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Situation au Burkina : La longue nuit des médiateurs

A l’annonce de la séquestration par le Régiment de sécurité présidentielle (RSP) du président de la Transition, Michel Kafando, du Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, et des membres du gouvernement en milieu de journée du 16 septembre dernier, et ce à l’issue de l’hebdomadaire Conseil des ministres, la surprise se mêlait à la consternation pour les uns et la satisfaction pour les autres. Le porte-parole de l’ex-parti majoritaire, Léonce Koné, déclarait sur RFI, juste après, qu’il ne «condamnait pas la situation».
Pendant ce temps, le Cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou, est recherché pour faire partir d’un groupe de médiation. Il est inaccessible parce qu’en voyage aux Etats Unis. Mgr Paul Ouédraogo, archevêque de Bobo-Dioulasso et président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger, est sollicité. Il est sur la route de Bobo-Dioulasso, à 16h. Il rejoint l’état-major à la Base aérienne vers 22h pour ne retourner à sa résidence qu’à 3h du matin, le 17 septembre 2015.
Les organisations de la société civile lancent la mobilisation à la place de la Révolution. Pendant ce temps, les députés du Conseil national de la transition (CNT) sont convoqués au niveau de l’échangeur de Ouaga 2000, route du palais de Kosyam. Parmi eux, certains ont préféré rentrer chez pour changer de vêtements avant de ressortir. La tension monte. Le président du CNT, Cheriff Sy, convoque la presse pour une déclaration. L’attente est longue. Finalement, c’est un de ses conseillers qui va lire une déclaration non signée et prêtée à Cheriff Sy.
Dans ladite déclaration, il est affirmé que «le pays est en danger». Le monde grossit à la place de la Révolution. Quelque temps après s’être rassemblée, la foule se dirige vers Ouaga 2000 dans l’optique d’exiger la libération des «otages». Cette foule constituée d’automobilistes, de cyclistes et de piétons est à quelques encablures de Kosyam, précisément au rond-point de la Patte d’Oie. Elle n’ira pas plus loin car des tirs se font entendre. Une course-poursuite est engagée entre certains manifestants et quelques éléments du RSP. Certains trouvent refuge à la télévision BF1 qui est à quelques mètres du palais de Kosyam.
La nuit tombe sur la ville, le ciel s’assombrit de gros nuages. La pluie se mêle à la danse. La nuit est agitée. Personne ne sait ce qu’il adviendra. La Communauté internationale condamne et menace. Le jour se lève. Et un communiqué tombe sur le coup de 7h19 à la télévision nationale: le président de la transition est démis de ses fonctions, le  gouvernement et le CNT sont dissous.
Tout cela par un nouvel organe : le Conseil national pour la démocratie (CND). Le communiqué est lu par un militaire qui n’est pas très bien connu et qui n’arbore pas la tenue du RSP, mais celle de l’armée régulière. Jusque-là, on ne sait pas qui dirige le CND. La lumière sera faite quelques heures plus tard : le Général de Brigade Gilbert Diendéré est désigné pour diriger le CND. Puis, à travers un autre communiqué, ce dernier ferme les frontières terrestres et aériennes et instaure un couvre-feu de 19h à 6h du matin. Les secrétaires généraux des ministères assurent les affaires courantes.
Ça bouge un peu partout dans les provinces. Personne ne peut prévoir l’issue de cette affaire. Sur les réseaux sociaux, on apprend que Kafando et Zida ont refusé de signer leur démission. Vendredi après-midi, il était question de leur libération par le chef du CND.

JBDU

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