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Rentrée scolaire: entre galère et colère !

Le coup d’Etat perpétré le 16 septembre dernier aura tout bouleversé. L’école ne reprendra pas même si certains établissements avaient déjà effectué leur rentrée administrative la veille du coup. D’autres attendaient leurs élèves le 18 septembre, c’est-à-dire au lendemain du putsch. Ailleurs, comme dans certaines provinces, les élèves des classes d’examens (3e et terminale) avaient été déjà appelés à la tâche. Ils ont répondu à l’appel, mais point de professeurs.

C’est comme s’il n’y avait pas classe. Ces derniers sont, à l’image des autres travailleurs, en grève illimitée pour cause de putsch. Les parents sont inquiets, les éducateurs et responsables d’établissements aussi. Déjà que les difficultés liées à cette rentrée post-insurrection et en pleine transition étaient manifestes, cette situation vient compliquer la donne.
En effet, cette année, il y a beaucoup de parents d’élèves qui tirent le diable par la queue et ne savent pas comment honorer la scolarité de leurs enfants. On le sait, depuis octobre 2014, et même quelques mois avant, l’économie est au ralenti. Rien ne marche. L’argent ne circule pas ! Les affaires ne prospèrent pas.
Pourtant, il faut assurer ces frais obligatoires : scolarités, fournitures, etc. Alors que des parents faisaient des calculs pour voir comment résoudre cette équation, il s’est trouvé des établissements qui n’acceptent plus le paiement à tempérament. Quel que soit le nombre d’enfants à inscrire dans le même établissement, le parent est invité à s’acquitter entièrement et totalement des frais dès l’inscription ou la réinscription.
Les visages des parents sont froissés. Mais que peuvent-ils ? Il faut s’acquitter au risque de voir son enfant bloqué à la maison. C’est le diktat de certains établissements ! Ce n’est pas tout ! Sans informer au préalable les parents, certains établissements ont procédé à l’augmentation des frais scolaires. Les parents s’en rendront compte quand ils voudront s’acquitter de leurs obligations.
Cependant, là où les frais ont augmenté, il y a la possibilité de payer par tranches. Malgré tout, la misère est là. Qu’est-ce qui peut justifier de telles augmentations ? Dans notre démarche pour mieux comprendre, il nous revient que des enseignants grondent et menacent de boycotter les cours si leurs établissements ne revoient pas leur salaire à la hausse.
Pour ne pas prendre le risque de compromettre leur année scolaire, les responsables de certains établissements accèdent simplement en augmentant le salaire entre 5 et 10%. Mais, c’est l’élève, ou si vous voulez, c’est le parent qui doit casquer. Voilà pourquoi les frais de scolarité sont majorés. S’il est vrai que certains enseignants en demandent trop, il est tout aussi vrai qu’il y en a qui sont exploités par certains promoteurs qui ne voient que leurs gains. Une vraie activité lucrative ! Que faire dans de telles situations? C’est ici que le rôle des Associations des parents d’élèves (APE) doit être manifeste.
Au lieu que certaines APE se mettent du côté des élèves, il s’en trouve qui préfèrent rouler pour l’administration. Pour quel gain? Elles seules le savent. En attendant, ce n’est pas la joie chez les parents d’élèves partagés entre la galère et la colère, si ce ne sont pas les deux à la fois.

Alexandre Le Grand ROUAMBA


 

 

Angoisse… Certains acteurs de l’éducation nationale ont accepté de nous confier leurs appréciations
Léonard Nombré (Surveillant dans un établissement privé): Nous avons effectué notre rentré depuis le 15 septembre 2015. Avec la situation, nous avons dû interrompre en espérant que les choses évoluent positivement. A quand la reprise ? Dieu seul le sait. On a simplement demandé au corps professoral et aux élèves de rester à l’écoute. Avec cette nouvelle donne, notre inquiétude est que cela va jouer sur le cours normal des choses au plan du calendrier scolaire. On ne peut que s’en remettre à la compétence des enseignants pour espérer rattraper certaines choses.
Pour ce qui concerne l’information ayant trait à l’augmentation des frais, je la confirme. La somme de 5.000 FCFA a été ajoutée avec l’explication que c’est pour augmenter nos misérables conditions de vie d’enseignants et du reste du personnel. On attend de voir ce dont nous allons bénéficier, car nous n’avons aucun chiffre qui nous a été communiqué pour l’instant. Les 5.000 FCFA seront-ils entièrement reversés dans la caisse pour l’augmentation de nos salaires ? Rien n’est moins sûr !
Chez nous, le parent a la possibilité de payer à tempérament. Mais c’est de nom, car la première tranche engloutit presque tout, puisqu’il ne restera plus qu’à peu près 19.500 F CFA à payer pour la seconde et dernière tranche. Supposons qu’un parent ait au moins deux élèves… C’est dur ! Ça ne soulage pas ! Moi-même j’ai deux enfants à scolariser. Mon salaire ne me permet pas de prendre un crédit pour honorer ces charges. Je fais comment ?

Flavien Soma (Etudiant à l’université de Ouagadougou): Notre rentrée académique est prévue pour début octobre. On espère que tout va s’arranger d’ici là. En termes de difficultés, il n’y en a pas trop pour l’heure en dehors des coups de feu que l’on entend. Nos frais d’inscription de 15.000FCFA n’ont pas évolué. Par contre, les bourses sont passées de 150.000F CFA à 175.000F CFA. Je dis donc qu’à part la situation politique, il n’y a pas de problème.


 

IsaacIsaac Ouédraogo (parent d’élèves): Mon enfant est au CM1.

Les difficultés actuelles d’un parent d’élèves sont liées à l’acquisition des fournitures et au paiement des frais de scolarité. A cela s’ajoute la journée continue. Cette dernière crée un gros problème parce qu’il faut abonner l’enfant à la cantine, pour les écoles qui proposent des cantines; et cela coûte 20.000 FCFA par mois sans un menu communiqué. Si on doit payer plus de 100.000FCFA par enfant et payer la cantine à 20.000 F CFA par mois, j’avoue que ce n’est pas chose aisée. Avec la situation politique actuelle, je me mets à la place de celui qui n’avait pas tout préparé et qui voulait attendre la fin du mois pour honorer toutes ces charges. Les banques sont fermées, l’économie est au ralenti… J’imagine leur peine.

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