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Fête du mouton, sans mouton

C’est sans salaire, sans provision et dans un contexte de crise sociopolitique que les musulmans du Burkina Faso ont célébré l’Aïd el Kebir ou la fête de Tabaski. Comme il fallait s’y attendre, les affaires n’ont pas bien marché cette année. Les boutiques, marchés et magasins sont restés fermés tout le temps qu’a duré la crise. Toute chose qui n’a pas permis aux commerçants et aux ménages de mieux préparer la fête.

«Cette année est l’une des pires pour nous les commerçants. Avec la situation politique, l’argent ne circule même plus. Nous espérions rentabiliser sur les grands évènements comme la Tabaski et les fêtes de fin d’année. Mais hélas, ça ne sera pas pour cette fois-ci. Nous n’avons même pas eu le temps de faire nos achats pour les revendre. Nous n’avons donc que des vieux stocks qui n’intéressent même pas ceux qui ont décidé malgré tout de faire la fête», expliquent-ils.
Face à la situation sociopolitique que traverse le pays depuis le 16 septembre dernier, les activités étaient depuis au ralenti. Les transporteurs subissant le blocus, les commerçants n’ont pas pu s’approvisionner pour la fête. Ceux qui avaient déjà effectué des commandes ont vu leurs marchandises bloquées à la frontière. Conséquences, cette fête s’est déroulée dans une ambiance particulière. La fête du mouton s’est faite presque sans mouton dans certaines familles. Les troupeaux n’ont pas pu être convoyés jusque dans les provinces et grandes villes du pays. Ce qui a eu pour conséquence de flamber légèrement les prix. Cette année, ils ont varié entre 50.000 FCFA et 250.000 FCFA. Cependant, les commerçants ont dû revoir leurs ambitions à la baisse à l’approche de la fête, car les populations étaient sans ressource financière, vu que les établissements bancaires sont restés fermés également. Il était donc difficile de pouvoir avoir de l’espèce.
La vente de moutons ne connaissant pas l’engouement escompté, les prix ont donc chuté la veille de la Tabaski. Certains commerçants ont dû faire du porte-à-porte avec leurs animaux pour espérer trouver preneur. Quant aux femmes dans les marchés, elles ont également eu du mal à s’approvisionner pour la fête. Elles ont dû faire avec les vieux stocks de condiments qu’elles avaient. «A cause de la crise, nous n’avons pas voulu prendre le risque de voyager pour acheter les légumes et autres condiments pour les besoins de la fête. Ceux qui nous livraient ne sont pas venus également. Nous avons donc vendu les restes de nos stocks. La demande était forte et les femmes se plaignaient de la cherté des marchandises, mais ce n’est pas notre faute. Nous avons fait ce que nous pouvions pour satisfaire la demande. Mais j’avoue que cette année, nous n’avons pas eu la moitié de ce que nous gagnons normalement en cette période », affirme Safiata Koné, une commerçante. Même son de cloche chez les vendeurs de vêtements et de chaussures. Les commerçants n’avaient pas de nouveautés cette année et les populations n’avaient pas non plus d’argent. En somme, le bilan de la fête sur l’aspect économique était assez mitigé. Mais la fête fut néanmoins belle, car la population était soulagée de retrouver la paix sociale.

Germaine BIRBA


Un impact sur les exportations

La crise au Burkina Faso ces derniers jours a eu des répercussions sur les pays voisins. Le Burkina Faso exporte son cheptel vers les pays voisins chaque année ; et encore plus pendant les périodes de fête. Cette année, la Côte d’Ivoire, le Ghana et bien d’autres ont été privés de moutons.
Les camions de transport, le train et les autres moyens de transport convoyant d’habitude les animaux n’ont pas pu arriver à bon port à temps, car retenus à la frontière parce que les services de douanes étaient fermés. C’était donc un coup dur en plus pour les exportateurs qui non seulement n’ont pas pu vendre leurs marchandises dans le pays, mais n’ont pas pu également les exporter dans les délais vers les autres pays.

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