TOUT commence le mercredi 16 septembre 2015 quand les ministres sesont rencontrés pour tenir l’hebdomadaire Conseil des ministres au palais de Kosyam. En plein conseil, des éléments du RSP font irruption dans la salle du conseil vers 14h 30, désarment les gardes du corps, confisquent les téléphones portables des ministres et mettent aux arrêts le président de la Transition, Michel Kafando, le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, le ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Augustin Loada, et le ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, René Bagoro. Les autres ministres sont libérés par la suite. Peu après 15h, les informations commencent à alimenter les réseaux sociaux. Quelques instants plus tard, une déclaration du désormais «ex-CNT» confirme ce qui était jusque-là une rumeur. Les jeunes, sous l’égide des organisations de la société civile, se rassemblent pour descendre à Kosyam dans le but de libérer «les otages», à partir de la place de la Nation. 16h30. Un groupe de jeunes rassemblés devant la télévision BF1 tente «l’impossible». Ils commencent par barrer la voie reliant Kosyam avec des bois, des briques et des cailloux. Objectif, empêcher les éléments du RSP qui tentent de rallier la présidence et leur base du camp Naaba koom. Quelques minutes après l’érection des barricades, un véhicule banalisé du RSP avec quatre hommes à bord arrive sur les lieux. Quelques secondes d’échanges et le climat se détériore. Ils avancent un peu, puis s’arrêtent. Ils descendent, menacent avec les armes et commencent à «mâter» les manifestants à coups de ceinturons et de cordelettes. Le chef de file des jeunes qui ont barricadé la voie de Kosyam est tabassé systématiquement. Un autre est flagellé et mis aux arrêts. Peu après 17h, les éléments du RSP reviennent en force à véhicules et à motos, pourchassent badauds et manifestants et tirent en l’air. Quand nous quittions les lieux, obligés de battre en retraite à cause des tirs, nous croisions les sapeurs- pompiers qui se dirigeaient vers Kosyam. Seule certitude, le premier manifestant qui a été sérieusement tabassé est blessé. Un journaliste du site en ligne Burkina24 a été blessé, tabassé par les militaires. Des éléments que nous avons interceptés et qui avançaient vers Kosyam nous répondent: «Vous allez tout savoir dans quelques heures». En ce moment précis, personne ne savait exactement les motivations réelles des éléments du RSP et ce qui se passait au sein du palais. Les manifestants se retournent donc vers la place de la Nation avec pour ordre de converger vers le palais. Les militaires décident de poursuivre la «répression psychologique». Les tirs s’étendent dans toute la ville. Dans la nuit, aux alentours de 20h30, ils interceptent des manifestants au niveau de la ZAD. Ils ouvrent systématiquement le feu et engagent des courses-poursuites jusque dans le quartier Karpala. On compte quelques blessés dont un manifestant (tombé dans un caniveau) dans une situation critique. Nos constats font état de blessures dues à des chutes dans la course et des coups de ceinturons. Sans annoncer un couvre-feu, les manifestants sont systématiquement mâtés. Plusieurs médias, radio et télé, sont momentanément coupés. Des motos de journalistes, notamment de la radio Oméga, ont été incendiées. Jeudi 17 sept. Dans la matinée, les choses se précisent. Le coup d’Etat se confirme. Une proclamation est lue par le médecin colonel Mamadou Bamba au nom du Conseil national de la démocratie (CND). Les manifestants sont dispersés partout dans la ville à coups de tirs en l’air et de ceinturons. Les médias chauds reprennent peu à peu leurs émissions. Le coup d’Etat a désormais un visage : Gilbert Diendéré. Ce n’est pas une surprise pour certains d’observateurs.
OS
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