses déclarations.

16 septembre 2015 : les hommes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) font irruption en plein Conseil des ministres, arrêtant le président du Faso, Michel Kafando, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, et les ministres.
17 septembre 2015 : le coup d’Etat est consommé et le Général putschiste déclare : «Nous sommes passés à l’acte en raison des mesures d’exclusion prises par les autorités de transition et pour empêcher la déstabilisation du pays». Et d’ajouter : «J’ai le reste de l’armée avec moi».
22 septembre 2015 : l’armée loyaliste encercle la capitale, mais le Général Gilbert Diendéré persiste : «Je suis toujours le président du CND. Nous nous défendrons éventuellement», prévient-il. «Nous avons compris que c’était un mouvement organisé par un certain nombre de chefs de corps qui sont des promotionnaires d’école. Ce n’est pas un mouvement général au sein de l’armée, mais un mouvement organisé par des chefs de corps qui sont de la même promotion. Et puisque nous avons aussi un de chez nous qui est de la même promotion, nous les avons mis en contact afin de pouvoir discuter et faire des propositions concrètes au commandement militaire. Non, nous n’avons pas envie de nous battre. Nous nous défendrons éventuellement, mais nous n’avons pas envie de verser du sang pour rester dans un pouvoir quelconque. Il ne sert à rien de verser du sang, il ne sert à rien de faire des massacres pour un pays que l’on veut servir. Nous voulons surtout discuter, nous voulons trouver avec eux un terrain d’entente de la manière la plus pacifique possible, pour éviter de créer des problèmes à notre pays».
Les conclusions du sommet extraordinaire de la Cedeao qui se tient à Abuja au Nigeria sont attendus par le Général qu’on soupçonne de vouloir gagner du temps, mais il répond : «Je ne pense pas que je veux gagner du temps. Je pense que je suis dans le temps qui m’est imparti. Lorsque nous avons discuté avec la Cedeao, nous avons tout simplement estimé qu’il fallait attendre les résultats du sommet extraordinaire qui a lieu en ce moment même à Abuja. Nous étions donc dans cette logique. C’est eux (les autres militaires, NDLR) qui n’ont pas suivi le cours des négociations. C’est eux qui n’ont pas attendu que ces négociations-là se passent à Abuja pour faire leur mouvement. Sinon nous, nous sommes dans les délais, nous sommes dans le temps. Nous ne cherchons pas à gagner du temps».
23 septembre 2015 : le Général déclare : «Le plus grand tort a été d’avoir fait ce putsch. Aujourd’hui, quand on parle de démocratie, on ne peut pas se permettre de faire des actions de ce genre. Nous avons su que le peuple n’était pas favorable. C’est pour ça que nous avons tout simplement abandonné. Le putsch est terminé, on n’en parle plus. Je n’ai pas peur d’affronter la justice. Je prends toutes mes responsabilités, j’assume pleinement ma responsabilité, je répondrai aux questions qu’on me posera, je ne vais pas nier qu’il y a eu des morts. Il faut aller vers la recherche de la paix et de la stabilité et je pense que nous allons y aller. C’est du temps perdu, je le reconnais, des moyens perdus, je le reconnais, c’est des vies humaines perdues, je le reconnais».
29 septembre 2015 : la situation est tendue dans le quartier présidentiel de Ouagadougou où l’armée a encerclé la principale caserne du RSP.
Gilbert Diendéré indique que les éléments du RSP qui ont refusé de se rendre tentent de résister à l’armée et précise : «Je ne suis pas le responsable de cette résistance. J’ai eu à les approcher quelquefois pour les comprendre, pour les aider. Bien vrai que je les ai défendus à des moments donnés, mais cela ne veut pas dire que je suis le cerveau de la résistance. Ce matin (ndlr mardi 29 septembre 2015), lorsque les hommes ont pris des positions défensives, je n’y étais pas. Il se trouve qu’ils avaient pris un certain nombre de dispositions, ils sont sortis de la caserne et ont fait un certain nombre d’activités». Et d’appeler à déposer les armes : «Je voudrais d’ailleurs demander aux éléments du RSP de déposer les armes». Trop tard ! L’armée loyaliste pilonne le camp Naba Koom II, camp du Rsp. Diendéré se réfugie à la Nonciature apostolique (ambassade du Vatican au Burkina). Le camp est libéré.
Dans la soirée, le Général trouve refuge chez le Nonce apostolique.
Le 1er octobre : dans l’après-midi, à l’issue de négociations portant sur des garanties pour sa sécurité, le Général Diendéré est livré aux autorités burkinabè, sous le contrôle de la gendarmerie.
JB


Diendéré aux mains de la gendarmerie

Une fois refugié au sein de la Nonciature apostolique par on ne sait quelle acrobatie (puisqu’il nous revient que les portes de la Nonciature étaient hermétiquement fermées), il faut à l’Eglise catholique des garanties que la vie du Général sera sauve. On craignait du côté de la Nonciature des épisodes comme celui du Général Guei en Côte d’Ivoire. Après négociations, et certainement des garanties, le Général putschiste a été livré aux autorités le 1er octobre 2015. Il est desormais entre les mains de la gendarmérie.
A défaut de se rendre, c’est la grâce qu’il peut avoir des Hommes d’Eglise à qui certains reprochent d’avoir accueilli un «terroriste». Mais un Homme d’Eglise nous a rappelé que la Nonciature ne pouvait refuser d’accueillir le putschiste, car Dieu n’aime pas le péché mais ne rejette pas les pêcheurs.

 

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