L’Office national des télécommunications, Onatel, est l’une des entreprises qui paient un lourd tribut de l’éphémère prise de pouvoir par les militaires du Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Certainement mécontents de voir que la résistance de la population s’organisait à travers les réseaux sociaux sur internet, ils ont décidé de saboter les réseaux de l’Onatel.
Selon la direction de l’opérateur téléphonique, c’est le dimanche 20 septembre 2015 qu’une irruption d’éléments armés dans les bâtiments de l’entreprise a été constatée. La salle des réseaux était principalement visée.
Après avoir défoncé les portes d’entrée, abîmé le bâtiment à certains endroits, les vandales ont occasionné des dégâts, qui ont concerné l’ensemble des réseaux (mobile, fixe, internet, appels à l’international).
Le jeudi 1er octobre dernier, le ministre du Développement de l’Economie numérique et des Postes est allé constater l’ampleur des dégâts et encourager les dirigeants de l’entreprise sinistrée (l’Etat y est actionnaire minoritaire).
A propos du bilan des dégâts, Sidi Mohammed Naimi, DG de l’Onatel, a déclaré que l’ensemble des dommages s’élevait à «des dizaines de millions de F CFA. Une carte qui a été tout simplement détruite coûte entre 20 et 30 millions FCFA».
Il a ajouté qu’à ce jour, l’essentiel des services endommagés a été rétabli. Leur fonctionnement est à ce jour pratiquement revenu à la normale.
KG
Le point des dégâts
C’est Marius Kafando, directeur des réseaux de l’Onatel, qui a fait la présentation des dégâts devant la presse le 1er octobre dernier. Voici son bilan :
Au niveau du bâtiment
Portes d’entrée défoncées (salle d’énergie, salle d’internet, les salles radios, salle de commutation, centre de commutation internationale)
Destruction des systèmes d’accès et de vidéo surveillance.
Au niveau de l’énergie
«L’énergie est la base des télécommunications. C’est notre support. Sans énergie, on ne peut rien faire. Dans toutes les salles, dans pratiquement tous les équipements, il y a eu une disjonction. Les redresseurs, les onduleurs, les armoires de distribution et la climatisation ont été tous arrêtés. Il y a donc eu disjonction de l’alimentation des équipements individuels dans les salles visitées», a déclaré le DG de l’Onatel.
Au niveau de l’internet
«Il y a eu des casses, mais il y a eu surtout la perte d’une carte redondante. Ce qui fait qu’aujourd’hui nous marchons sur un seul pied. Il va falloir rapidement combler ce vide, qui constitue une interface 10 giga bits internet», fait remarquer le responsable de l’Onatel.
Au niveau du réseau mobile
«Vous avez pu constater que le 20 septembre, à partir de 11h 30 jusqu’au soir, tout le réseau était pratiquement coupé.
Les plateformes de service comme Musiki et autres étaient inaccessibles.
Le MSC, un central qui relie des services a été coupé. Une partie du réseau et une partie du pays étaient complètement isolées».
Les villes qui ont été touchées sont Koudougou, Ouahigouya, Koupèla, Fada, Kaya et Tenkodogo. Toutes ces villes ont leurs équipements centraux à Ouagadougou et ces équipements ont été touchés. Les différents temps d’indisponibilité ont été de 11h 30 jusqu’à 18h, voire jusqu’au lendemain 21 et au-delà (le 23 septembre). Des équipements sont restés en indisponibilité. «Mais nous avons pu rétablir la majorité le dimanche 20 et le lundi 21 septembre».
Au niveau du fixe
L’international. Le 20 septembre, on n’avait plus accès à l’international à cause de l’arrêt du CTI (Centre de transit international). «Tous les équipements qui étaient également liés à notre plateforme Ouaga I ne pouvaient pas fonctionner».
Il y a eu d’autres dégâts sur les PC, la bureautique, etc.
En termes de perte et manque à gagner, il y a le manque à gagner au niveau commercial, les retards au niveau des projets, etc.